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Je renonce à ce système:

Dieux, n'en soyez point jaloux;
Dans les bras de ce que j'aime
Suis-je moins heureux que vous?"
D'un bonheur imaginaire
Je ne repais point mon cœur,
Lorsque le présent peut faire
Mon unique et vrai bonheur:
Voilà quel est mon systême.
Dieux, devenez-en jaloux';
Dans les bras de ce que j'aime
Je suis plus heureux que vous

Le duc D'ORLÉANS, régent.

LA LEÇON D'AMOUR.

ARRÊTEZ, jeune bergère;
Je suis un amant sincère.
Un amant vous fait-il peur?

Je n'ai qu'un mot à vous dire,
Et tout ce que je desire

C'est de vous tirer d'erreur.

Le Tems vous poursuit sans cesse;
L'éclat de votre jeunesse

Sera bientôt effacé.

Le Tems détruit toutes choses, Et l'on ne voit plus de roses Quand le priniems est passé. Tome VIII.

I I

Les plus sombres nuits finissent,
Leurs ombres s'évanouissent,
Et rendent bientôt le jour:
Mais quand l'aimable jeunesse
A fait place à la vieillesse,
Elle ignore le retour.

L'éclat des fleurs naturelles
Fait l'ornement de nos belles:
On prise leur nouveauté;
Mais au bout d'une journée
Cette heureuse destinée
S'enfuit avec leur beauté.

Vos attraits, belle Sylvie,
Ne mettront point votre vie
Hors des atteintes du sort;
Il vous promène sans cesse
Du bel âge à la vieillesse,
De la vieillesse à la mort.

Ainsi soyez moins volage;
Et puisqu'avec le bel âge
Le plaisir passe et s'enfuit,
Quittez votre indifférence:
La nuit à grands pas s'avance;
Profitez du jour qui luit.

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Le plaisir et le bonheur;

Et dans le déclin de l'âge

Un dehors fier et sauvage

Lui rend la gloire et l'honneur.

Par cette leçon fidelle

Tircis pressait une belle
D'avoir pitié de son mal:
Son discours la rendit sage;
Mais elle n'en fit usage
Qu'au profit de son rival.

Attribué à J.-B. ROUSSEAU.

L'AMANT DISCRET.

L'AMANT frivole et volage
Chante partout ses plaisirs:
Le berger discret et sage
Cache jusqu'à ses desirs.

Telle est mon ardeur extrême:

Mon cœur soumis à ta loi

Te dit sans cesse qu'il aime,
Pour ne le dire qu'à toi.

Sur une écorce légère,
Amans, tracez votre ardeur:
Le beau nom de ma bergère
N'est gravé que dans mon cœur.

Je n'ose occuper ma lyre

A chanter un nom si doux;
Echo pourrait le redire,

Et j'aurais trop de jaloux.

Corinne à feindre m'engage,
Pour mieux tromper les témoins:
Ce qui lui plaît davantage
Semble lui plaire le moins.
L'herbe où son troupeau va paître
Voit le mien s'en écarter;
Et je semble méconnaître
Son chien qui vient me flatter.

Vous qu'un fol amour inspire,
Connaissez mieux le plaisir :
Vous n'aimez que pour le dire;
Nous n'aimons que pour jouir.
Corinne, que ce mystère
Dure autant que nos amours:
L'amant heureux doit se taire;
Fais-moi donc taire toujours.

Attribué à BERNARD.

A ÉLÉONORE.

LE connais-tu, ma chère Eléonore,
Ce tendre enfant qui te suit en tout lieu;
Ce faite enfant qui le serait encore
Si tes regards n'en avaient fait un dieu?

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C'est par ta voix qu'il étend son empire;
Je ne le sens qu'en voyant tes appas:
Il est dans l'air que ta bouche respire,
Et sous les fleurs qui naissent sous tes pas.

Qui te connaît connaîtra la tendresse;
Qui voit tes yeux en boira le poison:
Tu donnerais des sens à la Sagesse,
Et des desirs à la froide Raison.

BERNIS.

QUATORZE ANS.

A quatorze ans qu'on est novice!
Je me sens bien quelques desirs;
Mais le moyen qu'on m'éclaircisse!
Une fleur fait tous mes plaisirs:
La jouissance d'une rose

Peut rendre heureux tous mes momens.

Eh! comment aimer autre chose

A quatorze ans, à quatorze ans?

Je mets plus d'art à ma coiffure;
Je ne sais quoi vient m'inspirer:
N'est-ce donc que pour la figure
Qu'on aime tant à se parer?

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