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même les densités de chacune, ce qui paroît d'abord bien extraordinaire et bien loin de notre portée; mais voici une idée de la méthode.

La lune qui tourne autour de la terre, et le premier des satellites, qui tourne autour de Jupiter, sont à-peu-près à la même distance; s'ils tournoient avec la même vitesse, il faudroit la même force pour les retenir; et l'on en concluroit que Jupiter a autant de force, autant de masse, autant de matière que la terre. Mais le satellite tourne seize fois plus vite; et comme la vitesse produit encore seize fois plus de force pour s'échapper, l'expérience prouve qu'un corps qui va quatre fois plus vite a seize fois plus de force et produit seize fois plus d'effet; c'est le carré de la vitesse ou 4 fois 4 qui mesure la force. Or 16 fois 16 font 256; ainsi Jupiter est nécessairement deux cent cinquante-six fois plus puissant, plus massif que la terre; mais il est mille fois plus gros; ainsi sa force ne suit pas sa grosseur. Cela ne peut venir que de ce qu'il est d'une substance quatre fois plus légère et moins dense que celle de la terre, comme la pierre est quatre fois plus légère que le cuivre. Le soleil et Jupiter n'ont

que la densité de la pierre, le globe de la terre est une densité qui tient le milieu entre le marbre et le fer; et Saturne n'a que la densité du sapin.

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Manière de mesurer la distance des planètes
à la terre.

Ce qui cause universellement le plus d'admiration avant qu'on ait appris l'astronomie, c'est la connoissance de la véritable distance ou de l'éloignement des planètes: on est surpris de nous entendre affirmer que la lune est à quatre-vingt-six mille lieues de nous; mais l'étonnement cessera dès qu'on aura senti les moyens que nous employons pour y parvenir.

Pour connoître l'éloignement d'une planète, il suffit de savoir quelle différence on trouve en la regardant de différents endroits de la terre; car plus un objet est près de nous, plus il paroît changer de position quand on change de place pour le regarder. Quand nous montons, les objets paroissent descendre; quand nous sommes aux Tuileries, les arbres nous

paroissent élevés; si nous allons au haut du bâtiment, ils nous paroissent abaissés, parceque le rayon visuel, par lequel nous les voyons, s'incline ou s'abaisse à mesure que notre œil est plus haut. Cette différence, quand il s'agit des astres, s'appelle parallaxe, c'est-à-dire changement.

Ne craignons point de nous servir du terme de parallaxe, quoiqu'il paroisse trop scientifique: l'usage en sera commode, et ce terme explique un effet qui est bien familier et bien simple. Si l'on est au spectacle derrière une femme dont le chapeau soit trop grand et empêche de voir la scène, on se retire à droite ou à gauche, on s'élève ou l'on s'abaisse; tout cela est une parallaxe, une diversité d'aspect en vertu de laquelle le chapeau paroît répondre à un autre endroit du théâtre que celui où sont les acteurs.

C'est ainsi qu'il y a une éclipse de soleil en Afrique, tandis qu'il n'y en a point à Paris, et que nous voyons parfaitement le soleil, parceque nous sommes assez haut pour que June ne puisse pas nous le cacher.

la

Supposons deux observateurs A et B (fig. 5), qui soient diametralement opposés sur la terre,

c'est-à-dire aux antipodes l'un de l'autre, et qui aient observé la lune L en même temps: à leur retour, s'ils comparent leurs observations, ils trouveront que la lune paroissoit plus élevée de deux degrés pour l'un que pour l'autre, pourvu qu'ils aient tous deux rapporté la lune à la même étoile pour juger de sa si

tuation.

Ainsi d'après les observations, la largeur entière A B de la terre produit deux degrés de différence ou un angle A LB sur la position de la lune, c'est-à-dire que les rayons visuels des deux observateurs sont inclinés l'un à l'autre de deux degrés. Si on veut savoir ce qui en résulte pour l'éloignement de la lune, on n'a qu'à faire sur un carton un angle de deux degrés, c'est-à-dire tirer deux lignes qui fassent entre elles un angle de deux degrés (fig. 1), on verra que l'écartement de ces lignes est par-tout la vingt-neuvième partie de leur longueur ou environ; d'où il suit que les deux rayons visuels qui, des deux extrémités de la terre, vont faire sur la lune un angle de deux degrés sont trente fois plus longs que leur écartement, qui est le diamètre de la terre; donc ce diamètre étant de deux mille neuf

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