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PRÉFACE DE L'ÉDITEUR '.

Je n'ai jamais rencontré une femme d'esprit qui m'ait parlé d'astronomie, sans me dire qu'elle avoit lu les Mondes de Fontenelle, et je vois qu'il a servi à donner un peu de curiosité pour l'astronomie. Puisqu'on a tant lu ce livre, on le lira encore. J'ai donc cru qu'il étoit utile d'en faire remarquer les fautes, d'y ajouter les modifications sans lesquelles il induiroit en erreur relativement aux tourbillons, d'y ajouter les nouvelles découvertes, et de faire connoître ce que tant d'autres ont écrit avant lui sur la pluralité des mondes. Mais je n'ai pas touché au texte; je l'ai considéré comme un ancien que sa réputation rend respectable jusque dans ses erreurs.

L'Astronomie des Dames, que j'ai publiée pour tâcher de la substituer au livre de Fontenelle, seroit plus instructive, mais elle n'est pas si amusante; ainsi on ne la lira guère: je tâcherai d'y suppléer en ajoutant au texte de mon auteur quelques notions plus exactes que les siennes.

' Jérôme de Lalande, membre de l'Institut, ancien directeur de l'Observatoire.

M. Codrika, savant Athénien, a traduit cet ouvrage en grec, et il y a ajouté des éclaircissements tirés de mon Astronomie.

M. Bode a fait la même chose en allemand; et son livre a déja eu trois éditions. La dernière est de 1798, Berlin, in-8°, Bernard de Fontenelle, Dialogen ueber die Mehrheit der Welten.

Lorsque Voltaire publia, en 1738, ses Essais sur les Éléments de Newton, il commençoit par ces mots : « Ce n'est point ici une Marquise, une philosophe imaginaire. » On crut que cela se rapportoit à Fontenelle; il s'en excusa en écrivant: « Je suis si éloigné de l'avoir eu en vue,

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que je déclare ici publiquement, que je regarde << son livre comme un des meilleurs qu'on ait ja« mais faits.» (Mém. de Trublet, page 135.)

Aussi ce livre a été imprimé cent fois : la belle édition des OEuvres de Fontenelle, in-folio, faite à La Haye en 1728, avec des figures de Bernard Picard, le Romain; l'édition, plus belle encore, des Mondes seulement, que Didot jeune a donnée en 1797 (in-folio, chez G. Dufour), sont des chefs-d'œuvre de typographie; mais on n'y trouve que le texte ainsi notre édition me paroît devoir être bien préférable.

les,

On ne trouve pas, dans cette édition, l'article des Abeil, page 285 de la présente édition.

Je commencerai par dire ici quelques mots sur l'auteur de cet ouvrage.

1

Bernard le Bovier de Fontenelle naquit à Rouen le 11 février 1657; il est mort le 9 janvier 1757.

distingua d'abord dans la poésie. A l'âge de treize ans il avoit fait un poëme latin : vers 1683 il s'occupa de philosophie et de littérature. En 1699 il commença l'Histoire de l'Académie des Sciences, qu'il a continuée pendant quarantedeux ans, jusqu'en 1740 inclusivement, avec le plus grand succès. Peu de personnes ont contribué plus que lui au progrès des sciences, en les mettant à la portée de tout le monde, et en inspirant le goût de l'étude et l'amour de la gloire, par la lecture de ses Éloges. Pour moi, je déclare avec plaisir que je lui ai dû le premier germe de l'activité dévorante que j'ai eue depuis l'âge de seize ans; je ne voyois rien dans le monde qui approchât de l'Académie des Sciences; je desirois ardemment le bonheur de la voir, longtemps avant de penser qu'il me fût possible d'en être un jour.

1

En 1727 il donna ses Éléments de la Géomé

Lebeau écrit le Bouyer, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions, d'après les titres de famille, mais on prononce le Bovier. (Mém., p. 19.)

trie de l'infini, qui n'étoient que l'amusement d'un homme d'esprit qui entendoit parler de géométrie, et vouloit aussi hasarder ses idées.

Son éloge est dans l'Histoire de l'Académie des Sciences pour 1757, dans les Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres, et dans un ouvrage exprès, que Trublet publia en 1761, et qui est intitulé: Mémoires pour servir à l'Histoire de la vie et des ouvrages de Fontenelle. On y voit le détail et le mérite de ses ouvrages en plus d'un genre: il y a aussi un article complet, par Trublet, dans l'édition de Moréri faite en 1759.

J'ai remarqué, dans le vingtième livre de mon Astronomie, qu'on a pensé de tout temps, d'après la ressemblance entre les planètes et la terre, que les planétes étoient habitées: la pluralité des mondes se trouvoit déja dans les Orphiques, ces anciennes poésies grecques attribuées à Orphée. (Plut. de placitis philosoph., lib. II, cap. 13.) Proclus nous a conservé des vers dans lesquels on voit que l'auteur des Orphiques mettoit des montagnes, des hommes et des villes dans la lune. Les pythagoriciens, tels que Philolaüs, Hicétas, Héraclide, enseignoient que les astres étoient autant de mondes. Plusieurs anciens philosophes admettoient même une infinité de mondes hors de la portée de nos yeux. Épicure, Lucréce, tous

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