ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

TRIVELIN.

Qu'entens-je! mais il faut que par recon

noiffance,

Je vous faffe à mon tour une autre confidence; i Et que vous connoiffiez par ce trifte entretien,

Le

rapport étonnant de votre fort au mien.

Je fuis né dans Mont-Martre, & tout franc j'en.

enrage,

Je ne me plaifois point du tout dans ce Village;
Mon pere y
fait encore le métier d'hôtellier,
Un jour, j'allois tirer du Vin dans le cellier.....
O malheur! tout à coup les tonneaux s'entr'ou

vrirent,

[ocr errors]

Le Vin coula partout, & les murs fe rougirent;
Ma chandelle foufflée augmenta ma terreur:
A vous dire le vrai, j'avois diablement peur.
Une effraiante voix me parla de la forte:
Eloigne-toi d'ici, gagne au plûtôt la porte,
Ne viens plus du bon Vin foüiller la pureté;
Bacchus eft contre toi juftement irrité....
Cette voix me prédit, le croirés vous Madame?
Que ma mere devoit un jour être ma femme,
Que je tüerois mon pere......

COLOMBINE.

O Ciel que dites vous?

L'ai-je bien entendu? je frifionne....

Oedipe Travefti.

C

[ocr errors]

TRIVELIN.

Tout doux.

Vraiment j'ai bien encore des choses à vous dire .
Laiffés-moi refpirer, & je vais vous inftruire,
Lorfque de cet effroi mes fens furent remis,
Je réfolus dabord de quitter mon pays;

J'abandonnai Mont-Martre, & fans beaucoup de peine,

J'allai deux jours après courrir la pretentaine,
Je déguifai par tout ma naissance & mon nom,
Un jeune plâtrier fut mon feul compagnon:
Nous avions l'un pour l'autre une amitié fincere,
Un jour près de Dijon,(il m'en fouvient ma chere,
Je ne fçai pas comment je l'avois oublié,
L'Oracle de la cave eft trop verifié, )
Trouvant deux cavaliers dans un étroit paffage,
Le vin qui me guidoit feconda mon courage;
J'avois un peu trinqué, la bacchique liqueur,
M'échauffoit la cervelle, & me donnoit du cœur?
Je voulus difputer, comme un homme peu fage,
Des vains honneurs du pas le frivole avantage.
J'étois yvre en un mot, mon camarade aufli,
Je marche donc vers eux, & comme un étourdi
J'arrête des bidets la fougue impetueuse,
Les voyageurs faifis, fous ma main furieuse,
Succombent à l'inftant, & font percés de coups;
Ils tombent à mes pieds. ....

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

SIMON à Colombine.

Hé bien eft-ce aujourd'hui qu'il faut que l'on me pende?

A ce funefte fort, faut-il que je m'attende?
N'avez-vous point encor calmé votre courroux?
COLOMBINE.

Raffurez-vous, Simon, parlez à mon époux,
SIMON & Trivelin.

Quoi donc Pierrot eft mort, & voilà votre
femme !

à Colombine.

Vous n'avez pas été long-tems veuve, Madame!

TRIVELIN,

Simon, venons au fait, je ne dis plus qu'un

mot,

Tu fus le feul témoin du meurtre de Pierrot,

[ocr errors]

Tu fus bleffé, dit-on, en voulant le deffendre ? SIMON.

L'ami, Pierrot eft mort, laiflez en paix fa cendre
Et ceffez d'infulter au rigoureux deftin,

D'un malheureux vieillard bleffé de votre main.
TRIVELIN.

Moi je t'aurois bleffé? quoi c'est toi que ma

rage

Attaqua vers Dijon dans cet étroit paffage ?...
Oui je te reconnois, que je fuis étonné !

SIMON.

Vous avez fait le crime & j'en fus foup

çonné,

De cet affreux forfait, j'ai seul porté l'en

doffe;

On m'a donné pour gîte un cul de Baffe-Foffe

TRIVELIN.

Que je fuis un grand chien!

COLOMBINE.

Ne vousemportez pas¿

Ce n'eft pas votre faute.

TRIVELIN.

Il faut mourir,

COLOMBINE.

Helas!

TRIVELIN.

Vous devez vous vanger de ma fureur ex

trême,

Puniffez-moi, Madame, étranglez-moi vous

[blocks in formation]

וי

Que faites-vous, ô Dieux!

Trivelin épargnez ce fpectacle à mes yeux :
Etes-vous poffedé, quel Démon vous tourmente?
Je ne puis plus refter, ici tout m'épouvante.

[ocr errors]

ils s'en vont.

TRIVELIN feul

Elle fait bien de fuir un monftre tel que moi ? J'affaffine Pierrot, & fans fçavoir pourquoi. Ah! je fuis:un infâme, un gibier de potence"," Et je mérite enfin..... very soon.mul

IMUNINIUO

SCENE I X.

SCARA MOUCHE, GUILLAUME}

TRIVELIN

SCARAMOUCHE.

polin/islovar. L'Etrånger qui s'avance,

Veut vous entretenir.

« ÀÌÀü°è¼Ó »