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L'OMBRE.

A quoi fert ici de feindre,

L'Himen fait les plus doux nœuds;
C'est l'Epoux que l'on doit plaindre,
S'il perd l'objet de fes feux.

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Ils font à plaindre également,

Tâchons d'adoucir leurs fouffrances;
Et par nos chants, & par nos danfes,
Confolons l'Epoux & l'Amant.

Entrée de Faunes & d'Ombres, qui par leurs danfes tâchent de confoler Pan & Orphée. Entre les danfes Pan continuë à jouer tristement de la flute, & Orphée de la lyre; ce qui oblige Thalie à leur avoiier ce qu'elle a fait.

THALIE.

Pan, Orphée, appaisez votre fombre trifteffe;

Pour les jeux que je donne à cette augufte Cour,
C'est moi qui viens de ravir en ce jour,
Votre Epoufe & votre Maîtreffe.

J'ai fait venir Bacchus, & Comus, & l'Amour,
Pour diffiper votre mélancholie;
Vous reconnoiffez bien Thalie,

Je vous répons de l'objet de vos feux;
On vous les rendra toutes deux,
A la fin de ma Comédie,

Retirez-vous, faites place à mes jeux.

Fin du premier Interméde.

ACTE II

SCENE PREMIERE.

Mr. GUILLAUME Seul.

Left du devoir d'un homme bien reglé, de récapituler le matin ce qu'il s'eft propofé de faire dans fa journée; voyons un peu. Premierement, je dois recevoir à cinq heures trois cens écus dé Monfieur Patelin, pour une dette de feu fon pere : Plus trente écus pour fix aulnes de drap qu'il prit hier ici : Item, une oye à dîner chez lui, apprêtée de la main de fa femme: après cela comparoître à l'ajournement devant le Juge contre Agnelet, pour fix-vingt moutons qu'il m'a volés. Je pense que voilà tout. Mais oüais? il y a long-temps que l'heure eft paffée, & je ne vois point venir mon homme allons le trouver... Non, un homme fi exact ne me manquera pas de parole... cependant il a mon drap, & je n'ai point de ses nouvelles; que faire ?... Faifons femblant de lui aller rendre vifite, & fçachons un peu de quoi il eft queftion. Je croi qu'il compte mon argent.... Je fens qu'on apprête l'oye... Frappons.

:

Mr. PATELIN dans la maison.

Ma fem...me.

Mr. GUILLAUME au-dehors.

C'eft lui-même.

Mr. PATEL IN.

Ouvrez la porte... voilà l'Apotiquaire.

Mr. GUILLAUME.

L'Apotiquaire !

Mr. PATELIN.

Qui m'apporte l'éméthyque, l'éméthy...y... que.

Mr. GUILLAUME.

L'éméthyque ! C'eft quelqu'un qui eft malade chez lui, & je puis n'avoir pas bien reconnu fa voix à travers la porte; frapons encore plus fort.

Mr. PATELIN.

Caro...o... gne! ma... a... afque ! ouvriras

tu...u.

SCENE I I.

Mr. GUILLAUME, Me. PATELIN.

Анс

Me. PATELIN.

H! c'est vous, Monfieur, Guillaume?

Mr. GUILLAUME.

Oui, c'est moi; vous êtes, fans doute, Madame Patelin?

Me. PATELIN.

A vous fervir. Pardon, Monfieur, je n'ofe parler haut.

Mr. GUILLAUME.

Oh! parlez comme il vous plaira ; je viens voir Monfieur Patelin.

Me. PATELÍN.

Parlez plus bas, Monfieur, s'il vous plaît.
Mr. GUILLAUME.

Eh! pourquoi bas? Je viens, vous dis-je, lui rendre vifite.

Me. PATELIN.

Encore plus bas, je vous prie.

Mr. GUILLUME.

Si bas qu'il vous plaira; mais il faut que je le voye.

Me PATELIN.

Helas! le pauvre homme, il eft bien en état d'être vû.

Mr. GUILLUME.

Comment? que lui feroit-il arrivé depuis hier?

Me. PATELIN.

Depuis hier? Helas! Monfieur Guillaume, il y a huit jours qu'il n'a bougé du lit.

Mr. GUILLAUME.

Du lit? Il vint pourtant hier chez moi.

Me PATELIN.

Lui! chez vous?

Mr. GUILLAUME.

Lui, chez moi; & il étoit même fort gaillard,

& fort difpos.

Me. PATELIN.

Ah! Monfieur, il faut, fans doute, que cette nuit vous ayez rêvé cela.

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