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Les peres dans ce decret repréfentent tout ce qu'ils avoient fait pendant fix ans, pour réformer l'églite en fon chef & en fes membres, pour extirper l'avarice, la fimonie & d'autres vices abominables; qu'ils avoient rétabli les élections, afin que les benéfices & les dignitez ecclefiaftiques fuffent remplis par des fujets dignes & suffisans ; qu'ils avoient enfin travaillé à contenir tout le peuple Chrétien & le clergé dans leur devoir; que cependant le pape Eugene, obligé par son état d'exécuter les canons, ne travailloit qu'à les détruire; enforte qu'on n'avoit pû l'engager par aucun avis ni exhortations réiterées fouvent & depuis long-tems, à corriger les abus introduits dans l'église, & à établir dans les mœurs une fainte réforme, agréable à Jesus-Christ. Le decret ajoute: C'est pour cette defobéiffance que le concile affigne le pape à comparoître à Bafle ou à y envoyer quelqu'un de la part pour s'y juftifier de fon infidelité; & en cas de refus on procedera contre lui felon toute la rigueur des canons. On requiert auffi les cardinaux de se rendre à Bafle, afin de pourvoir aux besoins de la religion; & on informe en même tems tous les princes Chrétiens de la division & du schisme qu'Eugene travailloit à introduire dans l'église.

Mais le pape bien loin de déferer à l'affignation du concile, douze jours avant la fin du délai qui lui avoit été donné pour comparoître, il publia une feconde bulle touchant la tranflation ou diffolution du concile; déclarant qu'il vouloit qu'elle eût fon effet en deux cas. Le premier, fuppofé que le concile perfiftât d'agir contre lui ou contre quelqu'un de fes cardinaux ou de fes légats, & à cet effet, il lui défend fous de groffes peines, de faire aucun acte fynodal à Bafle, finon pendant trente jours feulement, qui feroient uniquement emTome XXII.

X

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LIII.

Bulle du pape

Eugene pour la concile à Fer

convocation du

rare.

Concil. tom. XIII. p. 21.

AN.1437. ployez à traiter avec les ambaffadeurs de Bohême qui s'y trouvoient alors; le fecond cas étoit que le concile feroit diffous ou transferé, au moment & auffi-tôt que les Grecs feroient arrivez; enforte néanmoins que jufqu'alors le concile resteroit à Basle. En même tems le pape donna une bulle pour indiquer un concile à Ferrare, & en envoya des copies dans toute la Chrétienté. Cette bulle eft fignée du pape Eugene & des cardinaux de Brauda éyêque de Porto, Jourdain évêque de Saline, Angelot du titre de faint Marc, François du titre de faint Clement, Antoine du titre de faint Marcel, Nicolas du titre de fainte Croix, Profper du titre de faintGeorge au Voile-d'or, & de Dominique du titre de fainte Marie in via lata. Le pape dans cette bulle ménage peu les peres de Bafle. Après avoir expofé tout ce qui s'eft fait de part & d'autre dans l'affaire des Grecs, il les reprend de ce qu'ils avoient choifi la ville d'Avignon pour la celébration du concile genéral, cette ville n'étant point comprise dans l'accord. Il raconte enfuite comment il avoit envoyé Jean archevêque de Tarente l'un des préfidens du concile, avec un ordre aux Cardinaux Jean & Julien, légats du faint fiege, pour tâcher de perfuader aux peres, qu'afin de retrancher toute divifion, ils euffent à choifir un lieu qui fût agréable aux Grecs, & commode au pape, & que refufant opiniâtrement de le faire, on détermina pour appaifer le bruit, que fi ceux d'Avignon ne payoient au jour marqué la fomme qu'ils avoient promise, on pourroit choisir un autre lieu: Que ceux d'Avignon n'ayant pas fatisfait, les légats & les préfidens du concile, beaucoup de prelats, & prefque tous les ambaffadeurs des rois & des princes, les procureurs des évêques abfens, les théologiens & les docteurs qui faifoient

Conc. Florent.

part. I. tom. XIII. Concil. P. Labbe, pag. 858. feq.

la plus faine partie du concile, avoient élu Florence, AN. 1437 les autres n'ayant pas voulu y confentir : Que pour cela il préparoit l'argent néceffaire aux dépenfes pour le voyage des Grecs, & qu'il avoit donné ordre qu'on équipat des galeres pour leur tranfport: ce qu'ayant appris ceux qui préferoient Avignon, ils s'irriterent fi fort contre l'archevêque de Tarente, qu'ils maltraiterent fon procureur, le prenant par les cheveux pour le mener en prison: ce qui obligea le cardinal Julien à protester qu'il n'y avoit plus de liberté dans le concile.

Le pape venant ensuite à l'ajournement qu'on lui avoit donné pour comparoître, dit que les mêmes cardinaux Jean & Julien s'y étoient oppofez, fans qu'on eût voulu les entendre, non plus que tous les autres; & que cette déliberation avoit été tellement précipitée, qu'on avoit tenu dans un même jour la congrégation genérale & la feffion; ce qu'on n'avoit jamais fait dans les moindres affaires : Que l'empereur Sigifmond extrémement furpris de leur hardieffe, les avoit fait avertir par l'évêque d'Aufbourg, de prendre garde à n'être pas cause, par leur division scandaleufe, que l'union qu'on vouloit faire avec les Grecs, ne fe fit point, & à ne pas miferablement déchirer l'églife Occidentale par un schisme auffi funefte, que celui de l'églife Orientale qu'ils prétendoient éteindre; qu'autrement il leur déclaroit, que lui & tous les princes de l'empire les abandonneroient, étant fort réfolus de ne le pas féparer du chef de l'églife. Pour ces caufes & autres, le pape, du confeil & confentement des cardinaux qui étoient proche de lui, & de plufieurs archevêques, évêques, abbez & autres prelats, défignoit Ferrate pour le faint concile genéral, ordonnant que tous s'y rendiffent comme en un lieu agréable aux Grecs, commode à tous, &

AN.1437. Contenu dans le decret de l'accord; déclarant par fes

LIV.

Le pape invi

te à Ferrare les

prelats, abbez,

genéraux d'or

lettres, que le concile y étoit transferé pour toutes les raifons pour lesquelles il avoit été assemblé à Basle, à l'exception de l'affaire des Bohémiens touchant la communion fous les deux efpeces, qu'il vouloit qu'on y traitât feulement dans trente jours. Il en écrivit aussi à beaucoup de genéraux d'ordre, & d'abbez, & de princes qu'il invitoit à fon concile de Ferrare; & l'on trou ve dans la collection des conciles une de fes lettres à l'univerfité de Paris, datée de Boulogne le vingt-troiLabbe, n. 16. fiéme de Septembre, pour engager les membres à affifter à ce concile. Il fit la même chofe aux autres univerfitez de France, d'Efpagne, d'Allemagne, du Brabant, de Pologne, d'Italie, d'Angleterre & d'Ecoffe.

are & l'univerfité de Paris.

Tom.XII. conc.

p. 869.

Cette convocation fut mal reçue en France. Charles VII. étoit alors à Tours. Dès qu'il eut appris le deffein d'Eugene, il fit un édit par lequel il défendit aux évêques de fon royaume d'aller à Ferrare, fous prétexte d'y tenir un concile, & il leur donna ordre d'aller à Avignon, fitôt qu'on les manderoit pour y recevoir les Grecs, fuivant les traitez des peres du concile de Bafle.

La conduite du pape ne déplut pas seulement à la France, elle choqua auffi la plupart des prelats qui reftoient encore en petit nombre attachez à fes légats. Car comme Eugene n'avoit aucun égard au decret particulier qu'ils avoient fait pour oppofer à celui du concile, & qu'il n'en faifoit pas même mention dans les claufes de la bulle, mais qu'il n'y alleguoit que la plénitude de fa puiffance, en vertu de laquelle, difoit-il, il transferoit le concile, ils reconnurent enfin ce qu'ils auroient dû appercevoir depuis long-tems, que le pape tendoit à une domination fouveraine, & qu'il ne croyoit point qu'il eût un superieur dans le concile genéral. C'étoit

pou

LV.

Vingt-feptiéme

cile de Bale.

Labbe, conc tom. xii. p. 585.

Ci-deus, liv.

106. n. 18. 107. n. So

fans doute par ces motifs qu'il avoit nommé depuis peu AN. 14374 au cardinalat Jean Vital patriarche d'Alexandrie, & archevêque de Florence: car il n'ignoroit pas les decrets que le concile avoit faits pour reftraindre fon voir à cet égard. Auffi le concile ne put fouffrir cette entreprise; & pour y mettre obftacle il tint la vingtfeptième feffion un jeudi vingt-feptiéme de Septem- feffion du conbre. Le premier decret de cette feffion déclare nulle cette promotion & toutes les autres qu'Eugene auroit pû & pourroit faire contre les decrets de la quatriéme & de la vingt-troifiéme feffion, dans l'un defquels le concile avoit défendu au pape de créer des cardinaux fans le confentement du concile; & dans l'autre il avoit ordonné que le nombre des cardinaux feroit réduit à vingt-quatre. Par un autre decret il condamna des bulles forgées par l'archevêque de Tarente, dans lefquelles il supposoit que les peres du concile de Bafle avoient nommé Florence ou Udine dans le Frioul, pour y conclure la paix des Grecs avec les Latins: le concile déclare que ces bulles font fauffes, & défend de s'en autorifer & s'en fervir fous peine d'excommunication encourue par le feul fait.

Un bruit avoit couru dans Bafle que le pape Eugene vouloit vendre Avignon, fous prétexte de fecourir les Grecs. Le concile appuyé fur la tradition des anciens canons & des peres, qui défendent tous l'alienation des biens ecclefiaftiques, ordonne par un troifiéme decret, que les domaines destinez à l'entretien de l'église Romaine, & à la fubfiftance de fes miniftres, ne pourront point être alienez; bien moins les lieux de liberté, où le pape avec la cour eft à couvert de la puissance seculiere, parmi lesquels eft la ville d'Avignon. Le concile défend donc abfolument l'alienation de cette ville

LVI.
Le concile dé-

pape

fend au d'aliener la ville Labbe, concil.

d'Avignon.

tom. XII. pag.

588.

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