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tint la bride de fon cheval jufqu'au de-là de la porte AN. 1439. de la ville. Il s'arrêta au monaftere de faint Antoine, qui étant fitué proche de la riviere, donnoit à sa fainteté la facilité de s'embarquer, & d'aller par eau jufqu'à Modene, qui eft un peu fur la droite du chemin entre Ferrare & Florence. Il logea dans ce monaftere, où il fit chanter l'hymne de vêpres, parce que c'étoit la veille de la fête de faint Antoine, & le lendemain dix-feptiéme de Janvier il vint dîner à Modene. De-là il prit fa route par terre, pour fe rendre à Florence, toujours accompagné du marquis de Ferrare, & efcorté par des gens de guerre. On a de la peine à concilier ce récit tiré des actes grecs du concile de Florence, avec ce que rapportent faint An

Antonin. tit. 22. c. II.

cit.

Sguropul. loso

tonin & Sguropulus; que le pape faifi de peur, & n'ayant que vingt domeftiques avec lui, fut obligé de prendre un chemin fort détourné, & même de fe déguifer, pour éviter les embuches de fes ennemis. Les Grecs ne partirent de Ferrare que quelque tems après le pape, felon les mêmes actes grecs de ce concile, qui parlent affez au long de l'entrée magnifique Labbe, concil de l'empereur & du patriarche.

Tous étant arrivez à Florence, les Grecs s'affemblerent dans le palais de l'empereur pour déliberer fur la maniere dont on fe comporteroit dans les feffions; & l'on envoya dire aux Latins qu'on étoit prêt, qu'il ne tenoit plus qu'à eux de commencer, & fur la demande qu'ils firent aux Grecs, fi les conferences fe tiendroient en public, ou en particulier, ceux-ci prirent ce dernier parti; de forte qu'on réfolut de s'affembler dans le palais du pape pour éviter la confusion. On étoit fur le point de s'y rendre, lorsque le patriarche tomba malade; fes pieds devinrent fi

tom. XIII. pag. 1032.2220

AN. 1439. enflez, qu'il ne pouvoit fe remuer : & comme il étoit bien-aife d'affifter du moins à la premiere feffion du concile à Florence, elle fut differée jufqu'au jeudi de la feconde semaine de carême, c'étoit le vingt-fixićme du mois de Février.

III. Premiere fef

de Florence.

Concil. tom. XIII. pag.223.

On tint donc ce jour-là la premiere session à Flofion du concile rence, & le patriarche n'y put assister à cause de sa maladie, non plus qu'aux fuivantes. Toute la dispute qui fut affez longue, fe paffa entre l'empereur des Grecs qui étoit fçavant, & le cardinal Julien ; & la conclufion fut qu'on chercheroit de part & d'autre quelque moyen de s'unir; que pour cela les Grecs confereroient entre eux fur ce moyen pour le proposer à l'affemblée prochaine. Sur cette propofition l'empereur & les prélats fe trouverent chez le patriarche, & fe confulterent enfemble fur le moyen qu'il y avoit à prendre; mais ils dirent tous qu'ils n'en avoient point à proposer, & qu'ils feroient toujours prêts à répondre aux Latins; qu'il falloit s'assembler en particulier le famedi fuivant, & que l'on entreroit en conference; & pour cela ils nommerent fept d'entre eux pour être les tenans de la difpute, Antoine d'Heraclée & Gregoire protofyncele, vicaires du patriarche d'Alexandrie; Ifidore de Ruffie & Marc d'Ephese, vicaires de celui d'Antioche; Dofithée de Monembase, qui tenoit la place du patriarche de Jerufalem; Beffarion de Nicée, & Dorothée de Metelin, aufquels ils donnerent plein pouvoir de conferer, & enfuite de tranfiger fur les cinq articles avec les Latins, qui de leur côté en nommerent auffi fept pour difputer.

Mais le pape ne voulut jamais condescendre à la propofition des Grecs, touchant les conferences par

ticulieres,

I V.

Seconde fel

ticulieres, & dit que puifqu'on choififfoit encore la AN.1439. voie de la difpute, il valoit beaucoup mieux qu'elle fût publique, afin qu'on ne pût rien cacher de ce qui s'y feroit paffé, & qu'on ne pût pas dire qu'on s'y feroit laiffé furprendre par quelque artifice, ou que l'on y auroit trahi la caufe que l'on foutenoit. Ainfi voyant qu'ils ne vouloient point propofer d'expedient, mais difputer, il indiqua la feconde feffion pour le lundi de fuivant deuxième jour de Mars, & l'on y commença tom. XIII. p la difpute fur la proceffion du Saint-Efprit, touchant 2350 laquelle Jean provincial des Dominicains & Marc d'Ephese parlerent fort au long & affez vivement. Le pape préfida lui-même à cette feffion, mais l'empereur des

Grecs ne s'y trouva pas.

Jean théologien des Latins, après avoir demandé la bénédiction au pape, commença à établir ce qui eft de foi; il expliqua ce qu'on devoit entendre par ce terme, proceffion du Saint-Esprit, ce qu'il appuya de l'autorité de faint Denys. Marc dit que ce mot étoit attribué aufsi-bien au Fils qu'au Saint-Efprit; puifque le Fils de Dieu dit dans faint Jean chap. 16. qu'il eft forti du Pere: que cependant on ne l'applique qu'au Saint-Esprit felon le langage de l'écriture & des faints peres, & qu'ainfi la production du Saint-Esprit eft diftinguée de celle du Fils qu'on appelle genération. Jean répliqua, en demandant fi procéder, étoit recevoir fon existence d'un autre. Marc dit qu'il l'entendoit ainfi; sur quoi Jean le preffa par ce raisonnement. L'Efprit-Saint reçoit l'être du Pere, parce que proceder, c'eft recevoir fon existence. Cela étant, je dis : Celui de qui l'Esprit Saint reçoit l'être dans les personnes divines, en reçoit auffi la proceffion : or l'EspritSaint reçoit l'être du Fils; donc il en reçoit auffi la Tome XXII,

Gg

pro

fion du concile Florence.

Concil. gener.

AN.1439. ceflion, fuivant la propre fignification de ce terme. Mais Marc d Ephefe n'accorda pas que le Saint-Efprit reçût l'être du Fils, ce que Jean prouva par plufieurs argumens. Toute la difpute roula fur les mêmes diffi

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cultez.

Dans la feffion troifiéme qui fut celébrée le jeudi cinquiéme de Mars, Jean parla encore fur la même matiere, & prouva fi clairement par l'écriture, par la tradition, par le témoignage des peres Grecs, & par d'excellentes raifons théologiques, que le Saint-Esprit procede & reçoit fon être du Pere & du Fils comme d'un feul principe, & par une feule production, & répondit fi nettement à tout ce que Marc lui put opposer, qu'il le rendit fouvent muet, quoiqu'il ne manquât pas d'efprit, & qu'il fût un des plus grands parleurs,, qui fçût mieux s'exprimer parmi les Grecs.

Le famedi feptième de Mars on tint la quatrième feffion. Jean étonna fort Marc d'Ephefe, lorfqu'après. lui avoir montré dans plufieurs anciens exemplaires de faint Bafile, qu'on avoit eu foin de faire apporter exprès de Conftantinople, & d'autres lieux de la Grece, que ce faint pere dans fes livres contre Eunomius dit en termes très-décififs, que le Saint-Elprit ne procede pasfeulement du Pere, mais auffi du Fils; on découvrit clairement la mauvaise foi des Grecs, qui, dans les exemplaires qu'ils produifoient, avoient ôté le mot de Fils.. Et comme il demeuroit alors fans repartie, l'empereur pour fauver l'honneur de fa nation, prit la parole, & dit qu'on ne devoit pas s'arrêter à ces exemplaires, parce qu'il y en avoit plufieurs autres en Grece, où en effet cette parole ne se trouvoit pas. "Mais, seigneur, ré5, partit agréablement le cardinal Julien, puifque vo,, tre majesté a voulu venir elle-même à ce combat,

رو

55 ne devoit-elle pas avoir apporté les armes, fans at- AN. 1439. tendre qu'on fut au plus fort de la mêlée, pour dire qu'on ne les a pas, & pour arrêter fous ce beau pré,, texte ceux qui combattent avec avantage,,. C'est faint Antonin qui rapporte ce fait : il étoit present à ces difputes.

Antonin.tit.22

C. 12.

VII. Cinquiéme

cile de Floren

ce.

Labbe, concil. tom. XIII. p.

La cinquiéme feffion fe tint le mardi dixième du mois de Mars, & l'on y reprit encore l'autorité de feffion du confaint Bafile: Marc d'Ephefe fut le premier qui parla. Jean lui répondit, & confirma ce qu'il avoit dit dans la feffion précedente, en montrant que le fentiment de 303. ce faint docteur étoit, que le Saint-Esprit procedoit du Pere & du Fils; & pour le prouver l'on produifit un exemplaire de fes ouvrages, où dans l'homelie du SaintEsprit il enfeigne l'opinion des Latins. Cette difpute dura fi long-tems que l'empereur pria qu'on la finît, parce que les Grecs n'avoient pas le tems d'y répondre. On remit donc au famedi à la continuer.

La conference de la fixiéme feffion tenue le famedi quatorziéme de Mars, roula encore fur la même autorité de faint Bafile; & Jean preffa fi vivement fon adverfaire, qu'il le mit hors d'état de répondre. Sur le filence de Marc d'Ephefe, l'empereur prit la parole, & dit, qu'il y avoit raisons de douter, & que dans un tems plus favorable on agiteroit cette question. On ne laiffa pas de continuer la difpute, & Jean continua toujours fon raifonnement fur faint Bafile dans fes livres contre Eunomius, & dans beaucoup d'autres endroits de fes ouvrages.

VIII. Sixième feffion

du concile. de Florence.

Ibid. p. 323.

IX. Septiéme fel

fion du conci'e

On pourfuivit la même matiere dans la feflion feptiéme du mardi dix feptiéme de Mars. Les Grecs après avoir cherché divers expediens, crurent enfin en avoir de Florence. trouvé un dans une lettre de faint Maxime, qui eft rap

Ibid. p. 347.

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