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CLVI. Differens fen

origine.

Paul Jove.

avoit que des manufcrits, comme ils étoient fort chers AN. 1440 & fort rares, il n'y avoit que les gens de lettres & d'un certain ordre qui étudiaffent. Il falloit prefque néceffairement être riche pour pouvoir devenir fçavant; peu de gens puifoient dans les fources, parce que très-peu en avoient la commodité. Aujourd'hui ces fecours ne font refufez à personne, & l'on n'eft ignorant que parce qu'on veut bien l'être. L'art de l'imprimerie doit donc nous être bien précieux, & quelque abus que l'on en faffe, on ne peut pas trop remercier le Ciel qui l'a donné aux hommes. L'époque en eft affez incertaine, s'il falloit adopter tous timens fur for les differens fentimens de ceux qui ont écrit fur ce fujet, l'on n'auroit pas moins de peine à déterminer le pays, le lieu & les perfonnes qui ont fait une découverte fi heureuse & fi utile. Les uns prétendent que F'idée nous en fut apportée de la Chine, où l'Imprimerie étoit en ufage depuis un tems immémorial; d'autres veulent que ce foit du Mexique, lorfque Ferdinand Cortez en fit la conquête, & nous dépouillent ainfi du mérite de l'invention. Il paroît cependant plus vraisemblable que l'honneur en est dû aux Allemands, à qui l'on eft redevable de tant d'autres découvertes dans les arts. Ils font les premiers qui ont imaginé de fondre des caracteres qui puffent fe combiner en une infinité de manieres, & former les mots néceffaires pour la conformation d'un ouvrage. Les Hollandois qui ont voulu difputer aux Allemands l'honneur de la découverte de l'Imprimerie, ne leur ont pû oppofer que quelques livres fans date, & par confequent fort incertains, faits à la maniere de ceux de la Chine, où tout le difcours d'une même page étoit gravé fur une planche de bois, de façon qu'il

Trithem, chron. an. 1440 edit. Chevilier, p.

Hirfaugienfe,

S. Gal. 1690.

AN.1440. falloit autant de planches differentes, qu'il y avoit de pages dans le livre. C'eft ainfi que font imprimez quelques-uns de ces livres, que l'on prétend avoir été imprimez à Harlem par Laurent Jansson, plus connu fous le nom de Jean Cofter. Mais cette invention étoit auffi imparfaite qu'elle étoit d'une exécution difficile. Tritheme qui étoit Allemand & contemporain, & dont le témoignage eft par confequent d'un plus grand poids, rapporte que ce fut à Maïence que Jean Guttemberg, gentilhomme de cette ville, imagina le premier ce grand deffein, & qu'après avoir dépensé tout fon bien fans pouvoir y réussir, il s'affocia avec Jean Fuft ou Fauft, bourgeois de la même ville, qui se joignit lui-même bientôt après à Pierre Schoeffer de Gernsheim, qui devint dans la fuite fon gendre; & qui par fon extrême induftrie contribua beaucoup à la perfection de l'art de l'Imprimerie. Ce qui eft de certain c'eft que le Pfalmorum Codex premiers livres de 1457. qui eft le premier livre que l'on connoisse, & qui porte une date certaine. Le Rationale divinorum Officiorum Guillelmi Durandı in-folio de 1459. le Vocabulaire latin intitulé, Catholicon Joannis Bladı de Janua de 1460. in-folio: la Bible en latin de 1462. en deux volumes in-folio: les Offices de Ciceron en 1465. & Chevalier, p. une feconde édition du même livre en 1466. l'un &

CLVI.

Quels font les

imprimez.

Lambecii Bibl. Vindob. lib. 2. p. 989.

Hofmanni Le

xicon. tom. 2.

edit. Baf. 1677.

14.17.

l'autre in-quarto, qui font les plus anciennes éditions dont on ait connoiffance, ont été imprimées à Maïence, & portent toutes le nom & les armes de Jean Fuft & Pierre Schoeffer, qui dans prefque tous ces ouvrages, n'ont pas oublié de faire parade de leur fecret, en faisant remarquer que ce qu'ils donnoient, n'étoit point écrit à la main; mais exécuté d'une façon nouvelle & tout-à-fait ingenieufe. Ces premieres

éditions imitent parfaitement la beauté des anciens AN. 1449 manufcrits, jufqu'à la forme des caracteres qui font auffi nets & auffi agréables à la vue, que faciles à lire. Les rubriques, c'est-à-dire, les titres écrits en rouge y font fcrupuleufement obfervez. Le plus fouvent on les trouve imprimez fur du velin, les lettres initiales. peintes & dorées, & enrichies de quantité d'ornemens gothiques. Cependant comme il n'étoit pas poffible qu'ils puffent exécuter eux-mêmes toutes les impreffions qu'ils donnoient au public; qu'ils avoient befoin de differentes perfonnes pour leur aider dans leur travail; & que d'ailleurs leur fecret étoit trop important & trop néceffaire pour pouvoir être caché longtems; à peine fut-il divulgué, que l'on vit toutes les nations de l'Europe s'empreffer à l'envi d'établir chez elles un art dont on pouvoit tirer de fi grands avantages, & que l'on vit les ouvriers Allemands fe répandre de toutes parts. Les uns s'allerent établir à Venife, à Rome & dans d'autres lieux d'Italie, comme dans le pays où les belles lettres étoient le plus cultitivées. D'autres vinrent en France, où des docteurs de Sorbonne leur fournirent les moyens de s'établir; d'autres pafferent même en Angleterre ; & il n'y eut prefque aucune ville confiderable en Allemagne, qui ne fût pourvue d'une Imprimerie; deforte qu'en fort peu de tems l'on vit paroître une infinité d'excellens livres fur toutes fortes de matieres, fur-tout les anciens Auteurs claffiques, dont les éditions contribuerent beaucoup à rétablir la bonne latinité, & acheverent de détruire la barbarie des fiécles précédens. On place en cette année le décès de fainte Françoife noble dame de Rome, qui fe rendit célébre fa pieté, & qui mourut en odeur de fainteté, âgée de

par

CLVIIL

Mort de fainte

Françoife.
Buillet, Vies

des Saints, 9. de

Mars.

AN.1440. cinquante-fix ans, dans le monaftere des Bénédictines de la congrégation du Mont-Olivet, qu'elle avoit fait bâtir, & fondé du vivant de fon mari. A peine futelle morte, qu'on parla de fa canonisation; on en renouvella la demande fous Nicolas V. fucceffeur d'Eugene; cependant elle ne fe fit que le vingt-neuviéme de Mai 1608. fous Paul V. qui par une bulle en fixa la

CLIX.

de Chatillon

fervice Ambro

fien à Milan.

fête au neuviéme de Mars.

Vers la fin de cette année le cardinal de Chatillon Le cardinal Milanois, évêque de Plaisance, & abbé de S. Amveut changer le broife de Milan, voulant introduire dans cette ville l'office Romain, au lieu de l'Ambrofien qu'on y célébroit, chassa d'abord les religieux de Citeaux qui étoient dans fon abbaye, & mit des Chartreux en leur place. Les Milanois offenfez de cette conduite, en firent leurs plaintes au duc, qui ordonna aux Chartreux de fortir fur le champ, finon qu'il alloit faire mettre le feu au monaftere : il fallut obeir. Le cardinal n'ayant pas réuffi, eut recours à une autre voie. Il obtint du prevôt de Sainte- Thecle le livre de l'office Ambrofien qu'il avoit en dépôt ; & le jour de Noël il fit chanter la meffe au grand autel felon le rit Romain; cette action caufa une fi grande émotion parmi le peuple, que tous furent à la maison du cardinal avec des flambeaux, menaçant de le brûler vif dans fon palais, s'il ne rendoit le livre. Le cardinal effrayé le jetta par la fenêtre, & le lendemain il partit de Milan avec une ferme réfolution de n'y plus retourner: il mourut trois ans après, âgé de quatre-vingt-dix ans. Ce fait prouve le grand refpect que les Milanois ont pour leurs anciennes cérémonies & pour saint Ambroile qui les leur a données.

CLX. Concile de Fri

On place encore dans le même tems un concile à

Frizingue

lemagne.

Collect. cont.

XIII. p. 1283.

Frizingue en Allemagne, affemblé par Nicodeme de AN. 1440. Scala, qui étoit évêque de cette ville, & de la maison zingue en Aldes feigneurs de Veronne. Les hiftoriens rapportent que, du confentement du pape Martin V. il chassa de ce fiege, Jean bâtard du duc de Baviere. Ce concile fit vingt-fix reglemens. Le premier défend d'admettre au- Labbei, tom. cun clerc inconnu & étranger pour l'administration des facremens, & la conduite des ames, fans l'approbation de l'évêque de Frizingue, ou de fon grand vicaire. Le fecond regle les devoirs des juges ecclefiastiques. Le troifiéme défend de traduire les clercs devant les juges feculiers, & aux juges feculiers de connoître des causes ecclefiaftiques fous peine d'excommunication. Le quatriéme enjoint aux mêmes clercs de mener une vie reglée & édifiante, de ne point aller au cabaret,fi ce n'est en voyage; d'être vêtus modeftement, de ne point tenir taverne chez eux, & de ne point s'enyvrer, fous peine d'être privez des fruits de leurs benéfices, Le cinquiéme renouvelle le decret du concile de Bafle touchant les clercs concubinaires. Le fixiéme oblige les clercs à la réfidence. Le feptiéme condamne la pluralité des benéfices incompatibles, à moins qu'on n'en ait obtenu difpenfe. Le huitiéme v eut que lejbenéfice foit vacant avant qu'un autre y foit nommé, & en prenne poffeffion. Le neuviéme défend l'aliénation des biens ecclefiaftiques, Le dixiéme défend la fepulture ecclesiastique à ceux qui auront été exécutez par ordre de la justice, qui auront été tuez dans les tournois & les fpectacles, qui feront morts fubitement, qui ne se seront point confeffez dans l'année, & qui n'auront point communié, fi ce n'eft du confentement de leur curé. Il veut que pour les inhumer, on en obtienne permiffion de l'évêque, ou du grand vicaire, & Tome XXII,

Xx

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