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Chalcondyl.

AN. 1443. Turcs, qui étoit beaucoup plus nombreuse, & commandée par le bacha de Romanie & par Schanderberg. Celui-ci qui, felon toutes les apparences, avoit concerté fon deffein avec Huniade, commença à plier, & se renverfant fur le corps des troupes que commandoit le bacha, l'armée des Turcs fut bientôt enfoncée & mife en déroute. Scanderberg profitant de ce defordre, le faifit du fecretaire d'Amurat qui étoit auprès du bacha, & le força le poignard fur la gorge, d'écrire des lettres au gouverneur de Croye, capitale d'Albanie, fcellées du fceau de l'empereur, par lefquelles il enjoignoit au gouverneur de remettre la place & le gouvernement à celui qui feroit porteur de cet ordre. Scanderberg muni de ces lettres fit main-baffe fur le fecretaire & fur tous ceux qui l'accompagnoient, afin qu'Amurat n'en pût avoir connoiffance que fort tard: il fe tranfporta enfuite à Croye, & s'étant fait remettre la place & le gouvernement, il fe fit connoître à fes peuples, qui, ravis de fecouer le joug de la domination des Turcs, le proclamerent auffi-tôt leur fouverain. Il reprit ainfi le fceptre de ses ancêtres en 1443. & ayant fçû fe concilier l'affection de tous les grands d'Albanie, il en fut aidé fi heureusement pendant tout le cours de fa vie, qui fut de foixante-trois ans, qu'il remporta toujours de grands avantages fur les Turcs, contre lefquels il eut plufieurs guerres à foutenir, & qu'il contraignit par la force de ses armes à faire avec lui une paix qui couronna glorieusement tous les travaux.

LXV.

vifions des

Les Grecs travailloient toujours à Constantinople à Suite des di- détruire le decret de l'union, l'archevêque de Céfarée Grees au fujet en Cappadoce étant allé à Jérufalem, fe plaignit des troubles & des scandales que caufoit l'union de Floren

l'union.

Litter-fynodal

ce, & de ce que Metrophanes, qui s'étoit emparé du AN.1443. fiege de Conftantinople, & qui avoit embraffé le fentiment des Latins, appuyé de l'empereur, perfécutoit, ceux qui tenoient l'ancienne doctrine des Grecs, & n'élevoit aux dignitez ecclefiaftiques, que des perfonnes dévouées aux Latins. Sur ces plaintes Philothée patriarche d'Alexandrie, Dorothée patriarche d'Antioche, & Joachim patriarche de Jérusalem,donnerent une lettre fynodale, par laquelle ils prononcerent une fentence de dépofition contre tous ceux que Metrophanes avoit ordonnez, & d'excommunication, fi au préjudice de cette défense ils continuoient de faire les fonctions ecclefiaftiques: il donnerent pouvoir à l'archevêque de Céfarée de la faire exécuter. Cette lettre eft du mois d'Avril 1443. Ils en écrivirent une autre en même tems à Jean Paleologue leur empereur, dans laquelle ils le menacerent de l'excommunier, s'il continuoit de proteger Metrophanes, & d'adherer aux Latins.

Patr. Orient. d Allat. lib.

apud 3. cap.40

LXVI.
Les Grecs de

Ruffic & de tent en prifon légat du pas

Mofcovie met

pe.

Une entreprise de fi grand éclat, & une menace fi hardie, faite par un fynode affemblé par trois patriarches, qui étant fous la domination des Infidéles, ne dépendoient pas de l'empereur, étonna ce prince d'ail- le leurs affez craintif, & qui enfuite relâcha beaucoup plus encore de fa premiere fermeté, qu'il n'avoit fait auparavant : de forte que tout l'Orient déferant beaucoup à ce fynode où tous les patriarches fe trouvoient, excepté celui de Conftantinople qu'on y traita d'excommunié & d'ufurpateur, demeura dans le fchifme. Il en fut de même de la Ruffie & de la Mofcovie, où le cardinal Ifidore * étant allé comme légat du pape, pour y publier l'union, ces peuples qui étoient déja prévenus par les Grecs dont ils recevoient la loi, &

*Il étoit ar

chevêque des Ruffiens.

Rubeniens ou

LXVII.

Mort de Metrophanes pa

triarche de Conftantinople.

y

AN. 1443, qui fuivoient leur exemple depuis plufieurs ficcles, en tout ce qui concernoit la religion, fe faifirent de fa perfonne comme d'un feducteur, d'un apoftat, d'un traître qui les avoit vendus aux Latins, & le mirent en prifon, dont il trouva cependant moyen de s'échapper. Ainfi tout fe déclara contre l'union, à la réferve d'une petite partie du clergé de Conftantinople, qui fuivoit encore les fentimens de fon patriarche. L'empereur fort inquiet de ces révoltes, & voulant apporter quelque remede, prit la résolution le par confeil de Metrophanes, d'assembler un fynode à Conftantinople, pour y faire recevoir l'union. Mais la mort de Metrophanes arrivée le premier jour du mois d'Août de cette même année, rompit fes mefures. Après fa mort Gregoire protosyncele & confeffeur de l'empereur, fut élu patriarche : Nous verrons dans la fuite qu'il ne fut pas plus heureux que son prédécesseur. Pendant le féjour le roi de France fit cette anque née à Montauban, où l'hyver fut fi rude qu'il glaça toutes les rivieres, & retint les troupes dans leurs quartiers fans en pouvoir fortir, il s'affura de la fucceffion du comté de Comminges. Matthieu de Foix avoit époufé en quatriémes nôces Marguerite qui en étoit comteffe. Comme elle étoit fort âgée, & qu'elle n'avoit point d'enfans, il la tenoit prisonniere`dans un château où elle demeura près de vingt ans, pour la contraindre par ce mauvais traitement à lui faire une donation de ce comté. Le roi ayant reçu les plaintes de la comtesse la fit fortir de prison, & l'emmena avec lui à Poitiers, où jouiffant d'une pleine liberté, elle lui céda le comté de Comminges, n'ayant point d'enfans,& étant âgée de plus de quatre-vingts ans. Elle ne furvécut pas long-tems à cette donation,étant morte à

LXVIII.

Le comté de

Comminges éft

cedé au roi de

France.

Poitiers

AN.1443.

LXIX. D'Armagnac

s'empare de ce dauphin Ten

comté, mais le

Poitiers avant même que le roi en partît. Le comte
d'Armagnac qui s'entendoit avec le mari de la défunte
comteffe, & avec le comte de Foix, pour partager en-
tre eux le comté de Comminges, fut fort furpris qu'on
l'eût donné au roi. Il s'affura des Anglois pour
chaffe.
être
foutenu en cas de befoin ; & dès qu'il eut appris la mort
de la comteffe, il s'empara des états qu'elle avoit don-
né au roi, & y mit garnifon.

Mais il ne les garda pas long-tems; le roi fit partir promptement le dauphin fon fils avec le maréchal de Loheac & des troupes, qui allérent inveftir le comte d'Armagnac dans l'ifle Jourdain. Le comte fe voyant ainfi fupris, crut mieux faire fa paix en venant audevant du dauphin; mais comme il n'avoit point de fauf-conduit, il fut arrêté & mis en prifon à Lavaur avec sa femme & ses enfans. Enfuite le dauphin s'empara non feulement du comté de Comminges, mais encore du comté d'Armagnac, à la réferve des deux châteaux de Severac & de Cadenac, que le bâtard d'Armagnac défendit quelque tems, mais qu'il fut obligé dans la fuite de rendre à compofition. Nonobftant l'interceffion du comte de Foix, il eut beaucoup de peine à fortir de prifon, & ce ne fut qu'à condition qu'il rendroit toutes les terres dont il s'étoit emparé.

LXX. Mort de Jean

duc de Breta

gne.

Jean V. duc de Bretagne mourut cette année le vingt-huitième du mois d'Août dans fon château de la Touche près de Nantes. Il laiffa fon duché très- en- Argentré, hift.. richi & très-peuplé, c'étoit - là les fruits de la longue de Bret. paix dont il avoit joui, pendant que la guerre défoloit les provinces voisines, & particulierement la Normandie, d'où plus de trente mille familles étoient venues s'établir dans la Bretagne, & la plus grande parTome XXII,

Fff

AN 1443. tie à Rennes; ce qui l'obligea d'augmenter de beaucoup cette ville, & de fermer de murailles la partie qu'on nomme la baffe ville. Ce duc avoit trois fils, François, Pierre & Gilles : Les deux aînez furent ducs l'un après l'autre. Ce fut fous François que le comte de Sommerfet Anglois, ayant fait une defcente à Cherbourg avec une armée de huit mille hommes, vint prendre la petite ville de la Guerche en Bretagne, fous prétexte qu'elle appartenoit au duc d'Alençon. Mais le duc François s'étant plaint de cette entreprise comme d'une hoftilité, les Anglois la lui rendirent auffi-tôt. Sommerfet pénétra jufqu'en Anjou, défit quelques troupes du maréchal de Loheac & du feigneur, de Beuil, & s'en retourna enfin à Rouen, fans avoir fait autre chofe de confiderable.

LXXI.

Mort de

dit l'Aretin..

En. Sylv apift. 5.I..

On place dans cette année la mort de Leonard Bruni, Leonard Bruni, furnommé l'Aretin, parce qu'il étoit d'Arezzo ville de Toscane, fans qu'on fçache précisément en quel mois. Il apprit la langue grecque fous Emmanuel, & devint un des plus habiles hommes de fon tems. Après avoir été fecretaire des brefs fous les papes Innocent VII. Gregoire XII. Alexandre V. & Jean XXIII. jufqu'à la tenue du concile de Conftance; il fut aufsi chancelier de la république de Florence. Il vécut dans le célibat & d'une maniere qui auroit été irréprochable, s'il eût cu un peu moins d'attache aux biens du monde. Il s'eft rendu recommandable par fon hiftoire de Florence qui eft écrite avec beaucoup d'exactitude. Il traduifit de grec en latin quelques-unes des vies de Plutarque, & compofa trois livres de la guerre Punique, une hiftoire des Gots qui n'eft proprement qu'une traduction de Procope; & une autre hiftoire des Grecs.

mourut à Florence âgé de foixante & quatorze ans.

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