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pied. Ajoutons à cela la foibleffe des deux rois, de ce- An.1432. lui d'Angleterre qui étoit mineur,& de celui de France dont l'efprit étoit gouverné par fes favoris & par fes maîtreffes. Le comte d'Arondel genéral de l'armée Angloife affiegea Saint Celerin, & prit cette ville après plus de trois mois de fiege. De là il vint affieger le château de Sillé-le-Guillaume dans le Maine, qu'il emporta. Après ces expeditions il fit plufieurs courses dans les pays du Maine & d'Anjou, prit les châteaux de Mellai & de Saint-Laurent-des-Mortiers, dans lefquels il mit garnison, ensuite il s'en retourna en Normandie. Mais ayant appris qu'un capitaine Gascon nommé la Hire, & un autre appellé Ponton de Saintrailles, étoient entrez dans un vieux fort nommé Gerbroi à quatre lieues de Beauvais, le comte d'Arondel vint auffi-tôt devant cette place. La Hire & Saintrailles à fon approche fortirent de la place & vinrent l'attaquer. Quoique les Anglois fuffent trois fois plus forts en nombre que les François, cependant ils furent battus, & perdirent huit cens hommes qui demeurerent fur la place. Le comte lui-même ayant été dangereufement bleffé, fut fait prisonnier, & mourut peu de tems après de fes bleffures: ce qui affoiblit beaucoup le parti Anglois. Dans ce même tems, Sforce qui étoit encore dans Rome XXXVII. pour y maintenir le pape Eugene, fut contraint d'en fortir, & de ceder aux embuches & aux armes de tire de Rome. Paul des Urfins. Il alla camper à Aldige, où le cardinal de Sainte-Croix de la famille des Colonnes l'alla trouver de la part du pape, pour le raffurer & l'obliger de revenir dans Rome. Hé quoi, lui dit ce cardinal, comment le grand Sforce craindra-t-il un Ours, ayant pour appui une fi ferme Colonne ? faifant allufion au nom des Urfins & à celui de fa famille, Mais Sforce lui réTome XXII. F

XXXVI. Mort du comte d'Arondel.

Sforce fe re

AN. 1432. pondit, qu'on pourroit avec raison le taxer de folie, fi pendant qu'il imploroit en vain le fecours d'un marbre animé, il se laifsoit furprendre par un animal d'une grandeur extraordinaire, qui pouvoit l'attaquer des dents & des ongles, & marcher vers lui à grands pas; défignant par ces paroles le secours peu affuré des Colonnes, & les forces préfentes de Paul des Ursins. On met auffi fur la fin de cette année le fupplice de François Carmagnole, l'un des grands capitaines de fon tems, à qui les Venitiens firent trancher la tête pour avoir été fufpect de trahifon auprès du duc de Milan.

XXXVIII.

Arrivée des

députez des Bo

hémiens à Bafle.

En. Sylv. hift. Babem. 8.49.

Le quatrième de Janvier de l'année 1433. les députez AN.1433. des Bohémiens arriverent à Bafle, & y firent leur entrée avec beaucoup de pompe, ayant trois cens chevaux à leur fuite; le peuple accourut de tous côtez pour les voir, & ne pouvoit cependant foutenir leurs regards affreux, fe fouvenant des cruautez qu'ils avoient exercées pour défendre opiniâtrément leur héréfie : fur-tout chacun avoit la vûe arrêtée fur Procope, comme fur celui fans lequel Zifca n'avoit rien fait de confiderable, & qui,depuis la mort du même Zisca, avoit défait le duc d'Autriche, & mis deux fois en fuite par fa feule préfence toutes les forces de l'empire. Le concile les reçut avec toute la civilité dûe aux ambaffadeurs des têtes couronnées; & lorfqu'il fut queftion d'entrer en matiere dans l'affemblée du neuviéme Janvier, où ils furent admis, le cardinal Julien président du concile les harangua. Il s'écardinal Julien tendit fort dans fon difcours fur les maux qu'attiroit le fchifme; & faisant ufage de la connoiffance qu'il avoit de l'écriture fainte, il prouva par un grand nombre P. Labbe, append. d'endroits tirez de ces divins livres, que l'église époufe de Jefus-Chrift, étoit la mere de tous les Fideles, qu'elle avoit la puiffance de lier & de délier, qu'elle

XXXIX.

Difcours du

aux Bohémicas.

I.conc. Bafil.

tom.x11.p.894

ne pouvoit errer dans les chofes, qu'on croit néceffai- AN. 1433. res au falut; que ceux qui méprifoient fon autorité devoient être regardez comme des Païens & comme des Publicains, qu'elle n'étoit jamais mieux représentée que dans les conciles genéraux, dont les decrets étoient ceux de toute l'église, & exigeoient une entiere créance que le concile de Bafle étant vrai & légitime, les Bohémiens qui fe difoient enfans de l'églife, devoient écouter la voix de leur mere, hors laquelle on ne pouvoit le fauver, qu'ils devoient commencer à se défaire de toute haine, & à dépofer leurs armes, & que s'ils étoient difpofez à fuivre les avis falutaires du concile, on les écouteroit avec bonté, & avec une entiere liberté d'expliquer leurs difficultez, & de dire tout ce qu'ils voudroient pour défendre leur cause. Enfin il conclut par une exhortation pathétique qu'il adresse aux Bohémiens, & qui ne tend qu'à les engager à retourner au plutôt dans la communion de l'églife.

Roquefane un des députez des Bohémiens répondit au nom de fes collegues, qu'il rendoit graces à Dieu de ce qu'il les avoit tous confolez en les vifitant dans fa mifericorde, & qu'il remercioit le cardinal Julien & tout le concile, de la bonté qu'on vouloit bien leur témoigner, en les recevant avec tant d'affection & d'une maniere fi genereufe; il ajouta qu'ils demeuroient tous d'accord des maux où entraînoit le fchifme, & de l'énormité des crimes que l'on commettoit en l'occafionnant ou en l'entretenant; mais que l'importance étoit de convenir de ceux qui en étoient les auteurs. Que les Bohémiens, bien loin de rejetter l'écriture fainte, prétendoient juftifier par elle tout ce qu'ils avançoient, & que l'autorité des faints peres leur étoit en grande venération ; qu'ils étoient venus au concile

XL. Réponse de

Roquefane au cardinal Julien. Hussit.lib.6.

Cochla. Hist.

AN.1433. pour rendre raifon de leur créance, & qu'ils en demandoient la permiflion pour les Laïques auffi-bien que Four les Ecclefiaftiques, & fupplioient les peres de les entendre fur les quatre articles qui leur avoient déja été envoyez. A quoi le concile confentit, & leur affigna le feizième jour du même mois de Janvier pour être entendus.

XLI. Qu.tre arti

au concile.

Bafil. tom. XII. art. 5. pag. 801.

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Ces quatre articles furent envoyez au concile fous ce cles des Bohé- titre : Articles préfente au concile de la part du royaume de Bomiens préfentez héme, du marquifat de Moravie, &c. L'an de Notre Seigneur Append. 1. conc. 1433. le jour de la fête de faint Tiburce, l'onzième d'Août. "Nous vous préfentons ces articles, difent les Bohémiens, afin que dans la vûe de contribuer à la paix & à l'unité fi défirable à tous les hommes, vous confentiez qu'on les tienne en toute liberté, fans y rien changer, qu'on les enfeigne & qu'on les obferve irrévocablement, dans la Bohême, dans la Moravie & ,, autres lieux qui en dépendent. 1. Qu'on ait la liberté d'administrer à tous les Fideles le facrement de l'Eucharistie fous les deux efpeces du pain & du vin, », comme étant une pratique utile & falutaire. 2. Que tous les pechez mortels & principalement les pechez publics, foient réprimez,corrigez,& punis felon la loi de Dieu, par ceux à qui cela appartient. 3. Que la parole de Dieu foit prêchée fidelement & librement par ,, les prelats & les diacres qui y feront propres. 4. Qu'il ne foit pas permis au clergé dans la loi de grace, d'exercer aucune autorité feculiere fur les biens tem» porels.

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Après avoir propofé ces articles, ils déclarent que tout leur differend avec les Catholiques fe réduifoit à ces quatre propofitions, & qu'ils étoient prêts de s'unir à l'églife, de la maniere dont tous les fideles Chré

tiens font unis felon la loi de Dieu, & d'obéir à tous AN. 1433les fuperieurs légitimes; pourvu qu'on leur permît d'obferver parmi eux ces articles, ils prient le concile d'expedier des lettres patentes pour ordonner à tous les primats, archevêques, évêques, rois, princes, & tous ceux qui leur font foumis, d'adherer aux décisions du concile comme ils promettent d'y adherer eux-mêmes, & demandent qu'il foit fait défenses de les traiter d'heretiques eux & ceux de leur parti, foit en public, foit en particulier, ou de les diffamer de quelque autre maniere que ce foit, & de s'emparer de leurs biens pour tous, ou quelqu'un de ces articles, & principalement le premier, qui est, difent-ils, de precepte divin, jusqu'à ce qu'on ait pleinement examiné ces articles ensemble & dans un efprit de paix, & qu'il y ait eu un accord mutuel.

XLIL Examen des

dans une congrégation.

rum. De voca

rum per Orth.

Ces quatre articles furent donc examinez dans l'af femblée du feiziéme de Février; Roquefane parla fur quatre articles le premier article pendant trois matinées entieres. Venceslas Thaborite en employa deux autres à parler du fecond article touchant la correction des péchez publics. Udalric prêtre parmi les Orphelins, parla auffi tione Bohemopendant deux jours fur le troifiéme article qui regardoit Graf. la libre prédication de la parole de Dieu, & Pierre Payne Anglois difcourut pendant trois jours fur le quatrième article du domaine civil des clercs. Nous n'avons pas tous ces difcours des députez de Bohême, dans les actes du concile, mais feulement le rapport d'Eneas Sylvius, qui y étoit préfent, qui a fait un abregé fort clair, de la convocation des Bohémiens, de ce qui s'y paffa en leur faveur, & de ce qui y fut conclu. Ils laifferent au concile un précis de leurs difputes, & rendirent graces aux peres de l'audience favorable qu'ils leur

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