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Jean Chartier,

hift. de Charles

cette nouvelle, comme il s'en retournoit à Rome, AN. 1452. ne balança point à revenir fur fes pas, pour tâcher d'accommoder ces deux princes. Après s'être abouché avec eux, il ménagea fi bien les interêts de l'un & de l'autre, que la paix fut conclue entre eux à Feurs en Forêts. Il engagea auffi quelques feigneurs des états de Savoie qui s'étoient liguez contre Jean de Compeis ministre du duc, à fe foumettre à leur prince. On y arrêta encore le mariage entre Iolande de France fille du roi, & le prince de Piémont fils aîné du duc de Savoie. Une des plus puiffantes raifons qui obligea le roi à confentir fi promtement à la paix, fut la nouvelle qu'il apprit de la descente des Anglois à Bourdeaux, où ils avoient été appellez par les habitans, qui fe plaignoient qu'on les furchargeoit d'impôts.

Les chefs de cette entreprise étoient les feigneurs de Duras de l'Esparre, de Rofan, de la Lande, de Montferrand & de Langlade, avec quelques-uns des principaux citoyens. Ces deux derniers feigneurs firent un voyage en Angleterre, & expoferent au roi que les Bourdelois étoient tous difposez à fecouer le joug de la domination Françoife, fi on vouloit les foutenir. L'offre fut acceptée, & l'on donna ordre au genéral Talbot de partir inceffamment avec quatre mille hommes, qui firent une defcente dans le Medoc, & se faifirent de quelques places; delà ils furent introduits dans Bourdeaux le vingt-troifiéme d'Octobre par les bourgeois qui fe révolterent contre Olivier de Coitivi, fenéchal de Guienne, qui commandoit dans la ville; & comme il n'avoit pas affez de troupes pour s'opposer aux rebelles, il fut fait prifonnier avec toute la garnison Françoise.

Le roi de France n'apprit cette nouvelle qu'avec

VII. p. 260.

XCIII
Les Bourde

lois traitent pour le remetnation.

avec les Anglois

tre fous leur do

XCIV.
Le roi er-

voye des troupes en Guienn‹•

AN. 1452. beaucoup de chagrin, & donna ordre aufli-tôt au maréchal de Jalognes, au fieur d'Orval, Joachim Rouaut, & beaucoup d'autres officiers, d'aller avec fix cens lances & leurs archers, garder les places des environs de Bourdeaux, & de fuivre les ordres du comte de Clermont, qui commandoit en ce pays-là, jusqu'à ce qu'on pût prendre des mefures plus efficaces à l'ouverture de la campagne fuivante. Cependant les Anglois reçurent un renfort de quatre mille hommes fous la conduite du fils du genéral Talbot, avec quatre vingts vaiffeaux,tant grands que petits,chargez de toutes fortes de munitions; & avec ce fecours, ils fe rendirent maîtres de Castillon, Cadillac, Libourne, Fronfac, & quelques autres petites places, dont Fronlac, où commandoit le fieur de Gamache, étoit la plus importante.

XCV.
Les Grecs à

contre l'union.

Les Grecs n'étoient pas plus tranquilles à ConstanConftantinople tinople au fujet du decret, quoiqu'ils euffent beaucoup le revoltent à apprehender des deffeins de Mahomet II. dont les démarches ne tendoient qu'à fe rendre maître de leur ville & de leur empire. Et quoique Constantin eût affez bien reçu le cardinal Ifidore légat du pape, & qu'il lui eût fait de belles promeffes; cependant lorfqu'on célébra la liturgie dans fainte Sophie, & qu'on y fit mémoire du pape & du patriache Gregoire, toute la ville s'émut, & courut en tumulte confulter le moine Gennadius. Celui-ci au lieu de répondre de bouche afficha à la porte de fa cellule un écrit, par lequel il annonçoit les derniers malheurs à tous ceux qui Ducas, hift. recevroient l'impie decret de l'union, fait à Florence avec les Latins. Alors les prêtres, les abbez, les moines, les religieufes, les foldats, les bourgeois; toys enfin, à la réserve d'une partie du fénat, des gens de la cour, & d'un petit nombre du clergé qui fuivoient

Byzant. f. 36.

l'empereur,

l'empereur, fe mirent à crier tous d'une voix, ana- AN. 1452. thême contre tous ceux qui s'étoient unis avec les Larins. On ne voulut plus entrer dans fainte Sophie qu'on regarda comme une églife profanée; on évita comme autant d'excommuniez tous ceux qui avoient affifté à la liturgie en préfence des Latins ; on leur refufa l'abfolution & l'entrée des églifes.

Ducas rapporte que les perfonnes qui firent plus de bruit, & qui témoignérent plus ouvertement leur haine contre les Latins, furent les dévotes & les religieufes qui étoient fous la conduite du moine Gennadius chef du parti déclaré contre l'église Romaine. Ces filles qui étoient en réputation de mener une vie innocente, & de fervir Dieu dans une grande pureté d'esprit, en vinrent jufqu'à ce point d'orgueil & de présomption de prononcer hardiment anathême contre tous ceux qui avoient approuvé le decret, & qui l'approuveroient à l'avenir. Ce qui fait conclure à cet auteur qu'il ne croit pas qu'aucun Grec fchifmatique, non pas même l'empereur fe foit foumis fincerement au decret de Florence; en quoi cependant il fe trompe, puifqu'il eft conftant que quelques-uns le reçurent de bonne-foi. les Schifmatiques mettoient ainfi le comble à leur opiniâtreté, le fultan Mahomet que Dieu avoit choili pour être le miniftre & le fleau de fa juftice, fe mettoit en état de venir fondre fur eux avec une formidable armée, à laquelle il penfoit qu'il leur feroit impoffible de résister. Pour cet effet, après avoir foumis en Afie le Caraman, qui réçut la loi de fon vainqueur, & fait en Europe une trève de trois ans avec Huniade qui gouvernoit en Hongrie, il fit conftruire vers la fin deMai de cette année fur le rivage du Bofphore du côté de l'Europe à l'endroit où il eft le plus étroit, une fortereffe pour fermer le paffage aux vaif

Pendant

que

Tome XXII.

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fe

XCVI. Mahomet II.

prépare au de Con

ftantinople.

Phranz. l. 3.

сар. 7.

Ducas, c. 34.

AN.1452. feaux de la mer Noire, pour faciliter celui de fes troupes d'Afie en Europe, & pour avoir dans le befoin un lieu de retraite. Cette fortereffe fut achevée en quatre mois, à cause du grand nombre d'ouvriers qu'il y employa, & elle étoit bâtie vis-à-vis de celle que fon aïeul avoit fait construire en Afie. C'eft ce que l'on appelle aujourd'hui le château des Dardanelles, qui fert de prifon aux Grands de la Porte. Enfin il employa l'automne & l'hiver à Andrinople, à donner tous les ordres néceffaires pour venir attaquer Conftantinople au commencement du printems, comme il l'exécuta le fecond jour d'Avril de l'année fuivante.

XCVII.

Cologne où

ment.

1

Ce fut en cette année que le cardinal de Cusa legat Concile de à latere du pape Nicolas V. en Allemagne,tint un conl'on réforme les cile provincial à Cologne, qui fut confirmé par ThierSaint-Sacre- ry qui en étoit archevêque. On y trouve le premier reglement qui ait été fait, pour l'exposition du faint Sacrement, dont on ne lit aucun veftige avant ce concile. Voici ce qu'il porte. " Afin de rendre plus d'hon,, neur au très-faint Sacrement; Nous ordonnons qu'à l'avenir il ne foit en aucune maniere expofé ni porté proceffionnellement à découvert, en quelques oftenbufcumque mon- foires à claire voye que ce foit, finon durant la très-fainte tur aut defera-ɔɔ fête du Corps de Jesus-Chrift, & fes octaves; & hors ,, ce tems-là une fois l'année feulement en chaque ville, Christi cumfuis,, en chaque bourgade ou en chaque paroiffe: & ce par une permiffion expreffe de l'ordinaire, comme pour

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paix, ou pour quelque autre neceffité pressante ; & qu'alors cela fe faffe avec une extrême reverence, & une parfaite dévotion.

On ne voit pas bien par ces paroles quelle eft l'expofition du faint Sacrement qui eft condamnée en particulier dans ce concile. Krantzius, Caffander & Spon

AN. 1452.

Krantz. in

metrop. lib. 11. Diebus Jovis

cap. 39.

de difent que ce fut celle de tous les jeudis de l'année, que le légat ordonna qu'elle feroit supprimée, de même que la proceffion, & qu'on réduiroit cette cerémonie à deux expofitions & proceffions seulement, le jour de la fête-Dieu, & le jour de l'octave, afin qu'en rendant ces devotions plus rares,on y affiftât avec plus and in de pieté & plus de religion.

per anni circu

tum.

Caßand.

tit. de circumgeft. Euchar. Spond. ad an 1451. no. 8.

XCVIII. Mort d'Ame

En. Sylv.

comm. Pii II.

1. 7.

Amedée duc de Savoye, qui avoit été élu pape dans le concile de Bafle fous le nom de Felix V. mourut cette année à Geneve le dix-feptiéme de Janvier à l'âge de foixante-huit ans, en odeur de fainteté. Sa ceffion fut déc. fi édifiante après un fchifme qui avoit duré plus de quarante ans, qu'on chantoit par tout ce petit vers à la façon du tems. Fulfit lux mundo, ceffit Felix Nicolao. Il fut enterré à Ripailles, & fon corps fut depuis tranfporté à Turin dans l'église de faint Jean. Il avoit époufé Marie de Bourgogne, fille de Philippe furnommé le Hardi duc de Bourgogne, & de Marguerite comteffe de Flandres, dont il eut plufieurs enfans, fçavoir Amedée prince de Piémont mort à la fin d'Aout 1431. Louis qui fut fon fucceffeur; Philippe comte de Geneve mort fans pofterité en 1452. & deux jumeaux nommez Antoine morts, l'un en 1408. & l'autre en 1409. Les filles furent Marie, qui épousa en 1427. Philippe Visconti duc de Milan, après la mort duquel elle fe fit religieufe à fainte Claire de Turin, & y vécut jufqu'en 1458. Bonne qui mourut,étant fiancée au fils de Jean duc de Bretagne en 1427. Marguerite morte fans alliance en 1418. Une autre Marguerite mariée d'abord à Louis d'Anjou III. du nom roi de Naples & de Sicile, enfuite en 1 Louis électeur Palatin mort en 1451.& enfin àUlric comte de Virtemberg qui lui furvéquit; elle mourut en 1468. Quoique le fultan Mahomet ne fe fût découvert

Aaaa ij

1444.

XCIX. Aveuglement

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