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il conta à un chacun fa Royauté comme uri Songe.

14. Un Voleur temeraire ayant paffe des années entieres à voler & à massacrer, fans jamais pardonner à perfonne, fut obfervé de fi preft par la Justice, qu'il tomba finalement entre fes mains. Etant interrogé à la question quel mal il avoit commis par tout, il découvroit des fortfaits incroyables, c'eft pourquoy il fut fur le champ condamné à la mort. Lorsqu'on luy lût fa fen tence, il dit à chaque point qu'il avoit bien fait encore pis. Alors le Fuge voulant fçavoir ce qu'il avoit donc encore fait, il dit d'un fens froid: le plus grand mal que jaye jamais fait, eft de m'être laiffe prendre.

15. Louis OnZiéme donna un jour une Abbaye confiderable à un homme âgé de quarante ans ; mais ayant envie de la redonner à un autre, illa luy redemanda & buy en promit une meilleure à la premiere occafion, l'Abbé qui avoit beaucoup d'efprit luy dit fur le champ : Je prie Voftre Majefté de confiderer que j'ay été quarante ans à apprendre les deux premieres lettres A, B, & que cela étant Elle m'en veuille encore autant donner pour apprendre les deux

14. Un Salteador temerario paffò muchos años a robar y a matar; como no perdonò à nadie, la Jufticia lo aguayLò tan pontualmente, que caecio en fus manos. Siendo interrogado en el tormento que maleficio avia hecho por todo, defcubrio infinitos delitos, por los quales fue luego condenado a muerte. En pronunciandole fu fentencia dixo a cada capitulo que avia hecho peor. El Juez queriendo fabello, le refpondio friamente, que el mayor malo que havia hecho, era, que avia dexado apri fionarfe.

15. Un Rey de Francia aviendo hecho merced de una Abadia a un hombre de quarenta años, y queriendo prefentarla a un otro fe la redemandò con promefas de darle una mejor a la primera ocafion; mas el Abad le dixo al Rey al mifmo inftante; Suplico vueftra Majeftad de confiderar que he paffado quarenta años para aprender las primeras dos letras A, B, que fignifican en Frances, Abad. Me acuerda tantos

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fuivantes C, D: cette réponse plut tant an Roy qu'il la luy laiffa.

16. Alexandre le Grand allant un jour à la chaffe pour fe délaffer de fes fatigues continuelles, fit tant qu'infenfiblement il fe trouva feul fort éloigné de fes Courtisans. Regardant tout à l'entour il apperçut de loin un homme vers lequel il piqua fon cheval. Cet homme-cy rangeoit & derangeoit un gros taft de teftes mortes, comme s'il avoit quelque chofe de confequence à y chercher. Alexandre luy parloit par diverfes fois; mais non-feulement il ne luy faifoit aucune réponse, mais même il faifoit femblant de l'avoir ny vû ny entendu, & continuoit toujours à faire ce qu'il avoit commencé. Cela donna au Roy une plus grande envie de fçavoir ce qu'il faifoit. C'efl pourquoy il le conjura par tous les Dieux de luy dire ce qu'il cherchoit, furquoy il luy répondit je cherche les os de ton pere ceux du mien; mais je ne puis les diftinguer tant il y a d'égalité, en difant cela il difparut, donnant à connoître au Roy que c'étoit un efprit qui fe moquoit de fa

otros

otros para aprender las dos figuientes C, D, que fignifican, ceder. El Rey admirando la prefencia de fu efpiritu, le otorgò fu pedimiento.

16. Alexandro el grande andando un dia ala caça para ragozijar fu efpiritu canfado caminò un rato defvariado y fe hallò inopinamente folo. Mirando en todas partes, defcubrio de lexos uno para quien le encaminò. El trabaxò en un monton de hueffos como fe tuvieffe cofa de pelo a buscar en ellos, quando Alexandro le hablò, no folamente no le refpondio; mas continuò en fu trabaxo haziendo que no lo avia oydo. Effo dio mayor cuydado al Rey de fa ber que fignificava una pefquifa tan puntual, y lo conjurò por los Diofes que quifieffe dezirle lo que bufcava. En

tonces le dixo: bufco los hueffos de tu padre y los del mio; mas por fer todos yguales no puedo conocellos. Con eftas palabras defaparecio, dandole a conocer al Rey que un efpiritu burlava fu vaneamiento, loque lo laftimò mucho quando los fuyos lo alcançaron para aconpañarle a fu alcaçar.

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vanité, dont il fut fort attristé.

17. Un vagabond venant un jour à une metairie demanda à la maistresse quelque chofe pour fe conduire à Paris. La femme croyant entendre qu'il parloit de Paradis, luy demanda s'il ne connoiffoit pas fon mary défunt; le fourbe remarqua par fes paroles qu'elle n'avoit point d'efprit & luy dit qu'il étoit un de fes bons amis, qu'il s'étonnoit qu'elle avoit le cœur de l'envoyer au fort de l'hyver tout nud & fans argent dans un pays inconnu ; à quoy elle repartit qu'elle n'avoit pas pense qu'on y en eut befoin. Au contraire luy dit-il, il en faut pour faire connoiffance, & fi vous avez maintenant quelque chofe à luy envoyer, je vous promets de m'en charger volontiers pour vous fervir tous deux. Auffi-toft elle luy donna cent ducats & un habit. Dès qu'il fut parti, fon fecond mary arriva à qui elle conta l'affaire avec joye. Luy pour ne point perdre de temps monta à cheval pour rattraper fon argent; mais le drole foupconnant l'affaire & ayant tout caché dans un buiffon, s'en alla au devant de luy. Le paysan luy ayant demandé s'il n'avoit point rencontré quelqu'un, il luy répondit,

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