PREFACE

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N CONTINUANT notre travail fur les Forêts, nous ne nous fommes point écartés de l'ordre que nous nous étions prescrit lorfque nous l'avons entrepris. Nous avons prévenu, dans la Préface du Traité des Arbres & Arbuftes, que nous nous proposions de faire des Traités particuliers qui, réunis, formeroient un corps complet d'ouvrage fur les Bois & les Forêts.

Déja nous avons présenté, dans les Volumes intitulés De la Phyfique des Arbres, un tableau de l'économie végétale. La nature des différentes liqueurs & des vaiffeaux qui les contiennent, ont été l'objet de notre attention. L'organisation du bois, de l'aubier;

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celle de l'écorce, des boutons, des feuilles, des fleurs, des fruits, des femences, a été examinée avec tout le foin dont nous fommes capables. L'ufage de ces différentes parties, relativement à la végétation, s’est quelquefois laiffé appercevoir clairement; d'autres fois, nous avons été réduits à nous contenter de fimples conjectures, & nous en avons fait l'aveu, afin qu'on fache que nous ne les regardons que comme des chofes vraisemblables.

Après avoir mis par ces recherches physiques les Lecteurs, capables de quelque attention, en état de connoître les différentes parties organiques qui forment le corps des végétaux, & particuliérement leurs fleurs & leurs fruits, nous avons cru devoir faciliter aux Amateurs les moyens de rapporter à leur vrai genre les arbres qu'ils pourroient ne pas connoître. Ceft l'objet d'une Diflertation fur les méthodes de Botanique, que nous avons placée à la tête de la Phyfique des Arbres, & de quelques Tables méthodiques qui font au commencement du Traité des Arbres & Arbuftes. Comme cet objet a été amplement & favamment traité par les plus célebres Botanistes, Ray, Tournefort, Linné, &c., je l'ai traité le plus fuccinctement qu'il m'a été poffible. Néanmoins avec ces fecours, on pourra aisément rapporter à leur vrai genre les arbres ou arbustes que l'on trouvera dans les bois; & après en avoir fu le vrai nom, on sera en état de prendre une idée affez exacte de ceux qu'on ne connoiffoit pas, en confultant ce que nous en

difons dans les deux Volumes, où nous donnons une histoire abrégée des arbres & arbustes qui peuvent fupporter la rigueur de nos hivers.

Si je me fuis déterminé à faire paroître d'abord ce Traité des Arbres & Arbuftes, mon deffein a été de commencer par exciter la curiofité des Amateurs. On s'intéreffe rarement à ce qu'on ne connoît qu'imparfaitement; la plupart des Propriétaires s'imaginent que les arbres qui garniffent les avenues, les parcs, & même les forêts le réduifent à un fort petit nombre d'efpéces, telles que le Chêne, l'Orme, le Noyer, le Tilleul, le Charme, l'Erable, le faux Acacia, le Murier, &c. Il étoit donc avantageux de leur faire connoître 200 genres d'arbres, & plus de 1500 efpéces qu'on peut élever en pleine terre, & qui ont chacune leurs propriétés, foit pour la décoration des Maisons de campagne, foit par l'emploi qu'on peut faire de leurs bois, de leurs réfines, de leurs gommes, &c. dans différents arts.

Quoique nous ayons parlé dans ce même Traité, de la culture & des diverfes propriétés des arbres qui font nommés, c'eft fort en abrégé; ainsi il ne faut pas croire qu'il ne nous foit plus rien refté à dire fur ces objets. C'est pourquoi nous avons prévenu dans la Préface de cet Ouvrage, que ce que nous dirions sur cette culture ne pouvoit être fuffifant pour mettre un Propriétaire en état de former des bois fort étendus, & que nous ne nous propofions alors que d'indiquer aux Amateurs les cultures particulieres aux arbres

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pour la plupart étrangers dont ils voudroient décorer leurs jardins. Si cependant nous fommes entrés dans un plus grand détail fur la culture de certains arbres, tels que le Murier, l'Olivier, &c, qu'on éléve dans quelques Provinces en grande quantité pour des ufages particuliers, c'étoit afin de n'avoir plus à parler de ces arbres qu'on ne peut pas regarder comme propres aux forêts; mais on s'appercevra, en lifant le Volume que nous préfentons actuellement au Public, qu'il nous reftoit beaucoup de chofes à dire fur la culture des arbres vraiment foref tiers.

A l'égard des ufages & de l'emploi des bois, nous ne nous en occupons point; ces détails ont été réservés pour d'autres Volumes. Nous nous eftimerons heureux fi les Propriétaires des terres trouvent, dans ce Traité que nous leur préfentons fur les Semis & les Plantations, des pratiques affez faciles à exécuter pour les engager à fe rendre utiles à leurs familles & à leur patrie.

Je ne m'arrêterai point ici à faire fentir l'utilité de notre travail, ni à démontrer que les bois font prefque d'une premiere néceffité, foit pour nous défendre des rigueurs du froid, foit pour la préparation de nos aliments, pour l'exploitation des mines, pour le foutien de quantité de manufactures, telles que les Verreries, Savonneries, Brafferies, Tuileries, Faïanceries; les atteliers des Teinturiers, les fours à chaux ; pour l'établissement de