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II. Ce principe a d'autant plus lieu, par rapport au peuple de Dieu, que fes loix ne font pas venues du caprice de légiflateurs inhabiles, qui ayent formé un plan conforme à l'idée qu'ils avoient conçue d'un gouvernement; mais elles font émanées de Dieu, la fagefle par excellence, auffi y trouvera-t-on non feulement ce qu'on doit penfer de la république Judaique, mais meme un portrait achevé d'un gouvernement fage & bien étaM. Fleu- bli, dont les Grecs, peuples des plus poliri,mous ces, ont emprunté ce qu'il y avoit de plus desIfraë- beau & de plus équitable dans leurs loix; en lites, arun mot, on y reconnoîtra fans peine l'idée icle 29. que Dieu nous donne d'un état bien discipliné, tant pour la religion, que pour l'ordre civil & politique. On y apprendra qu'il doit y avoir deux puiffances diftinguées, une eccléfiaftique, & l'autre civile; que ces deux puiffances doivent s'entre-fecourir, pour former de faints citoyens fous l'autorité & la dépendance du fouverain maître de l'univers, par qui tout fubfifte, & à la gloire de qui tout doit être rapporté par les créatures.

III. Il est vrai qu'il y a des choses qui font particuliéres à ce gouvernement, & qui ne peuvent fervir de régles pour juger de ceux des autres peuples; mais il faut avouer que ces différences fe réduisent à un petit nombre, & qu'elles entrent comme le refte dans l'économie que Dieu gardoit à l'égard de celui-ci, qu'il nous eft d'autant plus utile de connoître que fon hiftoire eft l'histoire de la religion même.

IV. Pour procéder avec un certain ordredans la diftribution de cette matiére, on la

divifera en trois fections. Dans la premiére on parlera des trois différentes formes de gouvernemens qui ont paru fucceffivement chez le peuple de Dieu; favoir, 10. le gouvernement theocratique fous Moïfe & les Juges. 20. Le gouvernement monarchique depuis Saul jufqu'à la chute du royaume. 30. Le gouvernement facerdotal depuis le retour de la captivité jufqu'à Ariftobule, fils d'Hyrcan, qui en prenant le fceptre, rétablit la royauté dans Juda, & forma le royaume des Almonéens qui a duré jusqu'à Hérode (a) ( étranger) que les Romains établirent roi dans la Judée.

La feconde fection traitera des loix & des mœurs des Ifraëlites. On y parlera d'abord des différens tribunaux, enfuite des Juges & de l'éxécution des arrêts; enfin, on exami¬ nera les loix & les mœurs des Ifraëlites.

La troifiéme fection traitera des perfonnes remarquables qui ont paru chez les Juifs, & des autres chofes dont la connoissance est néceffaire pour l'intelligence de l'hiftoire fainte.

PREMIE'RE SECTION.

CHAPITRE I.

Premiere forme de gouvernement; le théocratique.

I. E premier état du peuple de Dieu fut un état théocratique. Ce fut Moïse que Dieu choifit pour le former, & il éxécuta cet ordre dans le défert, lorfque le Seigneur lui (a) Il éit Ascalonite,

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eut fait connoître les loix fur lefquelles il vouloit l'établir. Moife y éxerçoit la fonction de miniftre du Dieu vivant, & apportoit fes ordres au peuple; ainfi cet état étoit à proprement parler une monarchie théocratique, car Dieu en étoit le véritable roi, puisqu'il choififoit lui-même fes officiers, & qu'en les choififfant il les revêtoit d'un pouvoir furnaturel pour foutenir fon nom par des miracles éclatans. Comme les rois & les généraux d'armées, il avoit fon pavillon & fa tente en campagne; il marchoit à la tête de l'armée, & marquoit la route qu'on devoit te nir, les divers campemens, le jour & le fuccès des batailles. Il étoit là spécialement pour Ifraël le Dieu des combats & des armées. Dieu y éxigeoit des tributs, comme les rois de la terre, il donnoit immédiatement fes loix, & s'il naiffoit quelque difficulté, il étoit lui-même le Juge par Moife qui manifestoit fes ordres.

II. Moife ne faifoit donc que les fonctions de miniftre de Dieu, qui en demeuroit le vrai roi, c'eft pourquoi Moife déclara qu'il n'étoit point roi; & lorfque le peuple voulut, Jug, cli. Par reconnoiffance, déférer la royauté à Gédéon qui l'avoit délivré; Gédéon le refusa, parce que Dieu étoit leur roi; enfin cette theocratie ne finit tout au plus que lorsque

8. v. 22.

le peuple voulut avoir un monarque qui le 1, Røis, gouvernât. Ils ne vous ont pas rejetté, dit ch. 8. v. alors Dieu à Samuel, c'est moi qu'ils ont rém 7 jetté, afin que je ne régnaffe point fur eux. III. Quoique cette forme de gouverneré plus ment ait duré jufques au tems des rois, on de 396. peut cependant obferver deux différens états;

Il a du

ans,

le premier fous Moïfe & Jofué, & le fecond fous les Juges. Dans le premier état les Ifraëlites étoient gouvernés avec une autorité fouveraine, comme on vient de le dire, fous la dépendance de Dieu qui les traitoit.comme fon peuple dans le fecond ils avoient pour chefs des perfonnes qu'on nommoit Juges, de qui l'autorité n'étoit pas fouveraine, ni même quelquefois univerfelle fur tout le peuple. C'étoient de grands hommes que Dieu révétoit d'une force extraordinaire, de qui l'autorité finiffoit avec la vie, & ne paffoit point à leurs enfans; ils n'étoient ni élus par le peuple, ni électifs; ainfi c'étoit un gouvernement extraordinaire, & qui ne peut être comparé à aucun autre. Dieu étoit le chef de. la nation, & les Juges étoient les éxécuteurs miraculeux de fes ordres.

IV. Rien n'étoit plus beau qu'une telle économie, & rien auffi n'étoit plus conforme à la condition d'hommes nés pour s'attacher à Dieu feul, le refpecter comme leur fouverain, lui obéir comme à leur maître, l'écouter comme leur docteur, & l'adorer comme leur Dieu. Mais loin de remplir une fi belle & fi jufte deftination, & de profiter des avantages que la nature d'un tel gouvernement leur donnoit pour cela; ils allérent jufqu'à demander un roi comme les autres peuples, fe faifant un bras de chair, & mettant toute leur gloire dans ce qui n'étoit qu'une dégradation & un aviliffement de leur premier état, que nous avons appellé avec raifon théocratique, parce que Dieu étoit leur premier chef, & éxerçoit feul fon autorité fur eux; au refte, la différence qui se trouve

entre la fainteté des premiers chefs, & les défordres de la plus grande partie des rois ne font pas encore une légére preuve de la dégradation dans laquelle tomba l'état de ce peuple.

CHAPITRE II

Seconde forme de gouvernement; les rois.

ARTICLE PREMIER.

De leur origine.

Atique eut fubfifté, comme nous avons

PRES que le gouvernement théocra

dit, près de 400. ans, tant fous Moïfe & Jofué, que fous les Juges; les Ifraëlites commencérent à avoir des rois.

II. Par rapport aux rois d'Ifraël, on peut avancer contre Cunéus & les Thalmudistes; 10. Que Dieu n'avoit point promis des rois aux Ifraëlites. 20. Que fi Dieu leur en a donné un, ce n'eft qu'avec indignation & dans fa colére.

III. On peut prouver la premiére de ces deux propofitions par la parole que Dieu adreffa à Samuel, lorfque le peuple demanda à avoir un roi comme les autres nations; c'est moi qu'ils ont rejetté, dit Dieu, afin que je ne régnaffe point fur eux. Ces paroles font claires, & marquent certainement les fentimens du Seigneur par rapport au roi que ce peuple demandoit, & par conféquent com bien il auroit été éloigné de le promettre.

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