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fous de fes péchés. C'eft dans ce moment que les Vices lui livrent de cruels affauts: mais fans s'ébranler, le Juste pourfuit fa Confeffion, & fe jette enfuite entre les bras de Bonne-fin, ou frappé par la Mort, il rend fon corps à la Terre, & fon bon Ange conduit fon Ame au Ciel pour y recevoir fon Jugement. C'est ce qui compofe la feconde Partie de la Moralité.

» Et à tant fine la premiere Partie » de ce Livre, & enfuyt la feconde "qui traicte du Jugement de l'Ame dévote, avecques l'exécution de fa

دو

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L'Ame du Jufte conduite par fon Ange, arrive à la porte du Ciel chargée de deux befaces, chacune defquelles renferme un Livre, l'un contenant tout le bien qu'il a fait dans le monde: & l'autre le mal qu'il y a commis. Elle trouve Saint Pierre affis dans une Chaire,affifté de Saint Michel qui tient des balances, de la Juftice Divine, & de fa Miféricorde, Le Diable vient auffi fe préfenter comme Accufateur.

D'abord la Juftice prend les deux Livres qui font dans les Befaces, & les met féparément dans les deux baffins de la Balance. Malheureusement le

1508.

Livre du Mal fe trouve plus pefant. 1508. L'Ame gémit, & fe défefpere: Miféricorde la confole, & va la préfenter ay Trône de Dieu même, dont voici la décoration.

2

"Miféricorde mayne l'Ame dévote » ayant fes Patinoftres entre les mains, » en la compaignie des Sainctz. Et eft » à noter que Paradis fera faict au » costé des Cieulx, où font les Juges » un peu affez loin. Et dans ledict Pa» radis (a) y aura la Trinité, Noftre » Dame, & les Saincts fuivant leur » ordre (b) &c.............. à qui l'Ame faict » fes Oraifons. »

Lorfque l'Ame a fait fa priere à cha que Saint en particulier, Miféricorde

(a) On voit par ce paffage que nos anciens mettoient une difference entre les Cieux, & le Paradis, & qu'ils regardoient ce dernier endroit comme le féjour particulier de la Majefté Divine, & des Saints. Voyez la defcription du Paradis dans l'extrait du Myftere de l'Incarnation, Tome II. p. 496.

(b) Voici l'ordre & les noms des Saints & Saintes, à qui l'Ame dévote adreffe fes prieres. Les Anges, Cherubin,

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Gabriel, fain& Jacques,' faint Paul, fain& Jehan l'Evangeliste fain& Andry, tous les Apôtres, faint Jehan Baptifte, fainc Eftienne, faint Sebaftien, faint Laurens: A tous Martyrs, fainc Nicolas, fain& Claude, faint Anthoine, fainc François, faincte Anne, la Magdeleine, fainte Marguerite, faincte Katherine, fain&te Barbe, faincte Apolline, fainte Geneviefve, & à touz les Sainctz & Sainctes.

la

la mene à la Vierge Marie, qui obtient

La grace.

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Adonc Dieu baille à Noftre Da»me grace de Dieu, en façon d'une » Lectre fcellée comme ung pardon. : Miféricorde fort fatisfaite de ses foins, ramene l'Ame à faint Pierre, qui joignant la Lettre de grace au Livre des bonnes Oeuvres, trouve que ce dernier baffin, l'emporte fur celui du mal. Il ordonne cependant, qu'avant d'être reçuë au Paradis, cette Ame ira expier le refte de ses péchés en Purgatoire. On la conduit dans ce trifte lieu,où Raison, Confort, Patience, & Efpoir viennent l'y confoler. Et fon bon Ange, par un même motif, lui fait parcourir toutes les parties de ce lieu fouterrain, & en premier lieu l'Enfer, où il lui fait remarquer des Damnés de tous états. Les vers fuivans comprennent un petit abrégé de cette demeure, & nous préfentent en même-tems un morceau de Poëfie affez difficile, & qui eft peut

1508.

être le feul endroit paffable de tout le a noter

Poëme.

L'ANGE.

En ceste montaigne & hault roc

Penduz au croc

Tome III.

F

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Abbé y a, & Moyne au froc,

Empereur, Roy, Duc, Comte, & Pape:
Bouteiller avecques fon broc,

De joye à poc:

Laboureur auffy ô fon foc,
Cardinal, Evefque ô sa chappe.
Nul d'eulx jamais delà n'eschappe‚
Que ne les happe

Le Dyable avec un ardent broc.
Mys ilz font en obfcure trappe
Puis fort les frappe ;

Le Diable qui tous les attrappe,
Avec fa rappe,

Au feu les mettant en un bloc,

Après un détail particulier (a), l'Ange fait paffer l'Ame dévote (b) par le

(a) On peut trouver une defcription de l'Enfer dans nos notes fur le Myftere de la Résurrection de Jean Michel, Tome II. page 512. Ajoutons ici, que tant cette defcription, que Routes celles qu'on a faites à ce fujet, font copiées d'après la fameufe vifion qu'un certain Hibernois appellé Tundall eut en 1149. Cette vifion fe trouve rapportée par Vincent de Beauvais, Miroir Hiftorial, Livre XXVI, Chapitre

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Limbe des Petits Enfans. Elle paroît fort touchée de leurs pleurs. Son Con- 1508. ducteur la ramene enfuite au Purgatoire, où elle n'eft pas plutôt entrée que l'Eglife arrive & apporte de la part des fidéles qui font fur la Terre,

ment de leur avoir attribué un corps capable d'être apperçu des fpectateurs. Nous avons des

exemples fréquens, que les ames bienheureufes étoient représentées par des perfonnages couverts P'un grand voile blanc. Au lieu que celles des réprouvés paroiffoient fous de longues robes noires ou couleur de feu. Cette idée leur parut apparemment la plus convenable, car ils ne pouvoient ignorer ce que leurs prédécefleurs avoient écrit fur ce fujet. Sans vouloir entaffer des citations, nous nous contenterons

de rapporter le témoi gnage de Céfaire,* Religieux du Monastere d'Heifterbach, qui vivoit fous le regne de S. Louis, & qui dans son tems, tant par la fainteté de fa vie, que par fon érudition, palla pour l'ornement de l'Ordre deCiteaux.Ce Religieux, dis-je, rapporte qu'un

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certain Eccléfiaftique é← tant décédé, fon ame fut portée par les malins esprits aux lieux destinés pout fon fupplice: mais que peu de tems après par la miféricorde de Dieu elle fut remife dans fon corps, qui reffufcita dans le moment même, au grand étonnement de tous ceux qui affiftoient à les obfeques. Je paffe le furplus du récit, pour venir à la queftion que fait à l'Auteur le Novice Apollonius, qui paroît étonné que cet Eccléfiaftique depuis fa réfurrection, n'ait rien dit de la figure, ni des facultés de l'ame. C'est ce qu'il n'a pas manqué bach de faire, répond Céfai ftoires Mére: car il affura qu'une morables Ame eft figurée comme Liv. I. Chap. une boule de verre de forme fphérique, ayant Liv. IV.Chap. des yeux fur toute fa circonférence, poffedant au & Liv. VII.

reste une entiere connoiffance de toutes cho

fes.

Céfaire d'Heifter

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32. pag. 45•

39. P. 244.

Chapitre 16,

pag, 479.

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