1535 MORALITE DE L'ENFANT PRODIGUE (a). L'Enfant Prodigue par Perfonnages (b) tranflatée de Latin en Fran tations ) ou celui que la (b) « En cefte préfente LE RUSTRĘ. LA GORRIERE. دو دو çois, felon le texte de l'Evan gile. (a) E Ruftre & l'Enfant gâté ouvrent Lla Scene, par le confeil qu'ils vien nent fur les moyens de gagner leur vie: La conclufion de leur difcours. eft que poffédant plufieurs talens, ils doivent s'attacher à celui qui peut les entretenir doucement, fans craindre les recherches de la Juftice. D'un autre côté, le Pere de famille uniquement occupé du chagrin que lui caufe le cadet de fes fils, ne peut gouter tranquillement la fatisfaction qu'il reçoit de Voyez l'employ de ce Perfonna » L'ENFANT GASTE3. » LE FRERE AISNE'. LE VALET DU PIRE. » L'ACTEUR.* L'AMY DE BONNE FOY. ge, Tome II. (a) Le fujet de cette page 473. & Moralité eft pris de la 21. Parabole piéce. Il est à noter, ditil, que lesdits Perfonnages font trois principaux le Pere & fes deux Enfans: defquels le plus jeune eft l'Enfant Prodigue. Et moralement celui Pere eft Dieu, & fès deux Enfans font deux manieres de gens au monde : les uns bons, & les autres pécheurs. Par l'Enfant aîné font entendus les Juftes, qui toufiours demeurent avec Dieu leur pere, par grace & par l'Enfant qui defpendent les biens Prodigue, les Pécheurs, receuz de Dieu follement en volupté, & plaię fance mondaine. T'aîné: & prie Dieu d'avoir pitié de ce LE PERE. S'il ne s'amende, feurement, O douleur amere! Je crois fi la mere N'euft point enfanté " Pendant ce tems-là, le Prodigue 1535. conduit par le Ruftre, & l'enfant gâté, va dans une maifon de débauche, où il dépenfe bientôt le peu d'argent qu'il a fur lui. Il court à la maison paternelle, d'où il rapporte quelque argenterie, & de la vaiffelle d'étain qu'il vient de dérober. Son retour furprend la Compagnie, qui ne comptoit plus le revoir. Cependant le Pere apprenant le vol de fon fils, redouble fes foupirs. Oubliez cet ingrat, lui dit fon fils aîné. LE PER E. Certes, mon filz, je n'en puis mais, Voftre mere, dont Dieu ait l'ame, Ce me femble étoit preude femme; Pere, vous eftes abufé, D'aimer fi fort le Hoqueleur (a) Qui vous a du tout déprifé, Et faict au cœur tant de douleur. De fon côté, le Prodigue plus amou reux que jamais, joue avec deux Fi (a) Hoqueleur, Débauché avec excès. Voyez l'explication du mot Hoquelerie Tom. II, pag. 134 loux : ceux-ci s'entendent avec la Gorriere, & fa Compagne, qui fous pré- 1535. texte de le confeiller lui font perdre tout fon argent. Il refte une derniere reffource au Prodigue; il va à fon Pere, & lui demande fa légitime. Le Vieillard la lui remet en pleurant ; & ce misérable ne s'en voit pas plutôt en poffeffion, qui revient la diffiper de la même maniere. Le lendemain ma tin, n'ayant plus d'argent, la Maîtreffe du lieu & les deux filles le dépouillent pour leur payement. , LA GORRIERE le chaffant. FIN-CEUR-DOUX. Venez-vous chercher les Gorrieres (a) Et vous n'avez de quoy fournir ? Le Prodigue fe retire triftement, & n'ofant retourner chez fon Pere, il prend le parti de fervir, & entre chez un Maître, qui le prend pour garder Les cochons, (a) Gorriere, Femme parée, fiere de fa parure. La Grand' Gorre, Habit magnifique des Dames, contre lequel les Prédicateurs du tems décla Ifa moient vivement. |