ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

1535.

LE PRODIGUE habillé en Valer

d'Ecurie.

Sou,

Sou, Sou, Gorret, je m'en vois
Garder les pourceaux dans ces bois.

Malgré fon état, le Maître foupÇonnant que ce Valet peut être d'une condition plus relevée, lui demande qui il eft. Le Prodigue lui fait un fidéle récit de fon malheur, & le Maître en honnête homme, lui confeille d'aller fe jetter aux pieds de fon pere, & de lui demander pardon. En chemin le Prodigue rencontre l'Amy de BonneFoy, qui prévenant l'efprit du Pere l'engage à oublier toutes les fautes de ce fils, & à le reprendre chez lui. Le Pere en effet, le reçoit les larmes aux yeux, avec d'autant plus de joye, que cet Enfant, vraiment repentant, détefte fi parfaitement fa vie paffée; qu'il la donne pour exemple aux Spectateurs, en leur confeillant d'éviter d'y tomber, & termine ainfi la Piece. LE PRODIGUE aux Spectateurs, Veu auffi avez les Mysteres

Du vilain eftat de luxure,

Les pauvretez, & les miferes

Qu'il faut enfin qu'on y endure,

MORALITE

MORALITE'

[ocr errors]

«D'une pauvre Villageoife, laquelle
»ayma mieux avoir la tefte cou-
pée par fon Pere, que d'eftre vio-
fon Seigneur faicte à la
par
»louange & honneur des chaftes
" & honneftes filles, à quatre per-

رو

[ocr errors]

lée

fonnages.

[ocr errors]
[ocr errors]

Ule Theatre accompagné de fon
N Seigneur de Village arrive fur

Valet, & fait entendre à ce dernier
qu'il eft de complexion amoureuse. Le
Valet dit qu'il connoît Efglantine fille
du pauvre Grouxmoulu

LE SEIGNEUR.

Son pere eft à moy tenu,

C'eft ung des hommes de ma Terre,
Et mon Subject. Va toft l'enquerre,
Si d'elle on pourroit finer.

Dy luy, s'elle vient en ma ferre,
Qu'après la ferai marier

Si bien, qu'elle pourra porter
Sainture d'or, robbes fourrées,
Et toufiours

grant eftat mener.
Tome III

G

1536.

Le Valet court chez le bon homme 1536. Grouxmoulu, tire en particulier fa fille, & lui dit le fujet de fa commiffion, Efglantine rejette avec horreur la propofition, & deffend au Valet de fe préfenter devant elle. Ce dernier après avoir rendu compte à fon Maitre du mépris qu'on a marqué pour fes préfens, retourne encore une fois vers la vertueufe fille, & voulant l'emmener de force, elle appelle fon Pere, qui jugeant aisément que le Seigneur n'a d'autre intention que de deshonorer fa fille, menace le Valer de lui décharger fa coignée fur la tête s'il ne fe retire. Le Valet s'enfuit, dit au Seigneur ce qui vient de fe pas fer. Ce dernier forme fur le champ la réfolution d'aller lui-même enlever Efglantine, & de maltraiter le pere de cette fille.

[ocr errors]

(1) Efpece de fabre,

LE SEIGNEUR à fon Valet,
Tiens, prens ce rouge fer moulu ;
Je porterai mon bram (1) d'acier;
Foy que je doy à fainct Richier,
Il aura des coups plus de cent.

&

Le Seigneur & fon Valet entrent dans la cabanne du bon homme Grouxmoulu.

[blocks in formation]

Ah! Mon Seigneur, pour Dieu mercy.
LE SEIGNEUR.

Mercy, coquin? Vous y mourrez,
De coups aurez le corps noircy.

LE PER E.

Mon cher Syre, vous me tuez.

ESGLANTINE.

Ah, mon, Seigneur, pour Dieu, mercy. Eglantine voyant qu'elle ne peut éviter de fuivre le Seigneur, fe jette à fes pieds.

ESGLANTINE.

Seigneur, je vous requiert un don,
Pour Dieu, qu'il ne foit contredit..
LE SEIGNEUR.

Quel don?

ESGLANTINE.
Une heure de refpit.

1536.

1536.

LE SEIGNEUR,

Cela! & que vous peut-il faire ?

ESGLANTINE..

Je vueil à mon pere un petit,

En fecret conter mon affaire.

LE SEIGNEUR, 7

Point ne vueil voftre gré deffaire,
Je fuis content de l'accorder : T
Mais gardez devers moy meffaire.

Efglantine fe retire dans une cham bre avec fon Pere, & le conjure de lui conferver fon honneur en lui coupant la tête. Le Seigneur écoute cela à la porte.

LE SEIGNEUR,

Je fuis icy près à l'escoute,
Mais j'ay de ce que j'oy pitié.

*

Quelque répugnance que fente le Pere à devenir l'homicide de fa fille, it aime cependant mieux commettre ce crime , que de la voir deshonorée. Alors le Seigneur le voyant prêt d'exécuter la priere de fa fille, ouvre la porte de la chambre, & arrête le

coup,

ESGLANTIN E.

Ah! Mon Seigneur, vous avez tort j
Vous rengregez mon defconfort.

« ÀÌÀü°è¼Ó »