1540. » leurs Enfans, qui fouventesfois » fe defcongnoiffent. Le tout par perfonnages.» (a) " Après le Prologue, le Pere & la Mere de l'Enfant ingrat, fe félicitent mutuellement du Fils qu'ils ont, & pour lequel ils amaffent du bien. Cependant, comme il eft à propos d'employer fa jeuneffe, ils forment la réfolution de le mettre chez un Marchand, pour apprendre le Commerce. rifon. L'Auteur Anony- qu'on lui préfentoit pour fa nourriture. Céfaire dic qu'il n'y avoit que treize ans que ce malheur étoit arrivé, & qu'on promena ce jeune homme dans une charette par toute la Province de la Moselle, cherchant inutilement le fecours des Saints. Sa pauvre mere le fuivoit par-tout, & excitoit la compaffion de tous ceux qui les voyoient. (a) On ignore le nom de l'Auteur; car de dire, comme on l'avance dans les Recherches des Théatres, que cette Piéce est d'Antoine Tyron, ce feroit affurer un fait, qui n'a aucun fondement. Ce projet s'exécute tout de fuite; mais le jeune homme accoutumé à faire fes FS40. volontés, ne veut point s'affujettir aux foins qu'on exige de lui. Il quitte le Marchand, & fuivi du Valet de ce dernier, qu'il prend à son service, en courrant le Pays, il trouve un Seigneur de Village fur la porte de fon Château, qui le voyant magnifiquement habillé (car c'eft la premiere chofe à quoi il fonge en quittant fon Marchand) l'invite à venir fe repofer, & l'engage à dîner avec lui. La femme & la fille du Seigneur affiftent à ce repas. LE SEIGNEUR. Or çà, mon beau Seigneur notable, L'ENFAN T. Non. Mais je fuis jeune Compagnon De ce faire une fois capable, Si je treuve lien convenable, Ne doubtez que j'ay bien de quoy. LE SEIGNEUR. Or me dictes, par votre foy 1540. Vous donnoye, par bonne foy L'ENFANT. Par faincte Marie la belle, Comme le jeune homme fe vante que fon Pere & fa Mere lui feront un abandon général de leurs biens, quand il voudra, le Seigneur lui dit qu'il eft néceffaire qu'il les falle venir pour cela, & pour confentir à fon mariage. Le jeune homme va trouver fon pere, & fa mere, leur fait part de la propofition qui vient de lui être faite, & ces bonnes gens l'acceptent avec joye. Le Seigneur reçoit avec beaucoup de politeffe le pere & la mere de fon futur gendre; & après s'être affuré de la donation entiere de leurs biens, en faveur de leur fils, il ordonne à fon Maître d'Hôtel d'aller chercher leCuré. LE MAISTRE D'HOSTEL. Curé, venez légerement Au Chasteau, car Mademoiselle A trouvé un mary pour elle : LE SEIGNEUR au Curé. Ç'à Curé, vous eftes venu, LE SEIGNEUR dit. Maiftre d'Hoftel, expreffément Car je veux pour ce mariage, LE MAISTRE D'HOSTEL. Tant aurez d'efbats honorables. L'Ecuyer du Seigneur va prier fes voifins de venir au feftin. On fert, & tous les Convives prennent place. «Nota, que les Inftrumens fonnent » ce qu'ils voudront. » LE SEIGNEUR. Sus, fus, menons joye planiere 1540. 1540. LE PERE. C'eft ma lieffe finguliere, Et l'espoir de mon fauvement. UN VOISIN. Quelque Farcerie. AUTRE VOISIN. Fefte ne vaut rien autremeut, S'il n'y a Farce ou Mommerie. Icy jouent une Farce, " Enfuite de laquelle, après bien des complimens chacun prend congé des nouveaux Epoux. Le pere & la mere du Marié fe font tellement dépouillés de leurs biens, qu'ils fe trouvent forcés d'aller lui demander quelque fecours pour les aider à vivre. Ils fe rendent à la maison de leur fils, & lui expofent leur mifere. Ce dernier les reçoit avec dureté, & ne leur veut donner qu'un morceau de pain bis. LE PERE. Du pain bis! maudicte fémence, LE FILZ. Corbleu, prenez en patience, Autre chose n'aurez de moy. |