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Cette cruelle réponse accable le pere & la mere de l'Enfant Ingrat: ils reconnoiffent, mais trop tard, la faute qu'ils ont faite, & fe retirent en verfant un torrent de larmes, & en mau diffant leur fils, qui peu touché de leur peine, forme le deffein de les méconnoître, s'ils venoient encore fe préfenter devant lui. Il fe fait apporter un pâté, & il eft prêt à l'ouvrir lorfque fon pere, une feconde fois, vient lui demander quelque chofe pour manger. Le Fils ingrat fait femblant de ne le pas connoitre, & le chaffe avec indignité. Alors le défefpoir s'empare de l'ame du pere: il fort, en fouhaitant toutes fortes de malheur à fon fils; & après avoir rendu compte à sa femme du traitement qu'il vient de recevoir, il renouvelle avec elle les malédictions qu'il a déja prononcées. Après le départ du pere, le fils fe fait fervir le Pâté.

L'ENFANT.

De ce coufteau le vois ouvrir,

Pour fçavoir qu'on y a bouté.

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Notez que icy ouvre le Pafté, & » alors vient un Crapault qui luy cou»vre tout le vifage. »

1540.

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Quel grand crapault ord & infect
Sur fon visage s'eft gectée ?

Le Seigneur qui entend un grand bruit dans la maifon de fon gendre, vient en fçavoir le fujet. Il apperçoit le crapaut qui lui couvre le vifage.

LE SEIGNEUR.

Allez tous les voisins hucher,

Pour regarder que ce peut eftre.

L'ESCU YER.

Venez toft, voisins, noftre Maistre

Eft mort.

LE I. VOISIN..

Allons voir qu'il y a.

LE II. VOISIN.

D'où procede ceste pitié ?

LE MAISTRE

D'HOSTEL.

Pugnition

Divine lui faict cet ennuy.

LE SEIGNEUR.

Et comment ?

LE MAISTRE D'HOSTEL.

Il a aujourd'huy

Son propre pere descongnu,

Qui pour

le veoir eft venu,

Et la fait chaffer devant tous.

Tout le monde fe récrie fur une fi grande ingratitude. On confulte comment on doit agir pour délivrer ce miférable du tourment qu'il endure. Un Voifin confeille de le mener au Curé. mais comme il eft hors d'état de confeffer fon offenfe, le Valet qu'il a pris chez fon Marchand offre de faire le récit de fon forfait. Le Curé ayant entendu la dépofition du Valet, renvoye à l'Evêque, & celui-ci au Pape, qui feul peut abfoudre d'un crime auffi énorme. L'Evêque même accompagne le jeune homme, & comme on affure le Pape, que le coupable eft vraiment repentant, le Souverain Pontife ordonne au Crapaut de se départir de sa face.

fe

« Le Crapault chet ». L'Enfant Ingrat recouvre l'ufage de la parole, jette aux pieds du Pape, confeffe toute l'énormité de fon péché, & le conjure de lui imposer une pénitence.

1450.

1540.

LE PAPE.

Du mal lequel m'a confeffé

Je l'abfouz, mais je lui enjoint

Qu'à deux genoux, joignant les mains
Voise à Pere & Mere crier

Mercy, & pour accomplir
La pénitence, il fera
Ce que l'Evefque luy dira,
Qui de nous fera ordonné,
Après que le pardon donné
De Pere & Mere luy fera.

L'ENFANT.

Je feray ce qu'il vous plaira.

L'Enfant ingrat accompagné de fon Beaupere, de fa femme, de fes amis & de fes Domeftiques, va trouver fon Pere & fa Mere, & obtient le pardon qu'il demande.

LA MERE du fils ingrat.
Au fens moral, Pere qui aura veu
Jouer cecy, au moins regardera
Comme à fon filz, s'il a biens, les defpart.

Fin du Catalogue des Moralitez.

*** ****** ***

CATALOGUE

CHRONOLOGIQUE,

ET EXTRAITS

DES FARCES,

Depuis leur origine, jufqu'en 1548.

A

PRE's avoir donné le Catalogue Chronologique des plus anciens Poëmes Dramatiques qui ont paru en France, fçavoir des Myfteres, & des Moralités, nous fommes obligés de faire la même chofe au fujet des Farces, dont l'invention eft plus nouvelle. On ne peut difconvenir que les premiers Auteurs de ce fpectacle n'ayent plus approché que les autres du vrai Comiques ajoutez qu'on ne fçauroit les accufer d'être plagiaires, & d'avoir pillé les Poëtes Grecs & Latins, qu'ils ignoroient parfaitement: on doit leur accorder la gloire de n'avoir fait que

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