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1548.

(1) Tome I. p. 56.

THÉATRE

DE L'HÔTEL

DE BOURGOGNE.

N de la Paffion poffeffeurs d'un ter

Ous avons laiffé (1) les Confreres

rain de dix-fept toifes de long, fur feize de large, faifant partie de l'ancien Hôtel de Bourgogne, acquife par Jean Rouvet, qui leur en avoit cédé cette portion le 30. Août 1548. (a)

» & promet garentir de » tous troubles & empê» chemens quelconques » à honorables hommes » Jacques le Roy, & Je» han le Roy, Maikres Hermant

» Maçons >

(a) « Pardevant Jehan
» Allart & Philippe Pa-
» lanquin, Clercs, &
» Notaires duRoy notre
» Sire, en fon Chaftelet
» de Paris, fut préfent
» honorable homme
» Sire, Jehan Rouvet,
» Marchand Bourgeois
» de Paris, lequel de fon
» bon gré a confeile a-
» voir baillé & délaiffé
» à titre de rente an-
»nuelle & perpétuelle,
» du tout dès mainte-
nant, & à confiours,

» Jambefort, Maistre >> Paveur & Nicolas » Gendreville Conduc»teur du Charoy, & de » l'Artillerie du Roy » noftre Sire, Bourgeois » de Paris, à préfens » Maiftres & Gouver»neurs de la Confrairie

Cette acquifition faite, les Confreres uferent de toute la diligence poffi- 1548. ble pour mettre leur Salle de Spectacle en état d'y représenter leurs Myfteres. Ils fe flatoient, fans doute, que ceux de l'ancien, & du nouveau Teftament leur feroient permis; car ils mirent fur la porte de leur Hôtel une pierre, abona où étoit en relief le Myftere de la Paf- plus bes prères, fion. Mais le Parlement, en leur ac- Panait l'ontcordant la liberté de continuer leurs y Jeux, leur deffendit en même-tems les Mysteres Sacrés, & ceux des Saints & des Saintes (1). Ainfi les Confreres ref- (1) Voyez trains à ne faire ufage que des Piéces cet Arrêt,

» de la Paffion & Réfur»rection de N. S. J. C. » fondée en l'Eglife de » la Sainte Trinité de » cefte Ville de Paris, "grande Rue Saint De»nis, préfent preneurs » audi&titre..... une "mazure contenant dix» fept toifes de long, fur » feize de large, affize »en cefte Ville, en l'Hof»tel de Bourgogne, n'à»gueres par iceluy Je» han Rouvet bailleur, » acquife le Mardy dix» huit Mars mil cinq »cent quarante-quatre, » pour d'icelle mazure jour à toufiours par ladicte Confrairie

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Tome II. På

2. & fuiv.

» Maiftres & Gouver-
>>neurs préfent & à
» venir d'icelle, moyen-
>>nant la fomme de
>> deux cent vingt-cinq
» livres tournois de ren-
»te annuelle, & perpé-
»tuelle; & ont lefdicts
»Preneurs proinis, ga-
»gé, promettent & ga-
"gent par ces préfentes,
» rendre & payer audit
>> Rouvet fes hoirs &
>> ayans caufse, où au
>> porteur,
dorefnavant
» par chacun an, auxí
» quatre termes en l'an
» à Paris accouftumez.
» Fai&& paffé le Jeudy
» trente Aouft mil cinq
» cènt quarante-hui& ̧»›

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Ky

1548.

profanes, en repréfenterent dans ce genre pendant plus de trente ans, & ce ne fut que vers 1588. qu'ils louerent leur privilége, & leur Hôtel à une troupe de Comédiens.

Ce fait que nous prouverons par les

Lettres Patentes des Rois Henri II François II, Charles IX, Henri III, & par plufieurs Arrêts du Parlement où les Confreres y font nommés feuls, & exécutans des piéces tirées de l'Hiftoire, & des Romans. Ce fait, dis-je, n’a pas été éclairci par les Hiftoriens, qui n'ont point mis d'intervalle entre l'Arrêt du Parlement du 17. Novembre. 1548. & l'accommodement des Confreres avec cette troupe de Comédiens (a). Ainfi, rien n'eft plus sûr que les

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(a) Les Confreres de la Paffion ne pouvant eux mênes exécuter les nouvelles piéces qui ne convenoient plus au titre religieux qui caractérisoit leur Compagnie, accepterent les offres d'une troupe de Comédiens, qui fe forma pour la premiere fois, & qui prit à loyer le privilége de l'Hôtel de Bourgogne. Les Confreres s'y réferverent feulement deux loges, pour

eux, & pour leurs amis : elles étoient les plus proches du Théatre, diftin guées par des barreaux : On les nommoit les Loges des Maiftres. Hiftoire de la Ville de Paris, Tome 11. Liv. XX. En mettant un intervalle de plus de trente ans, entre l'origine de l'Hôtel de Bourgogne, & cette Troupe de Comédiens, dont on para le ici, tous les faits font

vrais; c'eft ce que nous éclaircirons plus bas.

Confreres continuerent leurs Spectacles par eux-mêmes, mais à la vérité avec moins de fuccès que par le paffé: les gens de goût depuis longtems mé prifoient les productions qui paroiffoient fur leur Théatre: Ajoutons, que peu d'années après l'établiffement des Confreres à l'Hôtel de Bourgogne, il parût tout d'un coup cinq ou fix Poëtes, qui firent connoître aux François le véritable genre de ce Spectacle, en compofans des Tragédies, & des Comédies fur le modéle des Poëtes Grecs & Latins. Malheureusement pour les progrès de cet Art, les Latins l'emporterent fur les Grecs, & Sénéque fur préféré à Euripide, Les Sentences, & le langage ampoullé du premier étoient plus à la portée de l'efprit, & de l'Idiome François de ce tems. Ronfard qui avoit francifé le Grec & le Latin dans fes Ouvrages (a) donnoit le ton aux beaux efprits, qui étoient fi grands ad

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1548.

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mirateurs de ce Poëte, qu'on étudioit 1548. la langue dans fes vers. (a) De forte que les barbarifmes de Ronfard, & le ftyle enflé de Sénéque, étoient les bases fur lesquelles toutes les Tragédies furent taillées, non-feulement pendant le cours de ce fiécle, mais encore plus de trente années dans le fuivant.

Malgré les défauts qui regnent dans les Ouvrages Dramatiques des Poëtes dont nous venons de parler, il faut cependant avouer qu'ils ouvrirent une route fort utile à de grands hommes. Sans Jodelle & Grevin, peut-être que Garnier & Théophile n'euffent jamais pensé à devenir Auteurs Tragiques; & fans ces derniers, Mayret, Rotrou & du Ryer n'auroient pas tant donné d'émulation au grand Corneille : c'eft ce que nous ferons voir dans l'ordre

(a) Jean de la Taille, Poëte Dramatique qui vivoit du tems de Ronfard, va nous apprendre le refpect que l'on avoit pour fes Poëfies. « Mais » pour revenir à mon » frere, voyant en lui » un entendement & fça» voir plus grand que le » commun, & qu'auffi » par fon deftin com» mençant à fuivre A»pollon, & les Mufes, >> faifant defia vers La

» tins & François, je lui >>> voulus ouvrir davan» tage l'efprit, & lui » donnant gouft de la >> Poëfie, par les œuvres » de Ronfard, je luí >> communiquai tout ce » que je fçavois de l'Arr » Poëtique. » Par ce que nous apprend la Taille, on doit juger que les autres Poëtes pensoient à peu près de même. C'est ce qu'on verra dans la vie de ces mêmes Poëtes..

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