i on peut affûrer que cette premiere Troupe Françoife, fut fouvent inter- 1588. rompue dans les représentations, par les guerres civiles & étrangeres, qui défolerent le Royaume, particulierement la Ville de Paris, depuis 1588. jufqu'en 1593. Mais lorsque le Roy 1593. Henri IV. fut devenu paifible poffelfeur de fes Etats, tout reprit une face riante, les plaisirs revinrent en foule, & les Comédiens ne furent pas les derniers à reffentir la douceur du regne, & les bienfaits de ce grand Monarque.(a), 1596. Les Foires ont une prérogative de franchise que nos Rois leur ont ac cordé en faveur du Commerce, ce qui fait ceffer pour un tems, & en certains lieux, tous les Priviléges des Corps, ou Communautés. Sur ce fondement quelques Comédiens de Province éle verent un Théatre à Paris, dans les fieux, & dans les tems de la Foire faint Germain, Les Propriétaires de l'Hôtel Histoire de de Bourgogne s'en plaignirent au Lieu laVille de Pa (4) Nous tirons la preuve de ce que nous avançons ici, des Lettres Patentes du Roy Henri IV. données aux Confreres de la Paffion au mois d'Avril 1597, & de l'é- | tabliffement d'une fe- ris. 1596. Traité de la La Mare. tenant-Civil, & firent affigner devant lui les Comédiens Forains. Ils cefferent auffitôt leurs représentations, en attenPolice du dant que le Magiftrat eût levé cet obCommiflaire ftacle; mais pendant l'Inftance, le peuple toujours impatient, & amateur des nouveautés, entreprit de s'en venger fur l'Hôtel de Bourgogne, & il s'y fit des attroupemens & des infolences aux jours ordinaires de la Comédie. L'affaire difcutée en peu de jours,fut enfin jugée par Sentence du 5. Février 1596. Le Magiftrat n'eftima pas que le Privilége exclufif accordé aux Maîtres de l'Hôtel de Bourgogne fut plus fort que les Statuts des Corps des Marchands, des Arts & Métiers de Paris, dont l'effet eft fufpendu en faveur des Forains, pendant la Foire. Ainfi, appliquant ce motif au fujet qui fe préfentoit, & voulant auffi calmer le peuple, & maintenir la tranquillité des Spectacles, il permit, par Sentence, à ces Comédiens Forains, de jouer pendant la Foire faint Germain feulement, & fans tirer à conféquence, à la charge de ne repréfenter que des fujets licites, & honnêtes, qui n'offenfaffent perfonne : comme auffi à condition de payer par chacune année qu'ils joueroient, deux & écus écus aux Adminiftrateurs de la Paffion, Maître de l'Hôtel de Bourgogne ; & 1596. par la même Sentence, faifant droit fur les Conclufions du Procureur du Roy, il fit défenses à toutes perfonnes, de quelque condition qu'elles fuffent de faire aucune infolence en l'Hôtel de Bourgogne, lorfqu'on y représenteroit quelques Jeux; d'y jetter des pierres, de la poudre, ou autres chofes qui pus fent émouvoir à fédition, à peine de punition corporelle, & que cette Sentence feroit publiée à fon de trompe devant l'Hôtel de Bourgogne, un jour de Comédie, & aux lieux que befoin feroit; ce qui fut exécuté. Cette Ordonnance, qui devint dans la fuite une efpéce de loi, porta un coup terrible aux Confreres : ils le fentirent, & crurent le parer, en préfentant une Requête adreffée au Roi Henri IV. dans laquelle, non feulement ils le fupplioient de leur accorder la continuation de leurs Priviléges, mais encore la permiffion de représenter des Myfteres tels que ceux qui avoient parû fous les Regnes des Rois Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII, Louis XII. & François I. Henri IV. par fes Lettres du mois Tome III. L 1597 dre privilege clos mag steres, 1598. d'Avril 1597. en confirmant les Lettres de fes Prédéceffeurs, permit aux Confreres de la Paffion, de donner les Myfteres de l'ancien & du nouveau Teftament & toutes autres piéces honnêtes, & récréatives, avec défenfes à tous autres de les représenter ailleurs que dans la Salle de l'Hôtel de Bourgogne. Ces Lettres furent portées au Parlement qui ne les enregistra le 28 Novembre 1598. qu'à l'égard des piéces profanes, licites, & honnêtes, avec défenfes de repréfenter la Paffion, Pale ni aucun autre Mystere sacré; (a) de (a) « Du 28. Novem- « OC forte que le projet des Confreres fut anéanti par cet Arrêt, puifqu'il les 1598. mettoit dans le cas de jouer eux-mêmes des pièces, pour lesquelles le public depuis longtems marquoit un fort grand mépris, & qu'ils étoient hors d'état de repréfenter, attendu que depuis dix ou douze ans, ils n'avoient point exercé une pareille profeffion. D'un autre côté, une troupe de Co. médiens de Province, qui peut-être étoit venue à Paris, pour y jouir des franchises de la Foire Saint Germain, forma le deffein de s'établir dans cette »ble, avec deffenfes à » ordonne, que lefdit " tes Lettres feront enregiftrées en icelle, "ouy le Procureur Gé»néral du Roy , pour »joüir par les Impétrans » du contenu en icelles, » pour le regard des Myfteres, & Jeux profaaes, honneftes & li & >> cites, fans offenfer ni cla Fan Carret. |