fon fang répandu à terre. Ce Prince ne 1527. s'en eft pas plûtôt frotté les yeux, qu'il recouvre non-feulement la lumiére du corps, mais encore celle de l'ame, & après avoir dit Fy, de fes dieux, il déclare qu'il veut mourir Chrétien. Son exemple eft fuivi par la Reine, & par les Seigneurs & Dames de la Cour. Le Roy de Damas fait complimenter celui de Lyffie, fur fon heureufe converfion & lui envoye un Evêque. D'un autre côté, les Bourreaux conjecturans qu'ils n'ont plus rien à faire à Samos retournent à Diocletian, & lui racontent le changement fubit de Danus. La Treve accordée entre les Rois confédérés, & l'Empereur étant prêt à expirer, ce dernier assemble fon Armée, & marche vers Samos. Le Roy de Damas accourt avec les troupes, & celui de Cananée, quoique Payen embraffe la querelle commune.

Le danger preffant où se trouvent les Lyffiens, n'empêche pas la Reine de Samos de commander une magnifique Châffe, dans laquelle on dépofe, avec cérémonie le corps de faint Chriftofle. Les miracles opérés par fon interceffion, fe répandent avec fuccès, & occafionnent la converfion du Roy de Cananée,

Cananée. Cependant l'armée de Diocletian approche de Samos; on ordonne 1527. à Landureau de monter fur la Tour, & de fe tenir au guet.Mais comme Landurée eft hors de la Ville, il veut la faire rentrer, pour éviter la violence des Soldats. Vas, vas, je ne crains rien, répond-elle. Tes craintes font ridicules, ajoute Pafquelon, en l'obligeant à monter.

Mais je ne fuis pas tout feulet ;
J'ai des compagnons plus de mille,
Autant aux champs, comme à la ville.
C'eft maladie incurable.

Les Chrétiens fe confians aux priéres de faint Chriftofle, vont au-devant des Infidéles, & les taillent en piéces. Cette perte jette Diocletian dans une telle fureur, qu'après avoir invoqué toutes les puiffances infernales, il ajoute, que las de gouverner l'Empire Romain depuis une trentaine d'années,il veut pour changer d'état, être Capitaine des Enfers. Les Diables accourent à fes heurlemens, & à fes blafphêmes, & l'emportent avec Barraquin, qui vient,

B

1527.

par

leur infpiration, de fe donner un coup de poignard. Et la piéce finit par les actions de graces, que les Chrétiens rendent à Dieu, & au faint Martyr, par l'interceffion de qui ils ont obtenu une fi belle victoire.

Voilà la fin du glorieux Mystére.
Sainct Chriftofle,qui pour Dieu tant fouffrit,
Lequel triumphe, comme Martyr en gloire,
Pour ce qu'il fuft ferme en Jefu Christ,

MYSTERE

DE SAINCT ANDRY.

رو

S'enfuyt la Vie & Mystére de Sainc Andry, nouvellement compofée, » & imprimée à Paris : à 86 perfon"nages, dont les noms s'enfuivent » &c. ... . Cy finift la Vie & Myf»tére de Monfeigneur Sainct An» dry, nouvellement imprimée à »Paris, par Pierre (a) Sergent, Li»braire, demeurant en la rue Neuf» ve Noftre-Dame, à l'enseigne de » fainct Nicolas. (b)

"

دو

E Myftére commence de la même

façon que celui de S. Pierre & de S. Paul. Le Sauveur, après avoir affemblé fes Apôtres, & fait plufieurs miracles, envoye faint Matthieu, » pour confondre deux fameux Enchanteurs qui bien loin de fe rendre à fes dif

(a) Pierre Sergent imprimoit vers 1530. V. La Caille, Hiftoire de l'Imprimerie, p. 103.

quarto contenant 61
feuillets, ou 122 pages,
à deux colonnes,
peut comprendre envi-

(b) C'eft un petit in-ron dix mille vers

qui

1530.

cours, paroiffent fort étonnés de fa

1530. converfion.

ZAROE'S Enchanteur, à fon frere
Arphaxat.

Haro! frere, j'ay grande envye,

De Matthieu, qui eft converty,
A ung Prophête fi hardy

Qu'il n'a pas veftu vaillant maille.

Leur obftination oblige l'Apôtre à les livrer au pouvoir des malins efprits. Huet & Burgibus obéïffans à ce commandement, fautent au col des deux Magiciens & les étranglent. (a) Saint Matthieu paffe enfuite à Margondie, où il eft jetté dans une étroite prifon, après avoir eu les yeux crévés. Saint Andry envoyé de Dieu, rend la vûe à fon Confrere. Ces deux Apôtres s'embraffent, & continuent leur faint miniftére. Saint Andry va à Nicomé

(a) Suivant la tradition vulgaire, ce fut en Ethiopie que faint Matthieu, vainquit les deux Magiciens Zaroés & Arphaxat :ces Enchanteurs ne périrent point ici, comme le dit notre Auteur; ils pafferent à Babylone, & fervirent par leur défaite, à illuftrer le triomphe des Apôtres $. Simon & S. Jude.

Voyez Abdias Livre VI. de fon Hiftoire des Apôtres, & Vincent de Beauvais, Miroir Hiftoria!, Liv. IX, Chapitres 78, 79, & 8o. Les Grébans ont été plus exa&is, comme on le peut voir Livre VI, du Mystére des Actes des Apôtres, Tom. II. de cette Hiftoire, p. 417, & suivantes,