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La Tragédie de DIDON fuivit de près les deux Piéces dont nous venons de parler ; & dans la fuite elle fut jouée, ainfi que fes aînées, mais on en ignore le fuccès. Quoi qu'il en foit, Jodelle s'en tint là, & voicy la raifon qu'il en rend. « J'avois des Tragédies, & des » Comédies, les unes achevées, les au>> tres pendues au croc, dont la pluf» part m'avoient efté commandées par » la Roine, & par Madame, fœur du les troubles du temps Roy, fans »euffent permis d'en rien voir, & j'at» tendois une meilleure occafion (a). Souvent les hommes fe peignent dans leurs Ecrits, & y repréfentent leur façon de penfer. Jodelle qui ne vouloit rien devoir aux Anciens pour

رو

que

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1552.

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Son long oubly, qu'en tout réparer il promer.

L'autre tout réfolu, lui dit, (ce qu'à toy;
SIRÉ,

Délaiffé, demi-mört, prefque je puis bien
dire)

Qui fe fert de la lampe, au moins de l'huile y met.

Quoique La Motte dife que la colere plus que la néceffité a dicté ce Sonnet, je ferois fort tenté de croire, que c'eft la derniere qui a fait parler la colere, & ce doute eft fondé fur une Strophe d'une Piéce de Vers faite fur le trépas de Jodelle, qui fe trouve à la fin des Œuvres de cet Auteur.

,

Jodelle eft mort de pauvreté.
La pauvreté a eu puissance

Sur la richeffe de la France.
O Dieu ! quel traict de cruauté !

Le Ciel avoit mis en Jodelle

Un efprit tout autre qu'humain,
La France luy nia le pain,

Tant elle fut mere cruelle.

པུས དུ ན པ ས དུས ང ས དུར ཀ ས སུ ཁུ པུ《 པཱཋ N

CLEOPATRE CAPTIVE, (a) Tragédie d'Etienne Jodelle.

Es Amateurs du Théatre qui cher

Lchent autant l'Hiftorique d'une 1552.

Piéce que la Piéce même, feront bien

(a) En commençant P'ordre Chronologique des piéces de Théatre Tragiques & Comiques, il eft néceffaire d'avertir que nous en avons fupprimé quelques-unes, qui n'ont jamais pû être adoptées par les Comédiens François. Les perfonnes qui ne cherchent que des titres, peuvent confulter ceux qui par leurs Ouvrages blent n'avoir eu d'autre but. Mais nous, renfermés dans les bornes de notre Hiftoire, nous ne cherchons qu'à l'éclairtir, & non à l'embrouiller par des inutilités, dignes fruits d'une pareffe orgueilleufe,

fem

Quelque peu de mérite qu'on trouve aujourd'hui dans les piéces de Théatre de Jodelle, on ne peut cependant lui refufer une forte de génie, d'avoir le premier introduit en France le genre de la Tragédie, & de la Comédie, à peu près dans le goût des Poëtes Dramatiques, Grecs & Romains. Il eft vrai que deux ou trois Auteurs contemporains de Jodele avoient parlé contre les Spectacles des Confreres, & confeillé d'emprunter d'Euripide d'Ariftophane, de Sénéque, & de Terence, des fujets propres auThéatre, mais ces réflexions, & ces con

,

En un triomphe, avecques fes deux femmes 1552. S'occit, &c. (a)

Cette Tragédie eft fi foible,tant pour la conduite que pour la verfification, que nous en terminerons l'extrait par quelques vers que dit Cléopatre, lorfqu'elle a pris la réfolution de fe faire mourir pour éviter d'être conduite à Rome: elle fouhaite qu'on mette fur fon tombeau, & fur celui d'Antoine,

(a) Jodelle dans fes
deux Tragédies, & dans
fa Comédie, n'a point
obfervé la coupe des ri-
mes mafculines ou fémi-
nines. Le 1. Acte de Cléo-
patre eft en vers Alexan.
drins, & tous féminins,
Le II. même mesure de
vers, mais mêlés de maf-
culins & de féminins.
Les III, IV,& V. tantôt
vers de dix fyllabes, &
tantôt de douze avec
mêmes défauts: il n'y a
que les Choeurs qui font
à rimes croifées, & ri-
més exactement. Il y a
apparence que les Poëtes
qui fuivirent Jodelle
dans le même genre,
connurent cette défec-
tuofité, car ils n'y tom-
berent prefque pas. Paf-
quier nous apprend pour
quoi les Tragédies de Jo-

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delle furent ainfi verfifiées. Il a fuivi l'exem» ple de Marot, qui dans » les Poëmes qu'il efti» moit ne devoir pas » eftre chantez. comme » Epiftres, Elégies, Dia

mais

dans fes

logues, Paftoralles, ne » garda jamais l'ordre » de la rime mafculine, » & féminine » feulement » chanfons & Pfeaumes. » Jodelle, à la maniere » des anciens Poëtes » François, n'a que ra»rement eu égard à cet » ordre de rimes. Mais » dans tous les chœurs » qu'il eftimoit devoir » eftre chantés, par de » jeunes gars, ou filles, » il l'a fcrupuleufement » obfervé. Pafquier, Liva VII, Chap. VI.

Icy

Icy font deux Amans, qui heureux en

leur vie,

D'heur, d'honneur, de liefse ont leur ame

afsouvie:

Mais enfin tel-malheur on les vit encourir, Que le bonheur des deux fut de bientoft mourir.

Et elle continue ainfi,

Recoy, recoy moy donc, avant que Célar parte,

Que plustost mon efprit, que mon honneur s'efcarte:

Car entre tout le mal, peine, douleur, encombre,

Soufpirs, regrets, foucis que j'ay foufferts
fans nombre,

J'eftime le plus grief ce bien petit de temps,
Que de toy, ô Antoine, efloigner je me fens.

15520

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