페이지 이미지
PDF
ePub

1571.

fujet extrêmement connu, a été si souvent traité par les Auteurs Dramatiques, & toujours avec un foible fuccès. Nous fommes perfuadés que cet Ouvrage de Guerfens ne doit pas en avoir eu beaucoup dans fon tems; il il y introduit un certain Balthazar, Roi de Babylone, & rival d'Abradate. A peu de chofes près, on peut dire qu'au refte, il a fuivi l'Hiftoire, à la façon des Poëtes du fiécle. Les deux paffages fuivans ferviront à faire connoître le génie, & la verfification de l'Auteur.

Au premier Acte, Balthazar, amant refpectueux, fe plaint des mépris de Panthée, Achate fon Confident lui confeille de tenter la voie des préfens, en l'affurant que ce moyen eft infaillible.

ACHATE.

La richeffe corrompt & la terre & les
Cieux,

Les Manes, les Démons, les Hommes & les
Dieux.

Il n'y a rien de fi Saint qui pour or ne se
change:

Un Diable mesmement par or deviendroit
Ange.

Au Quatriéme Acte, Panthée déplore ainfi la mort d'Abradate,

Tu es donc mort, amy, il faut aussi bien,

morte

Que je te faffe escorte.

Non je ne puis plus vivre; ayant perdu mon

bien,

Pourrois-je vivre bien ?

Non je ne puis plus vivre, ayant perdu

ma vie :

De vivre aurois-je envie ?

1571.

[merged small][ocr errors]

LES GABAONITES,

TRAGEDIE

DE JEAN DE LA TAILLE.

S'il étoit poffible de faire un plus mauvais Poëme que la Tragédie de Saül le Furieux, celui-ci le furpafferoit.

Tome III

1573.

LES MORTS

Diverfes Leçons de Louis Guyon, ".

[ocr errors]

VIVANS,

FARCE ANONIME.

"E

[ocr errors]

N l'an 1550. au mois d'Aouft, un Avocat tomba en telle méTome I. Liv. lancolie, & aliénation d'entendeII. Chap. 25. ment, qu'il difoit, & croyoit eftre » mort à caufe de quoi il ne voulut plus parler, rire, ni manger, ni » mefme cheminer mais fe tenoit >> couché......... Enfin il devint fi » débile qu'on attendoit d'heure à heure » qu'il dut expirer: lorfque voicy arri» ver un neveu de la femme du mala» de, qui après avoir tâché à persua» der fon oncle de manger, ne l'ayant pû faire, fe délibéra d'y apporter quelque artifice pour la guérison, Parquoi il fe fit envelopper en une » autre chambre d'un linceul, à la façon » qu'on agence ceux qui font décédez » pour les inhumer, fauf qu'il avoit » le vifage descouvert, & fe fit porter

כני

[ocr errors]

دو

دو

"

fur la table de la chambre où étoit "fon oncle, & fe fit mettre quatre

رو

cierges allumés autour de lui, & . » avoit commandé aux enfans de la

maison, ferviteurs & chambrieres de » contrefaire les plorans autour de lui. » Somme, la chose fut fi bien exécu»tée, qu'il n'y eut perfonne qui eut pû fe contenir de rire, mefme la » femme du malade, combien qu'elle » fut fort affligée, ne s'en pût tenir, ni » le jeune homme inventeur de cette » affaire, appercevant aucuns de ceux

[ocr errors]
[ocr errors]

qui eftoient autour de luy, faire »laides grimaces, fe prit à rire. Le » Patient pour qui tout cela se faifoit, » demanda à sa femme,que c'eftoit qui » eftoit fur la table: laquelle répondit, » que c'eftoit le corps de fon neveu dé» cédé. Mais, repliqua le Malade, com»ment feroit-il mort, veu qu'il vient » de rire à gorge déployée ? La femme répond que les Morts rioient. Le Malade en veut faire l'expérience fur foy, & pour ce, fe fait donner un mi»roir; puis s'efforça de rire ; & con» noiffant qu'il rioit, fe perfuada que » les Morts avoient cette faculté, qui » fut le commencement de fa guéri» fon. Cependant le jeune homme

[ocr errors]

"

1573.

[ocr errors]

après avoir demeuré environ trois 1573 heures fur cette table eftendu, deman» da à manger quelque chofe de bon: on luy préfente un chapon qu'il dévo» ra avec une pinte de bon vin; ce qui » fut remarqué du Malade, qui demanda fi les Morts mangeoient. On l'af › fura " que ouy: alors il demanda de la » viande, qu'on lui

رو

[ocr errors]

رو

dont il

apporta, mangea de bon appétit. En fomme

» il continue à faire toutes actions » d'homme de bon jugement, & peu à » peu cette cogitation mélancholique » lui paffa. Cette Hiftoire fut réduite »en Farce imprimée, laquelle fur jouée » un foir devant le Roy Charles neuf» viefme, moy y eftant.» (a)

(a) Comme nous ne connoiffons cette Farce que par le récit qu'en a fait Louis Guyon au premier Volume de fes diverfes Leçons, nous avons cru devoir placer la date de fa repréfen

tation vers 1573. On a employé les mêmes termes de Guyon: cela di verfifie un peu les extraits, que nous tâchons de rendre interreffans la plus qu'il eft poffible,

« 이전계속 »