3574.

*******

CORNELIE,

TRAGE DIE

DE ROBERT GARNIER.

Ous ne remarquerons dans cette

N Tragédie que le perfonnage de

(1) C'eft Cornélie (1) dont les fentimens RoCornélie, mains, pour la liberté de la Patrie, font Pompée. affez paffablement exprimés. Mais Cornélie fe contente de pleurer fes malheurs

femme de

& ne cherche point à s'en garantir.

GARNIER, ROBERT GARNIER né l'an 1534. à la Ferté-Bernard, Ville du Maine, fut def tiné à la Jurifprudence, mais foir goût pour la Poëfie Françoife l'emporta fur toutes les autres occupations. Etant encore écolier à Toulouse,il remporta aux Jeux Floraux le prix de l'Eglantine; depuis, donnant l'effort à fon penchant, il s'attacha au genre Dramatique, & compofa huit Tragédies, (a) qui furent

(a) Voici le Catalogue de fes Piéces, avec les dates :

Porcie, 1568.

Hippolyte, 1573.
Cornelie, 1574.
Marc-Antoine, 15782
La Troade, 1579.

Padmiration de fon fiécle. En effet, il méritoit quelques louanges; fes vers 1574 font coulans & châtiés, fes fujets de Tragédies nobles, & les perfonnages peints d'après les Hiftoriens ou Poëtes qui en ont parlé. Ronfard lui donna la palme fur tous les autres.

Quel fon masle & hardy! quelle bouche
héroïque,

Et quels fuperbes vers entens-je ainfi fonner?
Le Liere eft trop bas pour ton front couron-

ner,

Et le Boue eft trop peu pour ta Mufe tragique.

Si Bacchus retournoit au manoir Plutoni

que,

Il ne voudroit Efchyle au monde redonner:
II te chériroit feul, qui peut feul eftonner
Le Théatre François de ton cothurne anti-

que.

Antigone, 1580.
Bradamante, 1582.
Sédécie ou les Juives,
1583.
Nous avons déja parlé

des trois premiéres Tra-
gédies: les autres fe trou-
veront ci-après, fuivant
l'ordre Chronologique.

IS74.

Les premiers trahiffoient l'infortune des

Rois,

Redoublant leur malheur d'une trop baffe voix :

La tienne comme foudre en la France s'ef

carte.

Heureux en bons efprits ce fiécle plantu

reux :

Après toy, mon Garnier, je me sens bienheureux,

De quoy mon petit Loir eft voifin de la Sarte. Dans un autre Sonnet, Ronfard dit:

Par toy, Garnier, la Scene des François, Se change en or, qui n'eftoit que de bois.

Garnier fut d'abord Confeiller au Préfidial du Mans, & devint ensuite Lieutenant-Criminel au même Siége.It mourut au Mans l'an 1590 .âgé de cinquante-fix ans, & fut enterré aux Cor deliers auprès de fa femme, qu'il avoit perdue quelque tems auparavant. Elle s'appelloit Françoife Hubert. La Croix du Maine en fait mention dans fa Bibliothéque, & en parle comme d'une perfonne verfée dans la Poëfie Francoife.

ADONIS,.

TRAGE'DIE FRANÇOISE

1574%

de Guillaume LE BRETON. Viaticrive

Que quel Editeur de cette Tragé

die nous affure qu'elle étoit les

délices du Roy Charles IX. nous ofons cependant dire qu'elle eft des plus mauvaises; comme le fujet eft trop connu, nous n'en donnerons que quelques. paffages.

Au premier Acte, Venus fe reffouvient avec une douleur amere, du tour que Vulcain lui a joué, en découvrant fes amours avec le Dieu Mars.

trongne,

Quand tu me procuras une telle vergongne,
Je n'avois le moyen de seulement cacher

Or puifqu'il m'a braffé tels terribles ef

cornes,

Je lui ferai porter deffus le front des cornes ;
Et ne s'en faudra rien, advienne qui pourra
Ainfi de fes abus l'amende il me fera.

n.387.

Au troifiéme Acte, cette Déeffe pi

1574- quée de ce qu'Adonis lui préfere le plai fir de la chaffe, s'en prend à Cupidon, & le roffe d'importance.

CUPIDON.

O le dos! ô la tefte, ô main appésantie! Jupiter au fecours, ma mere me chaftie. VÉNUS.

Ha! petit boutefeu.

CUPIDON.

Helas! je vous fuppli:
VÉNUS.

Ha! petit impudent.

CUPIDON.

Mettez tout en oubli.

VÉNUS.