Piéces ne parurent cependant impri 1580. mées qu'en 1589. fuivies de la Clytemneftre, retouchée, & mife dans la meilleure forme que l'Auteur pût lui donner (a). Depuis ce tems-là, Matthieu difcontinuant ce genre d'écrire, s'attacha à l'Hiftoire de France, & fut connu d'Henry IV. qui lui donna la place de Du Haillan, avec une penfion. Après la mort de ce Prince, le Roy Louis XIII. ne témoigna pas moins d'amitié pour Matthieu, qui le fuivit au fiége de Montauban. Matthieu y fut attaqué de la maladie qui regnoit dans le camp, & s'étant fait tranf- Lifez-moy, je vous prie, au lieu de ces for nettes Y Les Quatrains de Pibrac, ou les doctes Ta blettes Du Confeiller Matthieu, Ouvrages de va feur, Et pleins de beaux dictons à réciter par cœur. Finiffons l'article de Matthieu par l'éloge que lui donne le fieur de SaintGermain d'Apchon fon ami, dans un Sonnet adreffé à ce Poëte qu'il ofe comparer à Euripide. En voici les fix. derniers Vers. Si Homere vivoit, avec le Mantouan, guide, TY 1580. Cocu ima ginaire, Sce де 1 1580. Ainfy pour un Pindare, un Ovide, on a veu Des Portes,Du Bellay,qui ont toutPinde beu: Pour Sophocle Garnier, Matthieu pour Eu→ ripide. EXTRAIT DE LA TRAGEDIE DE CLYTEMNESTRE. Ave U lieu d'un Extrait fuperflu d'une traduction de Séneque, & d'un fujet extrêmement connu, contentons-nous des paffages fuivans, qui donneront une idée des Vers efronez, & énervez, dont l'Auteur convient que fa Piéce eft compofée. Clytemneftre déclare à fa nourrice que pour punir le mépris d'Agamemnon, elle veut imiter fes infidélités.. CLYTEM NESTRE. Eh bien, ce beau Palais fera-ce une prifon ? Egifte mon foucy plantera le premier Sur fon front eflevé des cornes un cimier. Les efprits defréglez de vous autres toufiours, D'inceftes ou d'adulteres elles fouvent fe Les grandes ont toufiours leurs efprits allu mez De vouloirs non permis, & peu accoustumez. Clytemnestre répond qu'elle ne peut réfifter au doux penchant qu'elle reffent pour Egifthe, & cherche à s'autorifer par des exemples des fiécles précédens, & à venir, qu'elle arrange à fa fantaisie. CLYTEMNESTRE. L'amour furmonte tout, pour luy Jupin la mente, Pour luy Titan pâlit, l'amour chacun tour mente; L'amour furmonte tout : la fille de Cérès Pour cortizer Venus, Mars vers elle fe garbe; Polypheme fe peigne, & prend soin de fa 1580. barbe: Narciffe aime fon ombre, & Pan veut uni 1580. miroir, Hercul Jole fuit. L'amour fait tout paroir. Le brave Scipion, & fur Pergame Atride. cœur Pour repouffer fon dard, qui eft du mien vainqueur. Voici une Scene de tendreffe entre Egifthe & la Reine; elle pourra paroftre finguliere. CLYTEM NESTRE. Tu feras déformais ma plus füre Momic; Tu feras mon Moly, Nepenthe brize en nuyt, Du Parc Hespérien & la garde, & le fruit. Ah! que n'ai-je cent yeux pour t'admirer ! Et que n'ay-je cent nez, pour odorer le bafme, Le Cinnabre, & le Mufc qui de ta bouche fort? Que n'ay-je encor cent mains, pour toucher le beau port |