Philofophie, fe détermine aisément à 1545 l'accompagner. Tribulation fait périr tous les parens & amis de Melchior, & par ce moyen le force à la fuivre: Et Gafpard ne pouvant réfifter aux Confeils d'Infpiration, s'abandonne à fa conduite. Ces trois Puiffances menent de cette maniere les Mages à l'intelli gence Divine: elle les inftruit & leur donne l'Étoile pour guide. C'eft en fuivant ce conducteur, que les trois Rois arrivent à la Crèche, pour y adorer le Maître du monde, & lui offrir des préfens. GASPAR D. J'ay creu, j'ay veu ; mais, Dame,ta parole, Les Mages fe retirent, & fuivant l'avertiffement des Anges, ils s'en retournent, fans passer chez Hérode. ༨ COMÉDIE DES INNOCENTS. Ieu prévoyant la cruauté d'Hé Drode, envoye un Ange à Jofeph, pour lui ordonner de paffer en Egypte avec Marie & l'Enfant Jefus, jufqu'à la mort de ce Roy. La fainte Vierge pénétrée de fentimens de reconnoiffance envers le Seigneur, ne s'occupe qu'à lui en rendre des actions de graces. MARIE. Pere du Filz, dont fuis l'humble fervante, Fille de toy, qui me rend très-fçavante, Qu'en toy y a nom de paternité : Tu m'as fait Mere, & telle je me vante. Que tousiours fuis ta volonté fuyvante. humanité Par pure grace, en moy (a) La fuite de ceci forme le fujet de la Piéce fuivante, intitulée La 15451 Pendant ce tems, Hérode qui craint 1545. que le Meffie, dont on lui vient d'apprendre la Naiffance, ne le chasse un jour de fon trône, prend l'avis des Docteurs, ordonne à fes tyrans de maffacrer tous les petits Enfans de Bethleem, & des environs. Les femmes de la Contrée ignorant cet ordre barbare, fe réjouiffent, & témoignent la joie qu'elles ont d'être meres. LA I. FEMME. Eft-il plaifir à l'Arbre, que de voir Et à la femme eft-il en fon pouvoir LA II. FEMME. Il n'eft ennuy que la femme n'oublie, Que l'ouvroüer elle est du grand facteur, Seigneur, foyez de luy conservateur, Car de bon cœur j'en prens follicitude. LA III. FEMME. Je dois aimer, & ne m'en puis garder, Arrivent les quatre Tyrans d'Hérode, qui malgré les cris & les pleurs de ces tendres meres, égorgent leurs enfans avec la derniere inhumanité. Leur Capitaine vient enfuite rendre compte au Roy de cette cruelle expé dition. HÉRODE d'un air joyeux. Je laiffe à Dieu de tous les Cieux Ce Roy impie reçoit bientôt la peine de fon crime. La Nourrice du jeune Prince fon fils, vient fondant en larmes lui annoncer la mort de cet en 1545. , fant, enveloppé dans le commun maf1545. facre. Hérode paroît ému d'abord mais le defir de vengeance, & de s'af furer une couronne qui ne lui appartient pas, l'emporte bientôt dans fon cœur fur la voix de la nature, & lui fait oublier fa douleur, pour fe livrer tout entier à la joie. HÉRODE. J'ay un filz perdu, Mort mon ennemy. Mon filz & amy. La Nourrice indignée court enfeve tir le jeune Prince. Rachel paroît enfuite, déplorant la mort de fes enfans; Dieu ordonne à fes Anges de lui amener les Ames des Martyrs, qui montans au Ciel, chantent les louanges du Très-Haut. LES AMES DES INNOCENS, Miféricors ; & doux, Du monde, & attirez Au rang des bénoitz Anges. |