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Dramatiques Grecs & Latins, la forme de fes Piéces; mais trop indépendant pour les traduire, ou se rendre propres quelques-unes de leurs beautés, il puisa dans l'Hiftoire & dans l'Enéide les fujets de fes Tragédies, & dans son imagination, celui de fa Comédie.

Cette heureuse hardieffe décrédita à la vérité, & annéantit enfuite le Spectacle des Confreres ; mais elle ne fit pas tout l'effet qu'elle devoit produire fur ceux qui coururent la même carriere que Jodelle. Les uns crurent avoir mérité beaucoup de louanges en imitant fes défauts; d'autres s'en tinrent à traduire fervilement les Poëtes Tragi

ques & Comiques Grecs & Latins. Il faut cependant excepter de ce reproche deux Auteurs, qui fe diftinguerent de ceux dont on vient de parler. Le

pre

mier eft Grévin ; le fecond eft Garnier. Grévin arrangea mieux les plans de fes Piéces que Jodelle, & sa versification fut plus coulante. Garnier, fupérieur de beaucoup à Jodelle & à Grévin, fut encore plus méthodique dans fes plans: il tâcha de peindre, autant qu'il lui fut poffible, les personnages de fes Piéces d'après l'Hiftoire, ou les anciens Poëtes, dont il emprunta fes fujets. Il bannit de fa Poëfie l'enflûre, le galimathias, & les mots Grecs &

Latins que Ronfard avoit francifés, & que fa grande réputation avoit fait adopter par tous les Poëtes de fon fiécle.

Le peu de progrès que le genre Dramatique fit en France depuis Jodelle jusqu'à Garnier, & de celui-ci, jusqu'à Hardy, paroît d'abord affez difficile à comprendre, vû le grand nombre d'Auteurs qui travaillerent pour le Théatre : mais c'est justement de ce grand nombre que naquit la difette des bons Ouvrages. La mode de compofer des Tragédies, ou des Comédies, s'introduifit parmi ceux qui cultivoient les Lettres. Tous voulurent fe fi

gnaler dans le genre Dramatique, & le plus grand nombre n'en avoit pas feulement les premieres notions.

Un Auteur, fans confultér ni fon talent, les Maîtres de l'Art, croyoit devoir joindre à fes Ouvrages, foit en vers, foit en profe, une ou deux Piéces de Théatre. C'étoit le bel air du tems l'espérance de faire repréfenter fes Piéces ne le Aattoit pas,

c'étoit un Bouquet que cet Auteur fe donnoit, & qu'il offroit enfuite à fes amis. Ces amis, encore moins inftruits fur ce genre d'Ouvrage, applaudiffoient de tout leur cœur, & cette approbation engageoit le Poëte

à faire imprimer fa Piéce. A ce manque de talens de la plus grande partie de ceux qui travaillerent depuis 1552. jufqu'en 1600. ( année où fe termine ce Troifiéme Volume) fe joignirent les malheurs des Guerres Civiles de France: ces troubles retarderent les progrès de l'établissement de différens Particuliers, qui fous le titre de Comédiens, avoient pris la place des Confreres de la Paffion, & par conféquent retarderent auffi l'émulation du petit nombre de ceux qui étoient capables de travailler pour ces Comédiens. Ils étoient flattés feulement d'une forte de réputation qu'ils pouvoient ac

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