dans les efprits & dans les cœurs, pour les rendre de plus en plus fertiles en bonnes œuvres.

Tels & plus grands encore font les prodiges que Dieu opére par la voie de fes Miniftres, lorfque la fainteté de leur état leur eft devenue perfonnelle; & que devenus euxmêmes des hommes fans tache, ils portent dans leur cœur la loi de leur Dieu. Mais dégénerent-ils de la perfection du Sacerdoce, ou portentils dans le Sanctuaire, des cœurs gâtés & corrompus; auffi - tôt ils répandent la contagion dans le troupeau, & ne fervent plus que de funefte piege aux brebis de la Maifon d'Ifraël. Elevés fur la fainte Montagne, ce font comme autant de filets tendus pour envelopper les ames fimples, pour les engager dans le péché ou dans l'erreur, pour les y retenir & pour les perdre. Quels ravages, en effet, ne caufent-ils point dans le cœur des Laïques lorfque ceux-ci après les avoir vus dans les compagnies, plus diffipés, plus libres, plus laïques qu'eux-mêmes, les trouvent enfuite à l'Autel, portant

le Corps adorable de J. C. dans des mains fouillées, le recevant fur des langues indifcrettes, & dans des cœurs vendus à l'iniquité? Quel attrait peutonavoir en pareil cas pour fe confeffer à eux? quelle dévotion à entendre Her leur Meffe? quel refpe&t pour la se divine Parole, lorfqu'elle part de he. leur bouche ? C'est bien alors que de ces Miniftres infideles font cet airain fonnant, dont parle S. Paul, & ces or cymbales retentiffantes qui frappent ca l'air inutilement: Factus fum velut es 1. Cor ot fonans, & cymbalum tinniens. Alors 13. 1. ns d'intelligence avec les ennemis du

aut

1

Seigneur, ces faux Prophetes entraî de nent fon Peuple dans l'abyme par le fifcandale de leur vie, comme par un torrent contre lequel peu d'ames er juftes entreprennent de fe roidir. -d Auffi leur demandera-t-on tôt ou Ir tard un compte exact, mais terrible, non-feulement des crimes qui les auront perfonnellement deshonorés ue mais de ceux où ils auront engagé les autres. Doublement coupables, & d'être tombés eux-mêmes de bien haut, & d'avoir procuré, par leur chûte, celle de tant d'ames foibles,

ils feront auffi doublement punis La fainteté de leur état, qui devoit être l'abondante fource de leurs mérites, fe changera pour eux en un abyme de malheurs. Et en effet, s'il eft horrible pour tout homme de tomber entre les mains du Dieu

combien le fera-t-il davantage pour un Prêtre prévaricateur, dont les fautes toujours grieves, parce qu'elles font prefque toujours accompagnées de fcandale, auront autorifé le vice & enhardi le libertinage à fe montrer, parce qu'il fe fera vu introduit jufques dans le Sanctuaire?

Fuyez donc, Miniftres des Autels; évitez ces voies larges & mondaines, où marchent tant de faux Prophetes: craignez le terme fatal où elles vont aboutir. Comprenez qu'être revêtu du Sacerdoce, & être Saint, ne doit précisément être qu'une même chofe dans la loi nouvelle. Refpe&tez déformais un Etat, où bien loin qu'il vous foit permis de vous borner à une fainteté médiocre, il n'eft point de vertu fi héroïque à laquelle vous ne deviez afpirer. Refpectez votre Dieu, qui eft le Saint des Saints

&

a les yeux

& qui ne veut être abordé que par les Saints. Refpectez fon peuple : il fur vous; vous êtes à fa tête, non pour le perdre, mais pour le fauver; non pour le scandalifer, mais pour l'édifier; non pour en faire une victime des vengeances céleftes, mais pour offrir en fa faveur l'Hoftie fainte & fans tache, fur laquelle on vous a tranfmis l'autorité. Refpectezvous enfin vous-mêmes : élevés à la dignité de Prêtres du Dieu vivant, pourriez-vous fans vous dégrader, vous remettre au niveau des peuples de la terre, en prendre les maniéres, en contracter les paffions, les défordres, les vices, la corruption? La lumiere ne dut jamais avoir rien de commun avec les ténébres; & l'on foulera aux pieds le fel, qui devenu infipide, n'aura plus la force de préferver la terre de fa corruption.

CHAPITRE

I I I.

Qu'un Eccléfiaftique doit eftimer fon état, & travailler fans relâche à en acquérir la perfection.

PLU

S. I.

LUSIEURS Prêtres inftruits des prérogatives de leur Sacerdoce, en ont une très-haute idée; mais ils en deviennent plus fenfibles & plus délicats fur le point d'honneur, au lieu d'en devenir plus humbles. Tels, dans la condition où ils font nés auroient confervé la modeftie de leur état, qui n'ont commencé à la perdre, que du moment où ils ont reçu un caractere qui devoit les rendre encore plus modeftes. Il femble que l'habit refpe&table dont ils font revêtus bien loin de leur infpirer cette modeftie qui fied fi bien au Sacerdoce fuffife pour la leur ravir. Semblables en ce point aux Pharifiens, ils exigent, comme eux, des diftinctions marquées, ils aiment les premieres