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ETIENNE FORCADEL

Votre Marot eft tant vif fur les Cieux, Comme icy bas, n'eft pas morte la gloire. Etienne Forcadel mourut en 1573. Il avoit obtenu l'année précédente un privilége pour la réimpreffion de fes poëfies, qu'il avoit revûes & augmentées. Mais ayant été attaqué, peu de tems après, de la maladie qui le conduifit au tombeau, il recommanda à fon fils, L. P. Forcadel, d'exécuter ce qu'il ne pouvoit faire lui-même, & de dédier le recueil de fes poëfies au PrinE ce Charles de Bourbon, fils de Louis de Bourbon, Prince de Condé. Sa volonté fut fuivie. Ses Oeuvres poëtiques parurent de nouveau en 1579. à Paris, in-8°. L'Epître dédicatoire eft datée de la même Ville, le 20 Décembre 1578. Les augmentations qui font dans cette derniere édition, chargent plus ce recueil qu'ils ne l'enrichiffent, & me difpenfent par-là de vous en faire l'énumération. Je vous dirai feulement Poëf. deFor que dans fes Epigrammes il y fait un cad. édit. de grand éloge d'Aymar de Vabres, Secré-1579.p.161, taire du Roi, Poëte François, qui ne nous eft pas connu d'ailleurs, Il est étonnant que Forcadel, qui dans fes poëfies prodigue fes éloges à un grand nombre d'Ecrivains très-médiocres, ne

&

dite pas un mot de Pierre Forcadel ETIENNE fon frere, qui étoit Profeffeur de MaFORCADEL thématiques au College Royal à Pa

ris, & qui a eu en fon tems quelque réputation.

CHARL. DE SAINTE MARTHE.

Charles de Sainte Marthe qui compofa l'Oraifon funébre de Marguerite de Valois dont je viens de vous parler, cultiva lui-même la poëfie Françoife, & même la Latine avec quelque fuccès. Il étoit d'une famille qui eft deveEuvr. poët. nue féconde en gens de lettres. Il naSainte Mar quit à Fontevrault, l'an 1512. de Mathe, p. 56. rie Marquet, foeur de Pierre Marquet,

deCharles de

79. 148.

de S. M.

Seigneur de la Bédouere, & de Gaucher de Sainte Marthe, Sieur de la Riviére, Confeiller & Médecin ordinaire du Roi François I. fi eftimé de fon tems, que Conrad de Lommeau, dans Vie de Scev. fon livre de l'Office de l'Avocat, le nomme feul entre nous & les eftrangers oracle de la Médecine, & un autre Efculape. Charles eut quatre freres, dont il étoit le fecond. Louis fon aîné, Sieur de Neuilly, Procureur du Roi au Siége de Loudun, s'appliqua à la Jurifprudence. Salmon Macrin en fait l'éloge

dans fes poëfies Latines. Jacques, Sieur de Chandoifeau, frere puîné de Char- CHARLES les, pratiqua la Médecine, fut verfé DE SAINdans la langue Grecque & dans les Ma- TE MARthématiques; &, entr'autres ouvrages, compofa la vie de Budée, qu'il avoit eu l'avantage de connoître dès fon enfance.

Charles n'eut pas moins d'amour pour l'étude, & y fit d'auffi grands progrès. Nous apprenons d'une lettre de Leon de Sainte Maure de Montaufier, Chevalier de l'Ordre de faint Jean de Jérufalem, écrite d'Hyeres en Provence le 20 Juin 1540. que Charles demeura quelque tems à Poitiers, qu'il emporta avec lui les regrets de cette Ville lorfqu'il la quitta, qu'il alla depuis en maints lieux où fa réputation le fuivit, qu'il foutint avec courage plufieurs adverfes fortunes ès pays lointains; qu'enfuite il fut reçu honorablement à Lyon, où on le chargea d'enfeigner dans le Collége de cette Ville les langues Hébraïque, Grecque, Latine & Françoife.

Le détail de fes voyages ne nous eft pas plus connu que celui de fes malheurs dont il parle fouvent dans fes poëfies, & qu'il attribue à fes envieux

THE

DE SAIN

THE.

Tout ce que nous favons, c'est que la CHARLES Reine Marguerite de Valois, fœur de TE MAR- François I. Antoine, Roi de Navarre, & la Ducheffe de Vendôme Françoife Eloge de S. d'Alençon, l'honorerent de leur bienM. & vie ci-veillance & de leur eftime particuliére, sée plus haut & l'employerent en diverfes affaires importantes. La premiére de ces deux Princeffes le fit Maître des Requêtes de fon Hôtel, & la feconde lui donna la Charge de Lieutenant Criminel d'Alençon. Ces deux Princeffes étant mortes en 1550. il en témoigna publiquement fa douleur par deux Oraifons funébres qu'il fit imprimer. Il leur furvécut peu, étant mort d'une hémorragie en 1555. âgé feulement de quarantetrois ans. J'ignore s'il a été marié: on voit feulement par fes poëfies qu'il aimoit une Demoifelle d'Arles en Provence, qu'il nomme Beringue, qu'il la recherchoit en mariage, qu'il l'entretenoit souvent tant de la pureté que de la conftance de fon amour pour elle, & qu'il lui prête les mêmes fentimens à fon égard. Mais il ne nous dit pas fi fes vœux furent remplis.

La poëfie qui ne doit fervir que d'amufement, fut une paffion dans Charles de Sainte Marthe ; fes amis & fa famille

1

CHARLES

DE SAIN-
TE MAR-

mille lui en firent des reproches ; il con-
venoit quelquefois qu'ils avoient rai-
fon; mais fon penchant l'entraînoit, &
il faifoit peu d'efforts pour lui réfifter. THE.
Ce qu'il y a de fingulier, c'eft que Guil-
laume Bigot, de Laval au Maine, Mé-
decin & Philofophe, voulant le déta-
cher de la poësie pour le porter à fe li-
vrer aux fciences, & fur-tout à l'étude
des langues, choifit les vers pour blâ-
mer ce genre d'écrire, & engager fon
ami à l'abandonner. La plupart de fes
autres amis n'étoient pas plus confé-
quens dans leurs avis. Ils connoiffoient
fes talens; tous l'exhortoient à les met-
tre à profit, & prefque tous s'empref-
foient de loüer fes vers, & de lui écrire
dans le même genre. Etoit-ce le moyen
de le dégoûter de la poëfie? Auffi Sain-
te Marthe perfévéra-t-il, au moins juf-
qu'en 1540. à cultiver les Mufes.

Ce fut cette année qu'il publia le recueil de fes poëfies à Lyon, où il demeuroit alors. Suivant le confeil de Leon de Sainte Maure, il les adreffa à Madame la Ducheffe d'Eftampes, qui protégeoit les gens de lettres, & de qui l'Auteur reçut plufieurs bienfaits. Ces poëfies font partagées en trois livres. Le premier contient des Epigrammes, Tome XI.

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