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Chap. 38.

leur fidei-commis que je garde c'eft leur derniere & inviolable volonté que j'execute. Pour vous, ils vous ont toujours desherités ; ils vous ont exclus comme des étrangers & des ennemis. D'où vient, au reste, que les Hérétiques font ennemis & étrangers, par rapport aux Apôtres ? fi ce n'eft parce que chacun d'eux enfeigne, & reçoit à sa fantaisie une doctrine toute contraire à la Doc trine des Apôtres.

NEUVIE' ME

PRESCRIPTION.

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L faut donc dire, que ceux-là font les véritables corrupteurs des Ecritures & des Traditions, qui enfeignent une Doctrine diférente de celle de l'Eglife. Les Hérétiques ont voulu enfeigner des chofes nouvelles, & ils n'ont

pu le faire, fans fe mettre dans la néceffité d'altérer les Livres de la Doctrine chrétienne. Comment auroient-ils pu en effet enfeigner autrement que nous, s'ils ne s'étoient déterminés à lire les Livres divins tout autrement que nous, pour pouvoir débiter leurs héréfies Or, comme ils n'auroient pu venir à bout de corrompre la Doctrine, fans altérer les Ecritures; de même nous ne Feuffions jamais confervée faine & entiere, fans conferver dans toute leur integrité les livres qui la contiennent. En effet, qu'y atil dans les Livres facrés qui nous foit contraire? Qu'avons nous inventé de nous-mêmes? Qu'y avons nous inferé de nouveau qui foit oppofé à la Doctrine ancienne? Quel changement y avons-nous fait, foit en ajoutant, foit en tronquant, foit en tranfpofant les mots? Elles font ce que nous fommes nous leur appar

tenons dès leur commencement! leur antiquité eft la nôtre. Comme toute altération suppose une integrité précedente; parce que cette altération vient d'un principe de jaloufie toujours poftérieure & oppofée à ce qu'elle attaque ; très-difficilement auffi un homme de bon fens croira - t'il que nous aïons alteré les Ecritures, dont nous fommes les premiers en poffeffion; il jugera plutôt que cette altération doit être attribuée aux efprits chagrins & jaloux qui font venus les der niers.

Ce font donc les Heretiques qui ont corrompu les faintes Lettres. Les uns en ont tronqué plufieurs paffages : les autres en ont renversé le fens par de fauffes explications. Car, quoique Valentin faffe femblant de recevoir tout le Canon des Ecritures; il n'a pas eu cependant moins d'adreffe que Marcion à combat

tre la verité. Celui-ci l'a attaquée de front, fans ménagement : il a tout emploïé pour la mettre en pieces: il avoit befoin de détruire les Ecritures, pour conftruire fon héréfie. Valentin au contraire les a épargnées à deffein : il a pensé plutôt à fonder fes réveries fur l'Ecriture, qu'à détruire l'Ecriture pour former fes réveries. Dans le fonds, il a plus ajouté & plus retranché que Marcion, par les fauffes interprétations qu'il a données aux paroles, & par le bifarre arrangement qu'il a fait des phrafes, pour y trouver un fens favo rable à fes nouvelles opinions.

39.

Telle eft l'adreffe de ces efprits Chaps de malice, contre lefquels nous avons à combattre. On peut dire qu'ils font comme néceffaires pour faire mieux éclater le triomphe de la Foi; car ils contribuent à manifefter les Elus, & à découvrir les réprouvés. C'eft pour cela qu'ils font & affés habiles, & affés.

heureux pour inventer, & établir leurs erreurs. Artifice néanmoins qu'on ne doit pas regarder comme quelque chofe de fort difficile; puifque nous voïons cent exemples d'une semblable adreffe à défigurer les Livres profanes. Voulez-vous aujourd'hui un Roman tout tiré de Virgile, & où les vers font parfaitement bien appliqués au fujet, & le sujet aux vers la chofe eft aisée : en voici un exemple. Ovide, cet illuftre exilé chés les Getes, n'a-t-il pas compofé une Tragedie intitulée Medée,& toute tiffue des feuls vers de Virgile? Depuis peu encore, un de mes proches s'eft fait un amufement de ramaffer des vers du même Poëte, pour expliquer le Pinax (a) de Cebes. Ainfi on donne le nom d'Homere - Centons à ceux, qui ramaffant plufieurs vers d'Homere, pris de côté & d'autre, & les coufant en (a) Les Tablettes,

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