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TRAITE

DES

PRESCRIPTIONS

CONTRE

LES HERETIQUES.

DE

TERTULIEN.

A trifte conjoncture des CHA P. tems où nous fommes,

m'oblige à vous avertir,

I.

mes Freres, de ne point vous alarmer à la vue des erreurs qui regnent aujourd'hui. Ne vous étonnez pas, de ce qu'on voit tant d'héréfies; l'Apôtre nous 1. Cor. avoit prédit qu'il y en auroit: ni 1. de ce qu'elles détruifent en quel

Chap. 2.

ques-uns la Foi chrétienne; Dieu ne permet les héréfies, que pour éprouver fes veritables Disciples, & rendre ainfi leur vertu plus folide & plus éclatante. C'est donc à tort que plufieurs fe fcandalifent des effets malheureux qu'elles produifent, dans le tems même qu'elles ne font que de naître. Dès là qu'une chose est produite, il faut néceffairement qu'elle reçoive auffi une vertu d'agir proportionnée à ce qu'elle eft: autrement elle feroit, comme fi elle n'étoit pas, puifqu'elle éxifteroit fans fon caractere effentiel.

Nous ne fommes point furpris, par exemple, qu'il y ait des fiévres, puifqu'il y en a en effet ; ou qu'elles brulent le corps d'un malade, puifque c'eft leur proprieté: ainfi, loin d'être furpris que les herefies, dont le propre eft d'afoiblir & de ruiner la Foi,. ayent un fi funefte pouvoir, il

faudroit s'étonner plutôt, que leur nature confifte à agir auffitôt qu'elles commencent d'éxifter, & à ceffer d'éxifter dès qu'elles ceffent d'agir. A la verité nous admirons moins la fièvre, que nous ne la haïffons, comme un mal également dangereux dans fon principe & dans fes fuites : c'eft pourquoi nous nous précautionnons contre elle autant qu'il dépend de nous, quoiqu'il ne' dépende pas toujours de nous de l'éviter. Mais que les héréfies foient capables de caufer la mort à notre ame, & de lui faire reffentir les ardeurs d'un feu infiniment plus terrible, que celui de la fiévre ; c'est ce que plufieurs fe contentent d'admirer, au lieu de fe défendre contre leur pernicieuse efficace, quoiqu'ils en ayent le pouvoir.

En effet, elles ne peuvent rien que fur les efprits fimples, & accoutumés à s'étonner de tout:

car voici ce qui arrive. On fe laiffe aller d'abord à l'admiration; & cette admiration devient bientôt un fujet de fcandale & de chute: ou fi vous voulez, on donne inconfiderément dans une héréfie; on s'y arrête ensuite avec complaifance, comme à quelque chofe de certain ; & l'on fe perfuade enfin, qu'elle n'auroit pu entrer dans l'efprit, fi l'efprit n'en avoit été frappé comme d'une verité infaillible. Il y auroit lieu de s'étonner que le menfonge fût fi capable de pervertir, fi nous ne fçavions par expérience, que l'erreur n'a de pouvoir que fur les perfonnes qui font foibles en la Foi. Quand un Gladiateur est victorieux dans la lute, ce n'est pas toujours qu'il foit le plus brave, ou invincible; mais parce que le vaincu eft foible & lâche : car le victorieux mefure fes armes contre un adverfaise auffi fort que lui, il demeure fouvent

vaincu lui-même. Ainfi les héréfies n'ont d'autre force, que celle qui leur vient de la foibleffe d'autrui; elles perdent leur efficace, lorfqu'elles attaquent une Foi ferme & vigoureufe.

Un second malheur qui arrive Chap. 3? à ces admirateurs fimples & inconfiderés, dont nous parlons, c'eft la furprise que leur caufe l'apoftafie de quelques-uns. D'où vient, difent-ils, que cette femme, que cet homme, gens • gens d'ailleurs fr pieux, fi fagés, fi verfés dans la Doctrine de l'Eglife, se font jettés tout à coup dans un parti? A cela je répons, & quiconque parle de la forte peut auffi fe répondre à lui-même, qu'on ne doit regarder ni comme pieux, ni comme fages, ni comme habiles, ceux que les Hérétiques ont été capables de pervertir. D'ailleurs, faut-il s'étonner qu'un homme, qui dabord fe foutenoit avec fermeté,

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