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contracta, Epicurus cute diftenta, Diogenes barba comante, Socrates coma candente, Ariftoteles brachio exferto, Xenocrates crure collecto, Heraclitus fletu oculis claufis, Democritus rifu labris apertis, Chryfippus digitis propter numerorum indicia conftrictis, Euclides propter men furarum fpatia laxaris, Cleanthes propter utrumque corrofis. Raphael s'eft bien fervi de cette érudition dans fon tableau de l'école d'Athenes. Nous apprenons auffi de Quintilien (a) que les anciens Peintres s'étoient affujettis à donner à leurs Dieux & à leurs Heros la phifionomie & Le même caractere que Zeuxis leur avoir donné, ce qui lui attira le nom de Legiflateur. Ille vero ita circum fcripfit omnia ut eum legum latorem vocent, quia Deorum & Heroum effigies quales ab eo funt tradita, cateri tamquàm ita necesse fit fequuntur.

L'obfervation de la vrai - femblance me paroît donc après le choix du fujet la chofe la plus importante dans le projet d'un poëme ou d'un tableau. La regle qui enjoint aux Peintres comme aux Poëtes de faire un plan judicieux, & d'arranger leurs idées de maniere que Les objets fe débrouillent fans peine

(a) Inft, lib. 12. cap. x.

vient immediatement après la regle qui enjoint d'obferver la vrai-femblance.

SECTION

XXXI.

De la difpofition du Plan. Qu'il faut divifer l'ordonnance des Tableaux en compofition Poëtique & en compofition Pittoref

que.

M

Es reflexions fur le plan des poëmes feront bien courtes, quoique la matiere foit des plus importantes. Ce que l'on peut dire touchant les poëmes de grande étenduë, fe trouve déja dans le Traité du poëme épique par le Pere le Boffu, dans la pratique du Théatre par l'Abbé d'Aubignac comme dans les differtations que le grand Corneille a faites fur fes propres pieces. Ce qu'on peut dire touchant les petits ouvrages de Poëfie eft très-court. S'ils font le recit d'une action, il faut qu'ils aïent, ainfi que les pieces de théatre une expofition, une intrigue & un dénouement. S'ils ne contiennent pas une action il faut qu'il y ait un ordre ou fenfible ou caché, & que les pensées

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y foient difpofées de maniere que nous les concevions fans peine, & que nous puiffions même retenir la fubflance de l'ouvrage & le progrès du raifonne

ment.

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Quant à la Peinture, je crois qu'il faut divifer l'ordonnance ou le premier arrangement des objets qui doivent remplir un tableau en compofition pittorefque & en compofition poëtique. J'appelle compofition pittorefque, l'arrangement des objets qui doivent entrer dans un tableau par rapport l'effet general de ce tableau. Une bonne compofition pittorefque eft celle dont le coup d'œil fait un grand effet fuivant l'intention du Peintre & le but qu'il s'eft propofé. Il faut pour cela que le tableau ne foit point embaraflé par les figures, quoiqu'il y en ait aflez pour bien remplir la toille. Il faut que les objets s'y démêlent facilement. ́Il ne faut pas que les figures s'eftropient l'une l'autre en fe cachant reciproquement la moitié de la tête ni d'autres parties du corps, lefquelles il convient au fujet que le Peintre faffe voir. Il faut enfin que les grouppes foient bien compofez, que la lumiere leur foit diftribuée judicieufement, & que les couleurs lo

cales loin de s'entretuer, foient difpofées de maniere qu'il refulte du tout une harmonie agréable à l'œil par ellemême.

La compofition poëtique d'un tableau, c'est un arrangement ingenieux des figures inventé pour rendre l'action qu'il réprefente plus touchante & plus vraifemblable. Elle demande que tous les perfonnages foient liez par une action principale, car un tableau peut contenir plufieurs incidens, à condition que toutes ces actions particulieres fe réuniffent en une action principale, & qu'elles ne faffent toutes qu'un feul & même fujet. Les regles de la Peinture font autant ennemies de la duplicité d'action que celles de la poëlie dramatique. Si la Peinture peut avoir des Epi

fodes comme la Poëfie, il faut dans les tableaux, comme dans les Tragedies, qu'ils foient liez avec le fujet, & que l'unité d'action foit confervée dans l'ouvrage du Peintre comme dans le poëme. Il faut encore que les perfonnages foient placez avec difcernement vêtus avec décence par rapport à leur dignité comme à l'importance dont ils font. Le pere d'Iphigenie par exemple, ne doit pas être caché derriere

&

d'autres figures au facrifice où l'on doit immoler cette Princeffe. Il doit y tenir la place la plus remarquable après celle de la Victime. Rien n'eft plus infupportable que des figures indifferentes placées dans le milieu d'un tableau. Un foldat ne doit pas être vêtu auffi richement que fon General, à moins qu'une circonftance particuliere ne demande que cela foit ainfi. Comme nous l'avons déja dit en parlant de la vrai-femblance, rous les perfonnages doivent faire les démonftrations qui leur conviennent, & l'expreffion de chacun d'eux doit être conforme au caractere qu'on lui fait fou tenir. Sur tout il ne faut pas qu'il fe trouve dans le tableau des figures oifeufes, & qui ne prennent point de part à l'action principale. Elles ne fervent qu'à diftraire l'attention du fpectateur, Il ne faut pas encore que l'artifan choque la décence ni la vrai-femblance pour favorifer fon deffein ou fon coloris, & qu'il facrifie ainfi la Poësie à la mécanique de fon art.

Le talent de la compofition poëtique & le talent de la compofition pittorefque font tellement feparez, que nous voïons des Peintres excellens dans l'une, étre groffiers dans l'autre. Paul Veronefe

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