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nous,

de la couverture. Ce n'eft pas ainfi que les objets se préfentent à nous dans la nature. Non-feulement ils paroiffent plus petits à mefure qu'ils s'eloignent de mais ils fe confondent encore quand ils font à une certaine distance à caufe de l'interpofition de la maffe de J'air. Les Sculpteurs modernes, en cela mieux inftruits que les anciens, confondent les traits des objets qui s'enfoncent dans le bas-relief, & ils obfervent ainsila perfpective aerienne. Avec deux ou trois pouces de relief, ils font des figu res qui paroiffent de ronde boffe, & d'autres qui femblent s'enfoncer dans le lointain. Ils y font voir encore des païfages artiftement mis en perspective par une diminution de traits, lefquels étant non-feulement plus petits, mais encore moins marquez, & fe confondant même dans l'éloignement, produifent à peu près le même effet en fculpture, que la dégradation des couleurs fait dans un tableau. On peut donc dire que les anciens n'avoient point l'art des bas-reliefs, auffi parfait que nous l'avons aujourd'hui, quoiqu'on voïe des figures admirables dans des bas-reliefsantiques.Telles font lesDanfeufes du Louvre copiées d'après le bas-relief antique

qui eft à Rome, & que tant de Sculp teurs habiles ont prises pour étude.

Je ne trouve donc pas que la recompenfe de l'Algarde, à qui le Pape Innocent X. donna trente mille écus pour fon bas relief, ait été exceffive. Je ferois voir encore que le Cavalier Bernin & Girardon, ont mis autant de poëfie que fui dans leurs ouvrages, fi je ne craignois d'ennuïer mon lecteur. Je ne rapporterai donc de toutes les inventions du Bernin, qu'un trait qu'il a placé dans sa Fontaine de la place Navonne, pour exprimer une circonftance particuliere au Nil; que fa fource fut inconnuë, & que, comme le dit Lucain, la nature n'ait pas voulu qu'on put voir ce fleuve fous la forme d'un ruiffeau.

Arcanum natura caput non protulit ulli',
Nec licuit populis parvum te, Nile, videre.

La ftatuë qui représente le Nil, & que le Bernin a rendu reconnoiffable pat les attributs que les anciens ont affignez à ce fleuve, fe couvre la tête d'un voile. Ce trait qui ne fe trouve pas dans l'antique,& qui appartient au Sculpteur exprime ingénieufement l'inutilité d'un grandnombre de tentatives, que les ansiens & les modernes avoient faites

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pour parvenir jufqu'aux fources du Nil. en remontant fon Canal. L'Allégorie du Bernin, défigne noblement que le Nil a voulu cacher fa fource. Voilà ce qu'on croïoit encore communément à Rome fous le Pontificat d'Innocent X. quand le Bernin fit fa Fontaine. Il eft. vrai que les perfonnes curieufes y devoient avoir déja connoiffance des découvertes du Pere Manuel d'Almeïda & du Pere Hieronimo Lobo, quoique l'hiftoire de la haute Ethiopie du Pere Tellez, qui le prémiér a donné ces décou-. vertes au public, ne fut pas encore imprimée. Elle ne parut que fix ans après la mort d'Innocent X. (a) Mais les rélations, particulieres que les Jefuites Portugais avoient envoïées à Rome, & ce qu'en avoient raconté ceux d'entr'eux qui étoient repaffez en Europe, devoient y avoir appris déja aux curieux comment étoient faites les fources du Nil (b) qu'on avoit enfin découvertes dans l'Abyffinie.

Les faits merveilleux font encore véritables pour les Poëtes de tout genre, long-temps après qu'ils ont ceffé de l'être pour les hiftoriens & pour les autres

(a) Imprimé à Conimbre en 1661.
(b) Hift. d'Etioph. à Alt. cap. 6.

Ecrivains, dont la verité eft le premier objet. Je penfe même que fur beaucoup de faits de Phyfique, d'Aftronomie & de Géographie, les Peintres, les Poëtes & les Sculpteurs doivent s'en tenir à l'opinion 'vulgairement reçûë de leur temps, quoiqu'elle foit contredite avec fondement par les Sçavans.Ainfi le vol de l'hirondelle qui rafe la terre, fera pour le Poëte un vol timide, quoique ce vol foit très-hardi pour Borelli & pour les autres Sçavans, qui ont étudié les mouvemens des animaux. La femelle d'une ruche d'Abeilles fera le roi de l'effain, & on lui attribuera encore tout ce qui peut avoir été dit d'ingénieux fur ce roi prétendu qni ne porte point d'aiguillon. Je ne difconviens point que ces veritez devenant plus communes avec le temps, il ne faille un jour que les Poëtes s'y conforment. Mais ce n'eft point à eux de les établir ni de choquer pour les établir, l'opinion vulgaire, à moins qu'ils n'écriviffent de ces Poëmes que nous avons appellez des Poëmes Dogmatiques,

Fin du premier Volume.

J'a

APPROBATION:

AY lû par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux un Livre imprimé qui a pour titre : Réflexions critiques fur la Poefie & fur la Peinture, qui sont con fiderablement augmentées par des recherches fçavantes & curieufes,deftinées pour une nouvelle édition ; & j'ai crû que cet ouvrage, autant par le merite de la matiere, que par celui du ftile, feroit très-agreable & utile au Public, fur-tour aux Amateurs des beaux Arts. Fait ce vingt-deux Aouft mil fept cens trentedeux.

MOREAU DE MAUTOUR.

PRIVILEGE DU ROT.

L de

OUIS par la grace de Dieu, Roi. de France & de Navarre: A nos Amez & feaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra, Salut. Notre bien amé PIERRE

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