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connut cette décision, le P. Coleridge, directeur du Month, arrêta net la continuation des articles de son collègue. C'était agir en gentilhomme. D'ailleurs, comment discuter lorsqu'on n'est pas d'accord sur la première condition de toute controverse possible, à savoir, sur les moyens d'atteindre la vérité. Tout diffère entre ces deux hommes et les écoles qu'ils représentent (1). L'un n'admet que la logique formelle; chacun de ses pas est précédé commandé, réglé par un syllogisme : l'autre se fie avant tout, et presque exclusivement, aux assumptions inconscientes, aux lumières enveloppées, aur instincts, aux silences, aux murmures de la dialectique personnelle, de la «< logique transcendante » (2). Rien de commun entre eux, sinon une même foi inébranlable, une même soumission à l'enseignement de l'Eglise. Car, sur ce dernier point, Newman ne veut pas être soupçonné. Lui, si indépendant, il désavoue d'avance toute parole qui dévierait de l'orthodoxie la plus rigoureuse. A plus de soixante-dix ans, il est touchant de le voir reprendre ses fameux sermons universitaires, lumière et consolation de tant d'âmes troublées dans leur foi, s'armer d'un méchant manuel de philosophie scolastique, atténuer par des corrections candides les quelques exagérations de langage qu'il

(1) Conflit d'idées, assurément, et non de personnes. Le P. Harper vénérait Newman à qui il se déclarait redevable de sa conversion. Il lui a dédié un volume de sermons.

(2) Grammar of assent, p. 209.

pense trouver dans cette œuvre, et constater avec une joyeuse surprise « qu'aucune de ces erreurs n'est bien sérieuse» (1). Plutôt que de fournir une nouvelle matière aux soupçons, aux défiances qui le harcèlent, il briserait sa plume. Il écrivait en 1864 à son ami Aubrey de Vere : « On ne peut toucher à un sujet sans appuyer un peu et être compris de travers, sans tomber sous la menace de presque toutes les censures de l'Eglise, « erronée», «voisine de l'hérésie », « male sonans » <«< scandaleuse » et « téméraire ». Me voici déjà troublé par quelques insinuations que j'entends circuler au sujet de mon livre. C'est la grande raison qui m'empêche d'écrire. Je n'ai aucun désir à mon age d'être forcé à la controverse et d'épuiser mes forces à me défendre. Je trouve bien dur de ne pouvoir écrire simplement comme un mortel qui n'est pas infaillible et sans que chaque tour de phrase soit pris pour une proposition dogmatique. Ceux qui voudraient me voir ainsi user non la langue des hommes », mais de celle des anges, feraient bien d'avoir eux-mêmes un peu plus de charité. Tout cela en admettant que je me trompe, mais enfin je n'ai pas conscience de me tromper et voyez donc quelle perte de temps, pour prouver qu'en somme, j'avais raison (2). >> On sait de quelle façon Léon XIII sut montrer à Newman que

(1) University sermons, 3e édition, p. x, XI.

« de

(2) Cette lettre vient d'être publiée dans le livre de M. Wilfrid Ward sur Aubrey de Vere, p. 306-307.

Rome ne doutait pas de la pureté de sa foi. Grace à cette initiative pontificale, l'ère des soupçons était finie pour le cardinal. Plaise à Dieu qu'elle ne se rouvre jamais et que, pour nous tous, croire en Newman comme on disait jadis à Orford

soit une façon, une raison de croire à tout ce que l'Église nous enseigne, à toutes et à chacune des

vérités révélées!

Aix-en-Provence, Mars 1903.

AVANT-PROPOS

Au moins autant que le lecteur, j'aurais voulu que la composition de ce livre fût tout à fait impersonnelle et je dois expliquer en peu de mots, comment, et jusqu'à quel point, elle ne l'est pas.

La théorie de la foi est au cœur même de la philosophie newmanienne et je ne pouvais raisonnablement songer à ramasser en un si petit espace tous les textes où ce sujet est entrevu, frôlé, touché, traité directement par Newman. Mais puisqu'il fallait se résigner à une sélection, à des analyses, dans quel ordre disposer ces fragments et ces résumés? Newman essaya bien, sur ses

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