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quoi métamorphosé en Dieu Egyptien il est couronné de guirlandes ; alors la sotte présomption de l'homme pourra comprendre l'usage et la fin de son être, de ses passions et de ses actions; pourquoi il agit et il souffre, pourquoi il est retenu et il est excité; pourquoi, esclave dans ce moment, c'est dans cet autre une divinité.

Ne disons donc point que l'homme est imparfait; que le ciel a tort; disons plutôt que l'homme est aussi parfait qu'il doit l'être : son être est proportionné à son état, au lieu qu'il occupe; son temps n'est qu'un moment; un point est son espace.

que

III. Le ciel cache à toutes les créatures le livre du destin, excepté la page nécessaire, celle de leur état présent; il cache aux bêtes ce l'homme connaît, aux hommes ce que connaissent les esprits : autrement qui pourrait ici bas supporter son existence? Ta volupté condamne aujourd'hui l'agneau à la mort; s'il avait ta raison, bondirait-il et se jouerait-il sur la plaine? Content jusqu'au dernier moment, il broute le pâturage fleuri, et lèche la main qui s'élève pour l'égorger. O ignorance de l'avenir, qui nous est charitablement donnée, afin que chacun puisse remplir le cercle que lui a marqué le ciel qui voit d'un œil égal, étant le Dieu de tous, un héros périr et un passereau tomber; les atômes se confondre, ou les cieux se bouleverser; une bulle d'eau, ou un monde s'évanouir!

Homme, sois donc humble dans tes espérances, et ne prends d'essort qu'avec crainte. Attends ce grand maître, la mort; et adore Dieu. Il ne te fait point connaître quel sera ton bonheur à venir, mais il te donne l'espérance pour ton bonheur présent. Une espérance éternelle fleurit dans le cœur de l'homme : il n'est jamais heureux, il doit toujours l'être. L'ame inquiète et renfermée en elle-même se repose et se promène daus la vie à venir.

Voyez ce pauvre Indien, dont l'esprit ignorant voit son Dieu

The soul, uneasy and confin'd from home,
Rests and expatiates in a life to come.

Lo, the poor Indian! whose untutor❜d mind
Sees God in clouds, or hears him in the wind;
His soul, proud Science never taught to stray
Far as the solar walk, or milky way;
Yet simple Nature to his hope has giv❜n,
Behind the cloud-topt hill, an humbler heav'n;
Some safer world in depth of woods embrac❜d,
Some happier island in the wat'ry waste,

Where slaves once more their native land behold,
No fiends torment, no Christians thirst for gold.
To be, contents his natural desire,

He asks no Angel's wing, no Seraph's fire:
But thinks, admitted to that equal sky,

His faithful dog shall bear him company.

IV. Go, wiser thou! and, in the scale of sense, Weigh thy Opinion against Providence;

Call imperfection what thou fancy'st such,

Say, here he gives too little, there too much!
Destroy all creatures for thy sport or gust,
Yet cry, If Man's unhappy, God's unjust;
If Man alone ingross not Heav'n's high care,
Alone made perfect here, immortal there:
Snatch from his hand the balance and the rod,!
Re-judge his justice, be the God of GOD.

In Pride, in reas'ning Pride, our error lies;

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All quit their sphere, and rush into the skies.
Pride still is aiming at the blest abodes,
Men would be Angels, Angels would be Gods.
Aspiring to be Gods, if Angels fell;
Aspiring to be Angels, Men rebel :
And who but wishes to invert the laws

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Of ORDER, sins against th’Eternal Cause.

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dans les nuées ou l'entend dans le vent. Une science orgueilleuse n'apprit point à son ame à s'élever aussi haut que l'orbe du soleil, et que la voie lactée. Et cependant la simple nature lui donna l'espérance d'un ciel plus bas, au-delà d'une montagne dont le sommet est enveloppé dans les nuages, d'un monde moins dangereux dans l'épaisseur des forêts, de quelque île plus heureuse située au milieu d'une plaine liquide, où ce pauvre esclave retrouve encore une fois son pays natal; il n'y trouve ni les tourments, ni les chrétiens altérés de l'or. Exister satisfait de ses désirs naturels : il ne souhaite point les ailes des anges, ni le feu des séraphins; mais il pense que son chien fidèle, admis dans le même ciel, lui tiendra compagnie.

IV. Toi donc, qui es plus habile, pèse dans les balances de ta raison ton opinion contre la Providence; appelle imperfection ce que tu t'imagines tel; dis, ici Dieu donne trop, là il donne trop peu. Détruis toutes les créatures pour ton goût et ton plaisir; et crie cependant, si l'homme est malheureux, si l'homme seul n'occupe pas tous les soins d'en haut, s'il n'est pas le seul être parfait ici bas, immortel dans le ciel, Dieu est injuste; arrache de ses mains la balance et le sceptre, juge la justice même, et sois le Dieu de Dieu.

anges

des

Notre erreur vient d'une raison orgueilleuse. On sort de sa sphère et l'on s'élance vers les cieux. L'orgueil vise toujours aux demeures célestes ; les hommes voudraient être des anges, et les Dieux. Si les anges qui ont aspiré à être des Dieux sont tombés, les hommes qui aspirent à être anges sont rebelles; et qui veut renverser les lois et l'ordre pèche contre la cause éternelle.

V. Ask for what end the heav'nly bodies shine, Earth for whose use ? Pride answers, « 'Tis for mine: » For me kind Nature wakes her genial pow'r, » Suckles each herb, and spreads out ev'ry flow'r; » Annual for me the grape, the rose renew » The juice nectareous, and the balmy dew; » For me, the mine a thousand treasures brings; >> For me, health gushes from a thousand springs; >> Seas roll to waft me, suns to light me rise;

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My foot-stool earth, my canopy the skies. » But errs not nature from this gracious end, From burning suns when livid deaths descend, When earthquakes swallow, or when tempests sweep Towns to one grave, whole nations to the deep? » No ('tis reply'd) the first Almighty Cause » Acts not by partial, but by gen'ral laws; » Th'exceptions few; some change since all began: » And what created perfect? » If the great end be human Happiness, Then Nature deviates; and can Man do less? As much that end a constant course requires Of show'rs and sun-shine, as of Man's desires; As much eternal springs and cloudless skies, As Men for ever temp'rate, calm and wise.

Why then Man ?

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If plagues or earthquakes break not Heav'n's design, 155 Why then a Borgia, or a Catiline?

Who knows but He, whose hand the light'ning forms ; Who heaves old Ocean, and who wings the storms;

Pours fierce Ambition in a Cæsar's mind,

Or turns young Ammon loose, to scourge mankind? 160
From pride, from pride, our very reas'ning springs ;
Account for moral, as for natʼral things.

Why charge we Heav'n in those in these acquit ?
In both, to reason right is, to submit.

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V. Que l'on demande pour quelle fin brillent les corps célestes, pourquoi la terre existe, l'orgueil répond : « C'est pour moi. Pour moi la nature libérale éveille ses puissances productrices, fait » germer l'herbe et épanouir les fleurs. Pour moi le raisin renou>> velle toutes les années son jus de nectar, et la rose sa fraîcheur » odoriférante. Pour moi, la mine enfante mille trésors. Pour moi la santé découle de mille sources, les mers roulent leurs ondes » pour me transporter, le soleil se lève pour m'éclairer, la terre » est mon marchepied, et le ciel est mon dais. »

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Mais la nature ne s'écarte-t-elle point de sa bonté et de sa fin, lorsqu'un soleil brûlant darde des rayons mortels? lorsque des trem blements de terre engloutissent des villes, et que des inondations submergent des peuples entiers?

Non, répondra l'orgueil. « La première cause toute puissante » n'agit point par des lois particulières, mais par des lois gé» nérales. Les exceptions sont rares. Il y a eu quelques altéra>>tions depuis le commencement, mais qu'y a-t-il de créé qui soit >> parfait? >>

Pourquoi donc l'homme le serait-il? Si la félicité humaine est la grande fin, et que la nature s'en écarte, pourquoi l'homme ne s'en écarterait-il pas aussi? Cette fin n'exige pas moins un cours constamment alternatif de pluies et de beau temps, qu'une révolution continuelle de désirs dans l'homme; elle exige aussi peu de printemps éternels et des cieux sans nuages, que des hommes toujours sages, calmes et modérés ; si des pertes ou des tremblements de terre ne renversent pas l'ordre prescrit par le ciel, pourquoi l'existence d'un Borgia ou d'un Catilina le renverserait-elle ? C'est de l'orgueil que jaillissent nos raisonnements; jugeons des choses morales ainsi que des choses naturelles. Pourquoi blâmer le ciel dans celle-là, et le disculper dans celle-ci? Dans les unes et dans les autres, pour bien raisonner, il faut se soumettre.

Peut-être nous paraîtrait-il mieux que dans le monde physique tout fût harmonic, que dans le monde moral tout fût vertu ; que jamais l'air ou l'Océan ne ressentît le souffle des vents, et que ja

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