constamment refusé d'enregistrer l'Édit de création. En effet, pour être utile & rent plir les fonctions de fa charge, il aut abfolument qu'il faffe partie du College Héraldique. C'eft alors qu'il pourra décider, comme Juge, les conteftations au fujet des armoiries, & que fes jugemens feront exécutés, fous l'autorité du Roi-d'Armes, par les Hérauts. Les guerres, qui furvinrent quelques années après, ayant épuifé le Tréfor-Royal, le Roi Louis XIV fupprima l'Office de Juge-d'Armes; & créa, par Édit du mois de Novembre 1696, une maitrife générale & des maitrifes particulières pour former un armorial général; dans l'espérance de vendre un grand nombre de charges & de tirer des fommes confidérables des enregistremens d'armoiries. Mais cet établissement n'eût aucun fuccès: perfonne ne voulut acheter: on nomma des Commissaires dont le travail n'aboutit qu'à prodiguer, pour de l'argent, des armoiries, les marques diftinctives de la Nobleffe, à des Roturiers de la plus baffe extraction. Les regiftres dépofés à la Bibliothèque du Roi & une foule de Lettres-patentes & d'Arrèts du Confeil, dont je fuis poffeffeur, en font foi. On avoit commencé, quelques années auparavant, les recherches des faux-nobles, dans la même vue. Auffi quand le befoin d'argent ceffa, on fupprima d'abord la commiffion établie pour l'enregistrement des armoiries, & dans la fuite les commiffions pour les recherches: on ne fit point de catalogues des vrais nobles, encore moins des ufurpateurs; quoique le Roi l'eût ordonné formellement par plufieurs déclarations & arrêts. Le motif qui avoit déterminé Sa Majesté à établir ce bon ordre, ne doit pas être paffé fous filence, dans la circonftance préfente, où le pere du peuple daigne defcendre de fon trône, pour aller confulter fes fujets fur les moyens de les rendre heureux. Cet ordre a efté reconnu fi rai>> fonnable & néceffaire, que les ÉTATS DE » LA PROVINCE DE BOURGOGNE l'ont ain » demandé par leur dernier cahier, pré» fenté à Sa Majefté, qui leur a été accordé (1) cc. (1) Arrêt du Confeil d'Etat, du 22 Mars 1666 Ce que le Roi Louis XIV trouva fi raifonnable & néceffaire, ce que les Etats de Bourgogne ont demandé en 1665, les Affemblées Provinciales doivent le demander aujourd'hui. Chargées de la répartition des impôts, c'est à elles à connoître ceux qui, en qualité de Nobles, en devront être exempts. Elles ne peuvent fe procurer cette connoiffance que par des catalogues exacts & faits légalement. Ce remede eft- il moins raisonnable & néceffaire aujourd'hui ? Le mal auquel on a voulu l'appliquer, en 1666, ne subsiste-t-il pas dans toute fa force? Bien-loin d'avoir diminué, n'a t-il pas au contraire augmenté de jour en jour, malgré le rétablissement du Juge-d'Armes, au même état qu'il étoit avant fa fuppreffion, c'est-à-dire, avec pouvoir de juger des blafons an rapport des Hérauts (1)? portant réglement général pour la recherche des ufurpateurs du titre de Nobleffe. (1) L'Edit de rétablissement du Juge-d'Armes eft du mois d'Avril 1701, & n'a été enregistré qu'à la Chambre des Comptes & à la Cour des Aides. Pour [3] Pour opérer une cure radicale, il falloit attaquer, dans fa fource, cette épidémie dangereuse. La négligence des Rois-d'Armes à faire les fonctions de leur charge a, feule, caufé le défordre le Roi Louis XV le reconnoit dans fon Ordonnance du 29 Juillet 1760, que j'ai citée dans mes Remarques (1); il ne faut donc pour le réformer qu'ordonner, avec toute la févérité que le bien public exige, que le Roi-d'Armes faffe fon devoir. Ce n'est pas une nouveauté à introduire ; c'est remettre en vigueur une ancienne & sage institution, faite à peu-près à la même époque dans toutes les Monarchies, & qui n'a dégénéré qu'en France. Le Roi-d'Armes y étoit anciennement, & n'auroit jamais dû ceffer d'y être, comme font encore aujour d'hui en Angleterre, le Comte - Maréchal, & en Allemagne le Grand-Hérald. (1) Page 73. CHAPITRE IV. Dans quelle claffe de Gentilshommes doit étre choifi le chef du College Héraldique. TOUTES OUTES les circonftances femblent concourir, dans ce moment, pour faciliter les moyens de rendre à la charge de Roid'Armes fon ancien luftre. Elle est à vendre : elle m'a été propofée. Trente années d'étude ont pu me procurer les connoiffances néceffaires pour en bien remplir tous les devoirs de profondes recherches, faites avec foin dans de très - anciens manufcrits de la Bibliotheque du Roi, m'ont mis dans le cas de les connoître parfaitement. Mais une charge de cette importance ne peut être donnée qu'à un Gentilhomme d'ancienne race, qui joigne au mérite de la naiffance une certaine étendue de lumieres & furtout cet efprit d'ordre qui est nécesfaire à un Chef, pour furveiller les travaux des Officiers fubalternes. Il faut encore qu'il |