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nous ne craignons pas d'affirmer que la critique biblique, en faisant toucher du doigt les progrès lents et difficiles de l'éducation religieuse que Dieu, dans sa miséricorde, a voulu donner à l'humanité, doit inspirer l'humilité de l'esprit, une grande indulgence pour ceux qui se trompent involontairement, une profonde gratitude pour le Maître suprême qui n'a pas voulu nous abandonner à nos propres ressources et qui a placé devant nous, pour nous guider à travers le désert de ce monde, une colonne de lumière, l'enseignement toujours ancien et toujours nouveau de son Église.

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Un prêtre du diocèse de Spire, M. P. Dausch, vient de publier, sur l'inspiration des Écritures, une étude importante, qui a été couronnée par la Faculté de théologie de Munich. Le titre du livre est ainsi conçu : Die Schriftinspiration. Eine biblisch geschichtliche Studie, L'inspiration des Écritures. Étude biblico-historique. » Nous ne trouvons pas là, en effet, un traité dogmatique, mais une histoire du dogme de l'inspiration. L'auteur justifie sa méthode par de bonnes raisons, et il l'a très heureusement appliquée il fait suivre à son lecteur l'idée de l'inscription scripturaire depuis ses origines jusqu'à nos jours.

I

M. Dausch partage en deux grandes périodes l'histoire du dogme de l'inspiration: la première période, durant laquelle le dogme se développe sans 1. Enseignement biblique, mars-avr 1892.

être discuté, s'étend' depuis les origines jusqu'à l'époque de la réforme; la seconde période commence au temps de la réforme et dure encore. C'est la période de discussion, caractérisée par le développement systématique de l'idée de l'inspiration ». Pourquoi ne fait on pas remonter ce développement à l'âge de la scolastique? C'est que les théologiens du moyen âge se sont occupés beaucoup plus du contenu des Écritures que de leur origine; ils ont laissé au second plan la question de l'inspiration et ne l'ont guère traitée ex professo, mais plutôt d'une façon indirecte, en exposant les notions générales de révélation et de prophétie.

Dans la période moderne, M. Dausch montre ce qu'est devenue la doctrine de l'inspiration chez les protestants et les rationalistes, puis dans l'Église catholique. L'intérêt s'accroît naturellement à mesure qu'on se rapproche du temps présent. Il y a, en particulier, un article assez curieux sur les notions << trop larges » de l'inspiration, bien que d'ailleurs cet article soit plus intéressant par son contenu historique, et à titre de renseignement, que par la critique des opinions qui y sont rapportées. Peut-être même y a-t-il çà et là telle donnée de fait qui réclamerait de meilleures preuves, par exemple cette assertion : « Dans plusieurs séminaires de France, au dire de la Controverse (mars 1886), on enseigne comme probable la limitation de

l'inspiration réelle, et on conclut que peut-être les livres historiques tels, que les Rois, les Paralipomènes, etc., ne sont inspirés et exempts d'erreur que dans les parties morales et dogmatiques. » M. Dausch aurait dû prendre un supplément d'information avant de compromettre la bonne renommée de nos séminaires. Il y a aussi plus d'une nuance entre les opinions d'Erasme, de Lenormant, de M. l'abbé de Broglie, du P. Caussette, de Mgr Clifford, qui sont réunis dans le même paragraphe, avec les séminaires incriminés par la Controverse.

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Mais ce qui manque surtout, dans cette partie, disons-le sans détour, c'est un jugement personnel sur les auteurs contemporains qui ont professé des opinions «< trop larges » au sujet de l'inspiration. Les motifs qui ont conduit ces écrivains à émettre des idées neuves, ou, pour mieux dire, à chercher de nouvelles formules pour expliquer le dogme de l'inspiration, sont tout ce qu'il y a de plus respectable au monde. Hommes de science, ils ont eu le sentiment très vif des dangers qu'une interprétation trop étroite de certaines données scripturaires et du dogme de l'inspiration pouvait faire courir de nos jours à la foi des gens éclairés. Ils ont cherché à résoudre de la façon la plus satisfaisante pour la tradition et la raison les difficultés de la Bible. Ils ont pu se tromper; mais ils ont droit à ce qu'on interprète leur pensée dans le sens le plus favorable.

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Ainsi lorsque Lenormant écrit : « La doctrine chrétienne distingue dans la Bible, comme deux choses différentes, la révélation et l'inspiration. Tout y est inspiré, tout n'est pas révélé », il n'y a pas lieu de trouver à la dernière proposition « un son radical ». Les tenants de l'opinion que M. Dausch appelle «< dominante » en disent tout autant.

De même, ce n'est pas comprendre la pensée de Lenormant ni le véritable état de la question traitée par lui dans ses Origines de l'histoire, que de déclarer l'inspiration supprimée par le seul fait que d'anciennes légendes chaldéennes auraient eu leur écho dans la Bible et serviraient, en quelque sorte, d'expression sensible aux vérités révélées. Lenormant n'a pas nié l'inspiration des premiers chapitres de la Genèse; il a proposé un moyen nouveau de les interpréter sans violenter le texte et sans mettre la Bible en contradiction avec la science. Le problème qu'il traite est un problème d'exégèse, non un problème de théologie. Si les chapitres dont il s'agit ne sont pas rigoureusement historiques, c'est qu'ils n'ont pas été inspirés pour contenir une histoire exacte, mais ils ont été inspirés pour être ce qu'ils sont. S'il est vrai que le cadre de certains récits ait été fourni à l'écrivain sacré par d'anciennes légendes venues de la Chaldée, et que ces légendes ne pré

1. Origines de l'histoire, I, xvi.

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