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l'histoire iahviste, est jeté par ses frères dans une citerne d'où il est retiré par des Madianites qui l'emmènent en Égypte, Égypte, et qui, d'après l'histoire élohiste, est vendu par ses frères à des Ismaélites; tandis que, dans la compilation, ce sont ses frères qui le retirent de la citerne pour le vendre. En ce qui regarde les lois, le P. Lucas accorde que la formule: «Moïse a écrit », ne prouve pas que le Deutéronome, dans sa forme actuelle, soit l'œuvre de Moïse; mais si la loi de l'unité de sanctuaire, qui est l'élément principal de la législation, appartient aux derniers temps de la monarchie, pourrat-on expliquer par « le langage commun» l'attribution mosaïque? Sur ce point encore il faudrait une explication.

Le Dr R. F. Clarke a répondu au désir du P.Lucas. Il commence (Tablet du 6 novembre 1897) par établir la doctrine de l'inspiration économique, distincte de l'inspiration limitée aux choses de foi et de mœurs, qui est une doctrine condamnée, et de l'inspiration verbale (au sens judaïque), qui suppose toute vérité dans la Bible. L'auteur inspiré est l'instrument de Dieu en tout ce qu'il écrit, mais il n'est pas éclairé sur toutes choses. Cette théorie est-elle conforme à l'Encyclique Providentissimus Deus (disciplinary Encyclical)? Le second passage allégué par le P. Lucas lui est-il si défavorable? Le Dr Clarke proteste contre l'expression

«erreur

relative», et il se défend d'attribuer des erreurs relatives à l'auteur inspiré comme auteur inspiré, celui-ci ne les propose pas avec autorité; il peut les rapporter, non les faire siennes ; ce qui ne l'empêche pas, si on considère les choses au point de vue subjectif, de partager les opinions de son temps que la science d'aujourd'hui trouve erronées.

Le P. Lucas ne voulait certainement pas dire autre chose, en parlant d'erreur relative, et il le disait plus clairement que le Dr Clarke. Il n'y a pas erreur, parce que l'auteur sacré n'a pas eu intention d'enseigner telle opinion courante qui se trouve servir d'accompagnement ou même de véhicule (les six jours de la création) à l'enseignement qu'il veut donner. Objectivement, et eu égard aux connaissances de l'antiquité, la Bible est sans erreur bien que, subjectivement, et par rapport à la science d'une autre époque, l'auteur inspiré n'en soit pas exempt. Par une lettre publiée en date du 13 novembre 1897, le P. Lucas se déclare satisfait de ces explications générales. Aux paroles un peu dures du docteur Clarke, sur « l'erreur relative », il répond avec une mansuétude où l'on devine à peine une toute petite pointe d'ironie; c'est à peu près le style de saint Augustin écrivant à saint Jérôme.

Rendant compte, dans le Tablet du 20 novembre 1897, de publications concernant l'Ancien Testament, le P. Lucas revient sur la question de l'inspiration

et avoue que les résultats vrais ou présumés de la critique biblique doivent nous rendre circonspects. Il est permis, dit-il, de se demander s'il est bien probable que Dieu ait voulu initier les auteurs inspirés à des procédés de composition historique, impliquant un examen critique de leurs sources, qui auraient été absolument en dehors des habitudes littéraires du

temps. Il était suffisant pour le salut que les récits donnassent une impression fidèle des conduites de Dieu à l'égard de l'humanité, du dessein providentiel dont le peuple juif a été l'instrument, et c'est chose d'intérêt très secondaire que le nombre des théophanies ait été juste celui que suggère une première lecture de la Genèse et de l'Exode.

Ainsi le P. Lucas fait bon marché des doublets. Il reste toujours indécis à l'égard des lois. Mais il n'en déclare pas moins qu'un savant catholique n'a pas le droit de soutenir, à l'heure présente, pour des motifs a priori, que les conclusions défendues par la majorité des critiques doivent être rejetées. Nous sommes loin, très loin, du P. Méchineau. C'est « au moins une hypothèse possible », que l'inspiration n'ait pas réprimé la tendance à représenter comme venant de l'antiquité telles prescriptions dont le germe seul remontait aux temps primitifs. Si les critiques ont raison, le fait serait à expliquer par cette hypothèse, par une « économie » de la Providence. L'incarnation elle-même n'est-elle., pas une accommodation de Dieu à l'humanité?

Le Dr Clarke reprend la parole dans le Tablet du 27 novembre, pour développer sa théorie de l'inspiration économique, théorie qui serait évidemment, d'après lui, celle de l'Encylique Providentissimus Deus. Nous savons déjà que le Dr Clarke, à la différence du P. Lucas, n'a pas, dans son arsenal théologique, la notion de la relativité : c'est peut-être pour cela qu'il trouve dans l'Encyclique même une théorie qui n'en est sans doute que l'explication, ajoutons, si l'on veut, la meilleure explication qu'on en puisse donner dans l'état présent de la science biblique. Il ne voit pas que l'Encyclique n'a pas formulé de théorie sur l'inspiration, mais qu'elle a affirmé des principes dogmatiques antécédents et supérieurs à toute théorie 1. La description de l'éco

1. Isidore Desprès, auteur pseudonyme du présent article, a développé ailleurs (Revue du clergé français, 1er juin 1900) la distinction qu'il indiquait ici. Les documents pontificaux n'ont pas un caractère plus absolu que les enseignements de l'Écriture, et il n'y a pas plus de raison pour que l'historien impute à leurs auteurs une autre pensée que celle qui résulte des textes mêmes, sainement interprétés. Bien que plusieurs personnes l'aient blâmé, Desprès ne croit pas avoir été répréhensible en montrant qu'il ne fallait pas confondre le sens historique des instructions de Léon XIII, et leur portée doctrinale, le programme pris à la lettre, et l'application possible de ses principes, la formule traditionnelle, reproduite dans les déclarations romaines, et l'adaptation de la croyance ancienne au mouvement de la pensée moderne. N'y avaitil pas alors plus d'un avantage à marquer avec précision ce qui était le sens propre des lettres pontificales, ce qui pouvait en être un commentaire vrai, bien que non autorisé par la teneur de ces lettres, et ce que le Pape avait expressément blàmé chez les critiques catholiques?

L'Encyclique Providentissimus Deus pouvait être interprétée sui

nomie biblique ne laisse pas d'être très remarquable, sinon pour les idées principales, que le Dr Clarke

vant deux méthodes : la méthode critique, si l'on voulait seulement déterminer les opinions, les intentions, l'état d'esprit des théologiens qui en avaient préparé la rédaction; et la méthode proprement théologique et canonique, si l'on voulait définir la juste portée du document en tant que texte de loi, expression officielle de la tradition ecclésiastique touchant la notion de la Bible et les règles de l'herméneutique sacrée. Ces deux méthodes étaient également légitimes, mais elles pouvaient n'être pas également opportunes. Desprès n'a employé la première qu'avec réserve, et tard, sous la pression des événements; s'il ne l'a pas employée d'abord, c'est qu'il ne pouvait pas ne pas voir combien ce procédé laissait de problèmes en suspens, combien il ouvrait de place aux objections contre le programme tracé par Léon XIII, combien il laissait l'exégèse et l'apologétique catholiques dans l'impuissance et l'humiliation devant la critique protestante, déjà si orgueilleuse, et devant la science incrédule, si prompte à exploiter contre l'Église toute méconnaissance de la vérité scientifique. L'autre méthode est celle qui est communément usitée dans l'interprétation des textes législatifs, où l'on n'a pas égard aux préoccupations et aux opinions personnelles des rédacteurs, mais seulement au sens du document pris comme expression de cette volonté impersonnelle qui est la loi. Cette méthode a toujours été ordinaire en théologie; et comme les représentants de l'autorité administrative et judiciaire, en appliquant les lois, tiennent compte d'une infinité de circonstances que les législateurs n'ont pu prévoir, les théologiens aussi, en interprétant les formules dogmatiques, tiennent compte de circonstances intellectuelles et morales auxquelles ne songeaient pas ceux qui ont promulgué la doctrine. Ainsi s'expliquent les interprétations « larges » que presque tous les catholiques, en France et en Angleterre, ont données de l'Encyclique Providentissimus Deus. L'Encyclique au clergé de France, du 8 septembre 1899, obligea Desprès à expliquer le véritable rapport de ces interprétations avec le texte qu'elles voulaient commenter. Il croit avoir fait ainsi une chose utile, et il ne voit pas comment il aurait pu honnêtement, dans la circonstance, dire autre chose que ce qu'il a dit. (Note ajoutée dans la présente édition.)

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