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gardent comme des erreurs, & qu'ils apellent eux-mêmes le fchifme de Luther: Schifma Lutheranum.

Comment peuvent-ils donc alleguer les progrès d'une fecte comme une preuve de la miffion extraordinaire de fon auteur, eux qui pretendent que cé progrès fe trouve & compatit dans Luther avec un efprit fchifmatique par lequel il a toujours traité les Sacramentaires d'heretiques;qu'il compatit avec les outrages qu'il leur a faits; qu'il compatit avec la doctrine de la prefence réelle qu'il a foutenuë jufqu'à la mort? Pourquoi donc ne pourroit-il pas compatir avec une ufurpation facrilege du miniftere Ecclefiaftique, qui n'eft qu'un crime de même nature que tant d'autres dont ils le déclarent coupable?

Il est donc visible que les Miniftres parlent contre leur propre confcience, & contre les lumieres du fens commun, quand ils nous alleguent ce progrès pour preuve de la miffion extraordinaire des auteurs du Calvinifme, & que l'on a droit de conclure que n'en aïant point d'autre que celle-là, ils n'en ont point du tout ; & qu'ainfi ils font coupables de la même têmerité & de la mê

me

me extravagance, en s'attribuant le miniftere Ecclefiaftique, que le feroit cet homme dont nous avons parlé, qui pretendroit que Dieu lui auroit donné tous les Roïaumes du monde, & qui voudroit qu'on l'en crut à fa parole, quoiqu'il ne fit aucun miracle pour le prou

ver.

Mais l'impuiffance où font les Miniftres de juftifier par des miracles leur pretenduë miffion extraordinaire de Dieu, ne montre pas feulement qu'on feroit temeraire de s'y foumettre, & qu'ils n'ont aucun droit d'en exiger la creance, puifqu'ils n'en fauroient produire aucun titre ; elle prouve de plus abfolument qu'ils n'en ont aucune, qu'ils font manifeftement ufurpateurs de l'autorité paftorale qu'ils s'attribuent, & que la hardieffe qu'ils ont euë d'affembler des Eglifes, & d'excommunier les Pasteurs de l'Eglife Romaine, eft un attentat facrilege qui fuffic pour faire condamner leur focieté par tous les Chrétiens.

La raifon en eft, qu'il feroit contraire à la juftice & à la verité de Dieu, qu'il eût donné cette autorité & cette miffion extraordinaire à ces pretendus Réfor

Réformateurs, & qu'il ne l'eût pas accompagnée de miracles, ou de quelqu'autre preuve auffi divine & auffi certaine, qui nous affurât qu'il la leur auroit effectivement donnée. Car s'il la leur avoit donnée, il auroit en même-tems obligé les peuples de la reconnoître; puifque l'autorité des Pafteurs eft relative à l'obéiffance des peuples, & qu'il eft impoffible que Dieu donne à quelques-uns le droit de commander, fans impofer aux autres la neceffité d'obéir. Or il eft visiblement contre la juftice de Dieu, d'impofer à quelqu'un la neceffité d'obéir, fans lui donner en même-tems des marques certaines pour difcerner celui à qui il doit obéir, & reconnoître qu'il est son Pasteur legitime.

C'eft fur cette loi de la justice éternelle, que J. C. même déclare dans l'Evangile, , que s'il n'avoit pas fait devant les Juifs les œuvres miraculeufes qu'il avoit faites, ils n'auroient pas été coupables de ne le pas reconnoître pour Meffie. Ainfi le deffein que Dieu auroit eu d'obliger les peuples à reconnoître dans les nouveaux Réformateurs une autorité extraordinaire, qui pro

cedat

cedât de fa pure volonté, eut enfermé une neceffité indispensable de donner à ces peuples des preuves claires & convaincantes de cette autorité, afin de les obliger à la reconnoître.

Il y a en cela un devoir reciproque entre Dieu & les hommes, fondé fur la juftice même de Dieu. Les hommes doivent à Dieu de reconnoître ceux à qui il confie le miniftere évangelique, de les honorer comme leurs Pasteurs, de s'affembler avec eux, de recevoir les Sacremens de leurs mains, de les affifter de leurs biens temporels : Et Dieu doit aux hommes de leur rendre ces Pasteurs reconnoiffables, en leur donnant des marques pour les difcerner des ufurpateurs. Or comme cette autorité paftorale, quand elle eft extraordinaire, ne peut être découverte par les fens, ni par la raifon, & qu'il n'y a aucun évenement humain qui en dépende neceffairement, il eft clair que pour en affurer les hommes, il est neceffaire que Dieu manifefte cet ordre par quelques effets miraculeux, & que tous les effets naturels & ordinaires font incapables de le prouver.

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ni

Ainfi les miracles, ou d'autres effets fur

furnaturels qui aïent la même force, font abfolument neceffaires à toute miffion extraordinaire, parce qu'autrement il s'enfuivroit que Dieu obligeroit les hommes de croire ce que la droite raison les empêcheroit de eroire. De forte que comme il eft constant par l'aveu de tout le monde, que la pretendue miffion des Calviniftes n'a été accompagnée d'aucun miracle; il ne s'enfuit pas feulement que nous n'avons nulle obligation de la croire,mais il s'enfuit que nous avons obligation de ne la pas croire. Aufli les Peres fe font fervis de ce defaut de miracles, comme d'une preuve convaincante, pour rejetter les auteurs des nouveautez. Novatien, dit S. Pacien, a-t-il parlé des langues inconnues? a-t-il prophetifé? a-t-il reffufcité des morts Car il devoit être revêtu de quelqu'un de ces dons miraculeux, pour avoir droit d'introduire un nouvel Evangile. Et c'est fur ce même fondement que Tertullien Depraf aïant demandé à Hermogene & à Nigi- criptom dius, qu'ils montraffent qui leur avoit donné l'autorité qu'ils s'attribuoient & qu'ils fiffent voir qu'ils étoient de nouveaux Apôtres, probant fe novos

Apofte

C. 301

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