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niftres qui n'ont été ordonnez que par des laïques ou par des Prêtres, abfolument renversée, puifqu'ils font tous de l'un ou de l'autre genre. Il ne refte plus que celle de quelques-uns des premiers Réformateurs, dont il eft vrai que l'Ordination étoit legitime; puifqu'ils l'avoient reçue dans l'Eglife Romaine. Mais ils ne peuvent en aucune forte fonder l'autorité des Pasteurs, qu'ils fe font attribuée, fur cette Ordination qu'ils avoient reçue dans une Eglife qu'ils ont anathematisée.

Car il faut neceffairement que cette Eglife anathematisée l'ait été ou injuftement ou justement. Si c'eft injustement, il eft clair qu'ils n'ont point de miffion, puifqu'ils font heretiques, & que l'Eglife Romaine a pu & a dû leur ôter toute jurifdiction.

S'ils pretendent que c'eft avec raison qu'ils s'en font feparez, & qu'ils l'ont anathematisée, il ne s'enfuit pas moins clairement de là que leur miffion est fauffe, puifque l'Eglife Romaine, qui dans cette fupofition feroit une Eglife heretique, n'auroit pu la leur donner,

Car c'eft une maxime conftante dans Les Peres, qu'une Eglife heretique ne peur

peut donner une miffion ni une autori té legitime. De forte que, pretendre que ceux de qui on a reçu l'ordination étoient heretiques; c'eft reconnoître que l'on n'a point d'autorité ni de, miffion.

C'est sur cette raifon qu'eft fondé ce que dit S. Hilaire aux Arriens: Pen- Hilar. l. de Synod. fons un peu ce que le Seigneur jugera bins. de nous, fi nous anathematisons tant' de faints Evêques morts, & ce que nous deviendrons nous-mêmes, fi nous reduiduifons la chose à un tel point qu'il s'enfuit neceffairement, & qu'ils n'ont point été Evêques, & que nous ne le fommes point nous-mêmes, aiant été ordonnez par eux, & étant leurs fucceffeurs. Renonçons donc à l'Epifcopat, puifque nous en avons reçu la charge de gens anathematisez.

Ar. &

S. Athanafe emploïe auffi la même raifon: Comment pouront-ils être eux- Epift. de mêmes Evêques, dit-il, s'il eft vrai Synod. comme ils le pretendent, que ceux dont Selius. ils ont reçu l'Ordination, étoient here- p. 881. tiques?

Ces Peres auroient-ils raifonné de cette forte, s'ils avoient cru poffible ce que les Miniftres pretendent ? N'eufF 3

fent

P.743.

fent-ils pas vu clairement que leur raifonnement étoit facile à renverfer, en difant qu'encore que les Evêques qui défendoient la Confubftantialité euffent été heretiques, ils avoient pu donner neanmoins une miffion legitime, & qu'ainfi les Arriens avoient une veritable miffion, aïant reçu l'Ordination de gens qui avoient eu le pouvoir de da leur donner, quoique leur foi fut défectueufe?

Le Pape Jule fe fonde auffi fur le mêAthan me principe dans la Lettre que S.Atha Аров. з. nafe raporte de lui, pour rejetter l'Ordination d'un certain Pistus qui avoit été Ordonné par Secondus Arrien: Parce, dit-il, qu'il eft impoffible que les Ordinations de Secondus Arrien, aïent lien dans l'Eglife Catholique.

Hieron.

sif.

Et c'eft pourquoi S. Jerôme reconto. La noit comme une maxime constante, qu'un Evêque heretique n'eft plus Evêque, c'eft-à-dire, qu'il n'a plus le pou voir d'en faire la charge, & qu'il est traité par l'Eglife comme laïque. Ce n'eft pas, dit-il, qu'il foit possible que des heretiques demeurent Evêques.

·Cypr.

S. Cyprien de même declare formelep. 5a. lement dans l'Epitre à Antonien, que quand

quand même Novatien auroit été fait Evêque avant fon schisme, il ne pouroit retenir l'Epifcopat en fe feparant du corps de fes freres, & de l'unité de l'Eglife.

Cette doctrine étoit fi conftante, que les Empereurs Gratien, Valentinien, & Theodofe en ont fait une loi expreffe. Car parlant des Evêques heretiques: Ils ont difent-ils, la hardieffe d'enfeigner la foi, eux qui ne l'ont pas, & de créer des Miniftres, eux qui ne le font pas eux-mêmes › NEC miniftros creare qui non funt.

.

Que fi les Peres euffent cru qu'on eût pu raporter l'origine de fa miffion à une Eglife heretique, il eft vifible que l'argument de la fucceffion des Evêques, par laquelle ils ont preffé divers heretiques, eut été entierement vain & fans force, puifqu'il n'y en eût eu aucun qui n'eût pu montrer la fucceffion & l'origine de fon Eglife, en prenant pour les predeceffeurs ceuxmêmes avec lefquels ils avoient fait fchifme, & dont ils condamnoient la doctrine.

Il eft vrai qu'en certaines rencontres, l'Eglife à confervé le rang & la F 4 digni

dignité d'Evêques & de Prêtres à ceux qui aïant été ordonnez parmi les heretiques, rentroient en fa communion, & que l'Eglife d'Afrique a particulierement ufe de cette conduite envers les Donatiftes. Mais cette difcipline eft une marque de l'indulgence de l'Eglife, & non du droit de ceux envers qui elle l'exerçoit. C'étoit une grace qu'elle leur faifoit pour de juftes confiderations, & non une juftice qu'elle leur rendoit. Et en leur accordant cette grace, elle leur donnoit la miffion & l'autorité qu'ils n'avoient pas. Car fi l'Eglife eût reconnu cette autorité dans ces Evêques fchifmatiques ou heretiques qu'elle recevoit, elle auroit été obligée de la reconnoître en tous fans diftinction, & non pas dans quelques-uns feulement,comme elle aprouve le Baptême en tous les heretiques qui en confervent la forme. Cependant elle ne l'a pas fait ; & à l'exception de ceux à qui elle a accordé cette grace pour des raifons particulieres, elle n'a reçu les autres qu'au nombre des laïques, comme il paroit parce que Epift. 51. S. Cyprien dit de Trophime: Sic tamen fufceptus eft Trophimus, ut laicus

commu

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