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Le premier fens eft, qu'il faut fe féparer negativement de toute Societé qui oblige à la profeffion de l'erreur & à pratiquer l'idolâtrie, en ne prenant point de part à ce qui y bleffe la confcience; & ce fens eft très-mal apliqué à l'Eglife Catholique, qui ne fait ni l'un ni l'autre, mais il n'eft pas pas necef faire de l'examiner ici.

L'autre fens eft qu'il faut fe feparer pofitivement de toute Societé qui oblige à un culte idolâtre & à la profeffion de l'erreur ; c'est-à-dire, qu'il faut former une focieté feparée d'elle, établir un nouveau miniftere & de nouveaux Pasteurs, qui ne tirent leur miffion de perfonne. Or cette propofition en ce fens eft entierement fauffe, parce que l'ufurpation du miniftere eft criminelle par elle-même, & ne peut être juftifiée par la pretenduë idolâtrie de la focieté dont on fe fepare.

Qui diroit, par exemple, qu'il eft permis de calomnier toute Societé qui oblige à l'herefie & à un culte idolâtre qu'il eft permis d'en tuer en trahifon les Pasteurs, & d'emploïer pour les exterminer toutes fortes de moïens, avanceroit fans doute une propofition

impie & heretique; parce que les crimes des autres ne donnent jamais droit d'en commettre foi-même; & qu'ainfi encore qu'une Eglife fut heretique, il n'en feroit pas plus permis de la calomnier, & d'emploïer la trahison pour en faire mourir les Pasteurs.

La propofition de Monfieur Daillé eft toute femblable à celle-là, étant enrendue dans fon veritable fens. Car en l'apliquant à la matiere dont il s'agit, elle fignifie qu'il eft permis de fe fepa rer pofitivement de toute Eglife qu'on croit idolâtre en ufurpant le miniftere, & en formant une nouvelle focieté : & c'eft ce qu'on ne peut dire fans impieté & fans erreur. Il eft faux que l'Eglife Romaine oblige à la profeffion d'au cune erreur, & à la profeffion d'aucun culte illicite. Mais pour n'entrer pas dans une question qui nous meneroit trop loin, je dis que quand même l'Eglife Romaine feroit heretique & idolâtre (ce qui eft une fupofition impoffible) les Calviniftes n'auroient pas eu droit neanmoins d'établir un nouveau miniftere, ni d'ufurper celui qui eft établi, parce que ces actions font défenduës par elles-mêmes, l'ufurpation de

la

la puiffance paftorale fans miffion étant toujours.criminelle, & ne pouvant être excufée par aucunes circonftances étrangeres.

Car c'est une ufurpation criminelle, que de s'attribuer un don de Dieu que

,

l'on ne peut recevoir que de lui feul, telle qu'est la puiffance paftorale moins qu'on ne foit affuré de l'avoir reçue, & que l'on le puiffe prouver aux

autres.

Or Dieu n'a point revelé que dans le tems de la loi nouvelle, après le premier établissement de l'Eglife, il communiqueroit encore en quelques cas extraordinaires fa puiffance pastorale par une autre voie que par la fucceffion legitime.

Et par confequent perfonne ne fe pouvant affurer de l'avoir reçue hors de cette fucceffion legitime, tous ceux qui fe la font attribuée, font notoirement ufurpateurs.

C'eft donc en vain que les Calvinikes difent que leur confcience ne leur a pu permettre de demeurer unis aux Catholiques, en fe cachant fous ce terme équivoque d'union. Leur confcience ne les pouvoit empêcher tout

au

au plus que de prendre part à certaines actions que leurs faux principes leur faifoient regarder comme criminelles : mais elle ne les engageoit nullement à tous les excès aufquels ils fe font portez. S'il étoit vrai qu'ils ne puffent, fans. la trahir, rendre l'honneur que l'on rend aux Saints & à leurs reliques, ils fe devoient contenter de ne le dre. Mais il ne s'enfuit pas de là qu'ils dûffent entreprendre de faire un corps à part, ni fe ranger fous de faux Pa

pas ren

fteurs & de faux Miniftres, ni anathematifer par ces Miniftres fans pouvoir, l'Eglife qui les avoit engendrez à JESUS-CHRIST. C'eft de cette forte de feparation dont on les accufe. C'est le fchifme que l'on leur reproche, & dont ils ne peuvent fe juftifier en alleguant que s'ils avoient agi autrement, ils auroient trahi leur confcience. Car il n'y a aucun principe de confcience qui autorife ces actions. Et au contraire, la raifon & la confcience les condamnent.

Mais ce qui n'étoit nullement neceffaire pour fatisfaire à leur confcience, étoit neceffaire à leur fureté. Ils ont eu peur d'être oprimez s'ils ne s'uniffoient en un corps ; & comme ils ne vouloient

pas

pas fouffrir, & que l'exemple des premiers Chretiens n'étoit nullement à leur goûr, ils n'ont pas regardé de fi près à ce qui leur étoit permis ou ce qui ne l'étoit pas, & pour le mettre en état de refifter à ceux qu'ils regardent comme leurs ennemis, ils ont formé une Societé feparée, en prenant de faux pretextes de conscience pour colorer une conduite qui n'avoit point d'autre fondement que leur interêr & leur teme

rité.

Mais quoi, dira-t-on, fi l'Eglife vifible étoit veritablement tombée dans l'erreur, comme nous fupofons qu'il eft poffible qu'elle y tombe; fi elle chaffoit de fon fein les vrais fideles ; fi elle les perfecutoit, faut-il que ces vrais fi deles foient privez de tout culte exterieur de Religion? Faut-il qu'ils laisfent perir l'Eglife avec eux, puifque nous fupofons qu'elle refide en eux feuls? N'eft-il pas contre la providence divine que les feuls veritables adorateurs de Dieu, les feuls heritiers du ciel ne puiffent former une Eglife dans la terre, & que Dieu ne leur ait pas laiffé de moïen de pourvoir à un fi étrange inconvenient?

Je

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