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Je répons en effet que cet inconve nient est très-grand, mais qu'il n'est neceffaire que Dieu y ait pourvu par des remedes, parce qu'il a refolu d'empêcher qu'il n'arrive jamais; en confervant toujours dans fon Eglife le vrai miniftere; de forte qu'il ne peut jamais être neceffaire de le retablir & que c'eft même une marque certaine que cet inconvenient ne peut arriver, de ce que Dieu n'y a pourvu par au cun remede. C'eft pourquoi au-lieu que les Miniftres concluent, en fupofant que l'Eglife vifible peut tomber en ruine, qu'il faut avoir recours à ce pretendu remede, qui est l'établissement d'un nouveau miniftere, ils devroient con→ clure au contraire de ce que l'Ecriture & toute la tradition de l'Eglife n'ou→ vrent aucune voie, & ne donnent aucun pouvoir aux hommes d'établir un nouveau miniftere, qu'il faut que le miniftere établi par JESUS-CHRIST & par les Apôtres fubfifte jufqu'à la fin des fiecles. Ils doivent croire que Dieu eft plus fage qu'eux ; qu'il a plus d'amour & de zele pour fon Eglife; & qu'ainfi puifqu'il n'a point donné aux hommes l'autorité & le pouvoir de re

medier à un fi grand mal par le moïen que leur efprit leur fuggere, c'eft un figne que ce mal ne doit jamais arriver. Mais fi l'attache qu'ils ont à leurs fentimens les empêche de demeurer d'accord de cette confequence, ils devroient plutôt conclure, qu'il faut que ces pretendus vrais fideles demeurent en cet état fans Pafteurs & fans culte exterieur, & qu'ils attendent que Dieu en fufcitât extraordinairement & avec des marques visibles de miffion, que de les porter à ufurper eux-mêmes le droit de créer des Miniftres & des Pasteurs," & de leur donner le pouvoir de gouver ner les Eglifes, & d'adminiftrer les Sacremens.Car il eft clair, comme nous avons dit, que ce pouvoir dependant de Dieu, c'eft une temerité criminelle aux hommes que de fe l'attribuer fans l'autorité expreffe de l'Ecriture, & contre celle de toute la tradition de l'Eglife.

Cette verité eft fi conforme à la vraïe raifon, qu'il y en a eu parmi les heretiques mêmes que leur confcience a obligé d'en demeurer d'accord, & de fe mocquer du pretendu rétablissement de l'Eglife que les Réformateurs ont voulu faire. G C'é

C'étoit le fentiment d'un certain Radecius, à qui Socin a écrit une longue lettre fur cette matiere. Car quoiqu'il fupofât avec tous les hereriques de ces derniers tems, que l'Eglife étoit tombée en ruine, il en concluoit neanmoins que pour la rétablir, il falloit attendre que Dieu excitât une ou plufieurs perfonnes qui confirmaffent leur miffion par les mêmes fignes, prodiges & miracles qui avoient paru dans le premier Socinus établiffement de l'Eglife. Poft collapEpift. 3. ad Rade. fum externa Ecclefia ftatum neceffe effe ad eumdem erigendum, ut aliquis, vel aliqui divinitus excitentur; ita ut fignis id eft prodrgiis, feu miraculis manifeftis id appareat, ac cœlitùs confirmetur, quemadmodum anteà factum eft cum primum is ftatus erectus fuit.

tium.

L'on voit par la même lettre que Puccius, un autre ami de Socin, avoir été de ce même fentiment, & que ce fut ce qui le porta à fe reunir avec l'Eglife Romaine; parce qu'il reconnut d'une part, que cette attente d'un rétabliffèment miraculeux de l'Eglife étoit vain, & qu'il étoit juftement perfuadé de l'autre, qu'il n'y avoit que cette feule voie pour l'établir aucas qu'el

le

le fut perie. Ce qui lui donna lieu de conclure très-fagement, qu'il valoit mieux croire qu'elle n'étoit point effectivement perie.

Il est vrai que Socin entreprend dans cette lettre de combattre cette opinion, mais il ne le fait que par des raifons que les Miniftres mêmes ne fauroient aprou ver. Car il pretend, par exemple, qu'il n'eft point neceffaire que Dieu excite miraculeusement des gens pour apren dre aux fideles à difcerner la verité de l'erreur dans les dogmes difputez entre les Chretiens; non qu'il croie que ce difcernement foit facile, & que tout le monde foit capable de le faire, mais parce qu'il fupofe que pour être fauvé, il fuffit d'accomplir les preceptes de J. C. & que la vraie foi des mysteres fpeculatifs n'y eft point neceffaire. Il foutient de même que des fideles peuvent d'eux-mêmes celebrer la Cene, parce qu'il fupofe que ce n'eft qu'une ceremonie qui n'a point de miniftre particulier. Enfin comme il permet à tout le monde de prêcher, pourvû qu'il le puiffe faire, il ne trouve point d'inconvenient que des particuliers s'érigent en Pasteurs & affemblent des Eglifes. G 2 Mais

pas

Mais comme les Calviniftes proteftent de rejetter tous ces damnables principes, ils ne doivent foutenir la même conclufion que Socin en tire, puifqu'elle ne fe peut foutenir fans ces principes; & ils font obligez de reconnoître ou avec Radecius, que fi l'Eglife étoit tombée en ruine, comme ils le pretendent, il faudroit attendre que Dieu la relevât lui-même par des Prophetes & des Apôtres miraculeux qu'il envoïeroit; ou avec Puccius, que cette attente étant chimerique, il faut reconnoître que Eglife n'est jamais perie, & que comme il n'eft jamais permis,il n'eft auffi jamais neceffaire d'établir un nouveau miniftere dans l'Eglife.

C

Que les Miniftres donc qui empruntent du feur Daillé ce raifonnement touchant le schifine, n'efperent pas de s'échaper par ce principe captieux & équivoque qu'il eft permis de fe feparer d'une Eglife heretique, & qu'ils ne pretendent pas par là avoir éludé la conviction de leur fchifme. Il est faux que l'Eglifé Romaine foit dans l'erreur. Il eft faux qu'elle y engage les autres. Il est faux qu'elle pratique & falle pratiquer des cultes idolâtres.

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