me dit l'Apôtre; & il est évident par là que celui qui n'eft pas membre de JesusChrift, ne peut parvenir au falut.

Il pretend donc les convaincre qu'ils font hors de l'Eglife, hors laquelle il n'y a point de falut. Cependant fi par cette Eglife il avoit entendu l'Eglife des predeftinez, qu'y auroit-il eu de plus ridicule que tous ces raifonnemens? Car comment, par exemple, auroit-il pu reprocher aux Donatistes comme une chofe claire, qu'ils s'étoient feparez de la compagnie des predeftinez, eux qui croïoient être les feuls juftes & les feuls piedeftinez de toute la terre, & qui s'imaginoient, comme dit S. Auguftin, Qu'ils étoient ce petit De unit. nombre qui entroient par la porte étroite Excl. c. 1. dans le Roiaume des Cieux? ISTOS paucos Donatifta fe putant effe ; & ideò dicunt periffe orbem terrarum, se autem in hac paucitate quam DOMINUS

LAUDAVIT

REMAN SISSE.

On ne tire jamais des argumens & des preuves que des chofes ou avouées, ou claires par elles-mêmes, ou prouvées d'ailleurs.Orles Donatiftes n'avouoient pas fans doute qu'ils fuflent retirez de la compagnie des predeftinez. Cela n'é

toit pas non plus clair par foi-même. Et enfin non seulnment les Peres ne l'ont pas prouvé, mais il eft même impoffible de prouver d'aucun en particulier, qu'il ne foit pas de la compagnie des predef tinez. C'auroit donc été un renversement vifible de la raifon & du fens commun, de le fupofer comme un principe certain, & d'emploier cette feparation de l'Eglife des predeftinez, comme une raifon capable de toucher & de convertir les Donatiftes.

Cette pretention est si abfurde, qu'elle eft même contradictoire dans les termes, parce que cette compagnie invifible des predeftinez eft de telle nature, que ceux qui en font ne s'en separent jamais, & ceux qui n'en font pas n'y ont jamais été unis & ne le peuvent jamais être. Or la feparation & le fchifme enferme une union precedente. Car on ne fepare que les chofes unies. Ily

auroit donc eu une contradiction vifible de reprocher aux Donatiftes qu'ils s'étoient feparez de la compagnie des predeftinez, puifque ce reproche fupofe qu'ils y avoient autrefois éte unis, & que cette union fupofée, il s'enfuit qu'ils ne s'en pouroient jamais feparer.

Je

Je ne m'arrêterai donc pas davantage à refuter cette opinion, parce qu'il femble que les Calviniftes l'abandonnent, & qu'après l'avoir avancée au hafard pour amufer ceux qui ont l'efprit affez foible pour en être éblouis, ils ont recours à une autre solution pour les perfonnes plus intelligentes qui ne fe paient pas de raifon de cette forte.

ais Card

du Per

Du Moulin exprime cette autre folution en ces termes : Voici donc en Repense quel fens cette propofition, (que hors l'Eglife il n'y a point de falut,) eft ve- ron. c. 7. ritable; c'est que celui-là ne peut être fauvé qui par profanité, ou par erreur au fondement de la foi, fe fepare de l'a communion des fidéles pour vivre à fa fantaisie & n'être plus membre de l'Eglife...... C'est en ce sens que S. S. Cyprien an Livre de l'Unité de l'Eglife, dit que celui-là n'a point Dieu pour peve qui n'a point l'Eglife pour mere. Car il parle des fchifmatiques qui par orgueil meprifant la communion de l'Eglife ortodoxe, fe font auteurs de diffenfions & de rupture en l'Eglife.

C'eft auffi aparemment ce que te Daillé Sieur Daillé a voulu dire par ces paro- dans fa les dans fa Reponse à Cottibi: Ce que M. Comi

Reponse à

le Sieur Cottibi ajoute de S. Auguftin qu'il faut demeurer en l'Eglife, eft vrai, mais entendu au fens de l' Auteur, qui parle de la vraie Eglife univerfelle de Jefus-Chrift, dont nous ne fommes pas fortis, Dien nous en garde, & non de l'Eglife particuliere de Rome » qui nous a chaßez, bannis & perfecutez

Pour penetrer l'illufion de cette Reponse, il faut favoir, 1. Que par cette Eglife universelle visible, les Miniftres entendent toutes les Eglifes ortodoxes qui font liées entr'elles de communion, & qu'ils font confifter le schisme à fe feparer de cette Eglife ortodoxe, ou par erreur, ou par profanité, c'eft-adire, aparemment par un caprice profane, par un pretexte frivole, tel que celui que les Donatiftes prirent de l'ordination de Cecilien, qu'ils pretendoient être illegitime.

2. Que les Miniftres ne reconnoiffent pour marque effentielle de l'Eglife, que la pureré de la foi, c'eft-à-dire, la creance ortodoxe.

3. Qu'ils fupofent que la plus grande partie de l'Eglife vifible peut tomber dans l'erreur, & que l'Eglife ortodoxe peut être reduite à un petit nombre de perfonnes.

Cela

Cela fupofé, il eft vrai qu'on ne fauLoit convaincre un homme de fchifme precifement, pour s'être feparé de quelque grande Societé, ou d'une Societé plus nombreuse que celle où il s'eft rangé, fi l'on n'y ajoute que cette grande Societé étoit ortodoxe, & qu'il s'en eft feparé par erreur, ou par un efprit profane. Et par là voilà encore l'examen du fchifme remis après celui des dogmes particuliers, ce qui eft le but & l'intention des Miniftres.

Mais parce que les Peres ont raifonné fur d'autres principes, ils nous ont donné moïen de convaincre les Calviniftes de fchifme, fans entrer dans les difcuffions de ces dogmes qu'ils veulent brouiller artificieufement avec cette matiere du schisme.

On le peut faire par diverfes voies qui font toutes bonnes; comme en montrant que l'Eglife Romaine eft cette Eglife hors laquelle iln'y a point de falut, c'est-à-dire, la vraie Eglife. D'où il s'enfuit que s'en étant feparez, ils font fchifmatiques. Mais parce que je n'ai pas deffein de faire ici un Traité entier de l'Eglife, mais feulement de les convaincre de fchifme, fans entrer

encore