plus grande & la plus füre lumiere que les hommes puiffent avoir: & ceux qui font occupez de cette recherche, de-vroient defirer, s'il étoit poffible, de réunir en eux-mêmes tout ce que les autres en ont. Or c'eft proprement ce que fait la voie de l'autorité. Car elle prête & communique aux plus fimples & aux moins éclairez des Chrêtiens, la plus fûre & la plus grande lumière qui foit au monde, qui eft celle de toute l'Eglife Catholique; & par là quelques petits qu'ils foient en eux-mêmes, elle: les met beaucoup au-deffus de tous ceux qui voudroient fe conduire dans ce choix par la feule lumiere de leurefprit..

foi

Cette Eglife toute entiere régle fá par l'Ecriture & par la tradition, qu'elle a foin de confulter quand il s'elève des nouveautez; & les fimples qui font incapables de faire cet examen par eux-mêmes, le font ainfi bien plus fûrement en fe repofant fur celui que fait l'Eglife par le corps de fes Pasteurs.

Cette conduite eft fi raifonnable &. fi pleine de fageffe, qu'elle donne fujer de faire à l'avantage de l'Eglife Catholique, le même raifonnement qu'Ori

gene

gene fait dans fon Livre contre Celle, Lib. pour préferer la Religion Chrétienne en general à toutes les fectes des Philofophes. Car comme ce favant Auteur prétend avec raifon, que c'eft une des marques de la vérité du Chriftianifme, de ce que l'on n'entreprend pas d'y dé-livrer les hommes de leurs erreurs par un examen philofophique de toutes les veritez que l'on y enfeigne, mais par la foi de ces véritez que l'on y commande; de même on a fujet de prendrepour une marque que l'Eglife Catholique eft la vraie Eglife, cette voie divine dont elle ufe pour inftruire les Chrétiens de la véritable foi, qui eft celled'une autorité vivante qui ne leur per-met pas de s'égarer dans leurs vains rai-fonnemens, & qui eft la feule qui les puiffe faire demeurer raifonnablement unis dans un même corps de Religion. On est encore confirmé dans cette voïe de foumiffion envers l'Eglife, en aprenant de l'Ecriture même, que l'E-1.adTim, glife eft la colonne & la base de la verité: Ethel 4. Que Dieu l'a pourvûë d'Apôtres, de Pro-11&14. phetes, d'Evangeliftes, de Pasteurs, & 16. 18. de Docteurs, afin que nous ne foïons point Manh. flottans à tout vent de doctrine: Que les

3. 15.

Maub.

18.17.

Que les Ifai. 54% portes 170

id. 60. portes d'enfer ne la furmonteront pas Que quiconque ne l'écoutera point, fera tenu pour payen & pour publicain: Qu'elle jugera toute langue qui lui réfiftera en jugement: Que toute nation & tout reïaume qui ne lui fera point affujetti périra. Ainsi en confiderant cette union parfaite de la raifon & de l'Ecriture, qui nous portent également à nous foûmettre à l'autorité de l'Eglife, on entre fans peine dans cette voïe, comme dans l'unique que Dieu ait deftinée au commun. des hommes pour les conduire au falut.. Et l'on fe lie à l'Eglife par une attache ferme & immobile, en la regardant, felon la parole d'un grand Saint, com-me la maifon de l'unité & de verité. Cyprian. tout enfemble, domicilium unitatis & Ep. 47. veritatis.

C'est ainfi que les Catholiques fe délivrent très-raifonnablement de cette effroyable incertitude que nous avons reprefentée, & qu'ils trouvent un appui folide dans les plus grandes difficultez des mifteres, parce que s'ils fe défient avec raifon de leur propre lumiere, ils n'ont aucun fujet legitime. de fe défier de celle de toute l'Eglife, à laquelle ils font unis..

Ils foûtiennent donc leur foibleffe par fa force, leur inftabilité par fa fermeté. Ils voïent par fes yeux ; ils marehent fur fes pas, & ils fe depoüillent heureusement du foin de leur conduite dans un chemin si difficile, pour fe repofer uniquement fur la fienne.

S'ils font du nombre des fimples, ils fe contentent de favoir les véritez qu'elle leur propofe, & de s'en nourrir. Si Dieu leur donne plus de lumiere & plus de moïen de s'apliquer à la méditation des mifteres, ils s'y apli

quent fans fe départir de cette foûmiffion: & bien-loin qu'en marchant par cette voie ils viennent à fe repentir du choix qu'ils ont fait, ils en connoiffent de plus en plus la néceffité & la juftice par un accroiffement de lumiere, qui fait paffer leur foi en intelligence, & leur foûmiffion en clarté.

Ainfi quelle que foit l'inégalité de leurs lumieres particulieres, ils demeurent justement unis dans une même communion, parce que la lumiere de l'Eglife fur laquelle ils s'apuïent, les. égale tous, & leur donne la même confiance, la même certitude & la même paix.

Mais quelque raifonnable que foit cette voie; quelque conforme qu'elle foit à l'état des hommes dans cette vie; quelque évidente que foit la néceffité qu'ils ont d'y entrer, il s'eft trouvé néanmoins depuis le commencement de l'Eglife grand nombre d'efprits préfomptueux qui l'ont rejettée, qui ont voulu examiner par eux-mêmes les véritez de la foi, qui fe font crûs capables de les difcerner par leur propre recherche, & qui s'étant élevez contre l'Eglife, ont eu la hardieffe de l'accufer d'erreur & de porter les peuples à s'en feparer pour fe joindre à eux. Ce font des Auteurs de fectes & de factions, que S. Auguftin apelle T.7.com- des enfans méchans, qui s'efforcent d'attra Par tirer à eux par la réputation de leur nom, les peuples foibles & crédules, & de former des fectes & des partis; & à qui il reproche d'être enfiez d'orgueil, furieux, & emportez par leur opiniâtreté, trompeurs par leurs calomnies, turbulens par les feditions qu'ils exeitent i filii mali qui infimas piebes jactantia fui nominis irretitas, vel totas trahere, vel certè dividere affe&tant,. Superbia tumidi, pervicaciâ vefani, ca

Auguft.

men. L. 3.

lumniis