a fte qu'à cause de l'Eglife; qu'il n'y a jamais eu moment, & qu'il n'y en aura jamais jusqu'à la fin des fiecles. où l'on puiffe dire avec verité, qu'il n'y a point de veritable Eglife; que Jefus-Chrift, qui ne peut mentir promis d'être avec nous jusqu'à la fin du monde, & de garantir fon EgliSe de la puissance des enfers. On eft bien-aife qu'ils conviennent de toutes ces veritez. Il faut voir feulement comment ils les pourront ajufter avec les accufations outrageufes qu'ils ont formées contre l'Eglife Romaine, comme aïant perdu le titre d'Eglife de J. C. par de pretendues impietez, qui les obligent de croire la même chofe de toutes les communions Orientales. N'ofant donc plus dire que l'Eglife puiffe perir, ils ont crû qu'il valoit mieux faire paffer leur Eglife par certains degrez, qu'ils ont ajuftez le mieux qu'ils ont pu, felon que les hiftoires de ces fiecles leur en ont fourni quelque legere occafion. Ils font de Berenger, durant fon tems, le principal défenfeur de la foi Catholique, & ils ne reconnoiffent pour enfans de l'Eglife que ceux qui lui étoient unis, quoique felon le témoignage des auteurs contemporains, ils n'euffent ni ville, ni aucune bourgade où ils fiffent librement leurs affemblées. Après Berenger, ils trouvent certains heretiques Berengariens, chaffez par Brunon Archevêque de Treves, & un Gerland Sacramentaire, refuté par un Chanoine de Toul. Et voilà leur Eglife Catholique de la fin de l'onzième fiecle. Clun. De là ils paffent aux Petrobufiens, à Petr qui S. Pierre de Cluny, qui écrivoit com r contr'eux de leur tems, & qui diftin-Petr.in Paf gue expreffement les erreurs dont il les accufe, de celles dont il dit qu'il n'étoit pas entierement affuré, impute de n'avoir pas feulement erré fur l'Eucharistie, mais d'avoir nié que le Baptême put fervir aux enfans qui le recevoient avant l'ufage de raifon, c'està-dire, d'avoir été Anabaptiftes ; d'avoir enfeigné qu'il ne falloit point bâtir d'Eglifes; qu'il falloit détruire celles qui étoient bâties: & que bien loin qu'on dut honorer les croix, il falloit au contraire les brifer & les deshonorer, pour venger la mort de J. C. Cependant les Miniftres ne laiffent I 2 pas pas de compofer de ces gens-là leur. Eglife Catholique du douzième fiecle, qui étoit ainfi renfermée dans les lieux où ils enfeignoient, c'eft-à-dire, dans le Languedoc & dans la Gascogne. M. Claude ne craint pas même de dire de Pierre de Bruis, après Aubertin, qu'il fouffrit faintement le martyre pour la foi, parce qu'après avoir brúlé plufieurs croix, il fut lui-même brûlé par le peuple Catholique, qui vengea fes facrileges par fon fuplice, comme le dit Pierre de Cluni. Sur quoi il y auroit lieu de demander à M. Claude, s'il aprouve où n'aprouve pas ces brûlemens de croix.Car s'il les aprouve, il s'opofe aux principaux auteurs de fon parti, qui ont declaré fouvent, qu'ils condamnoient ces actions feditieufes ; & s'il ne les aprouve pas, on le prie de nous dire avec quelle confcience il peut traiter un homme de martyr, pour s'être procuré la mort par des actions criminelles que les Miniftres font obligez euxmêmes de condamner. De Pierre de Bruis M. Claude paffe à Henry fon fucceffeur. Et malgré les miracles que S. Bernard fit pour rame ner ner à l'Eglife les peuples de Languedoc, qu'il avoit feduits, & les crimes & les erreurs dont il l'accufe, fans avoir rien ni de folide ni de vrai-femblable pour l'en juftifier contre le témoignage de S. Bernard, il ne laiffe pas d'en faire le principal apui de fon Eglife Catholique, renfermée dans le Languedoc & dans la Gafcogne. Il lui joint feulement encore Arnauld de Breffe, dont il croit qu'il fuffit de raporter le fuplice pour en faire un martyr, fans fe mettre en peine de le défendre des erreurs qui lui font attribuées par les auteurs contemporains, & entr'autres de l'Anabaptifine, dont il eft auffi bien accufé par Othon de Frifingue, que d'avoir erré fur le Sacrement de l'Autel. Mais la regle que ces Meffieurs fuivent pour difcerner la verité de l'erreur dans les Hiftoriens, eft de prendre pour vrai ce qu'ils croient leur être avantageux, & pour faux tout ce qui leur eft contraire. De forte que dès-là qu'on attribuë à quelqu'un quelque opinion conforme à leur fentiment, ils croient avoir droit de conclure qu'il eft fauffement accufé de toutes les autres erreurs dont il est chargé par les mêmes perfonnes. Les Albigeois & les Vaudois font ceux qui fuccedent aux Henriciens dans la tradition des Miniftres ; & il plaît à M. Claude de les confondre, & de les juftifier de quantité d'erreurs, qui leur font imputées par plufieurs de ceux qui ont écrit contr'eux. Comme s'il n'étoit pas auffi poffible que ceux qui les en juftifient fe trompent & aïent été mal informez, que ceux qui les en accufent ; & comme fi dans une multitude confufe de fchifmatiques, il ne fe pouvoit pas faire qu'il y en eut de plus & de moins coupables; que les uns fuffent engagez dans une erreur dont les autres fuffent exempts, comme on voit dans l'Angleterre tant de diverfes fectes réunies fous le nom de Non-conformistes. Mais quoiqu'il en foit, l'Eglife Catholique qu'ils compofoient, felon les Miniftres, étoit donc renfermée dans quelque Province de France; d'où aïant été chaffez, ils pafferent aux vallées du Piedmont & du Dauphiné, & les autres en Boëme, où ils fe tinrent cachez, dit Aubertin, pendant plufieurs fiecles. De là, c'est-à-dire, de la fin du 12. fiecle, |