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fiecle, M. Claude paffe à la fin du 14. par une tranfition fi imperceptible qu'on ne s'imagineroit jamais qu'il y eut deux cens ans d'intervalle entre deux. A mefure, dit-il, qu'on exterminoit (les Vaudois) en un lieu, Dien par fa providence en fufeitoit dans un autre Roïaume. Et la preuve qu'il en aporte, eft que Wiclef travailla, ditil, puiffamment fur la fin du 14. fiecle, c'est-à-dire, deux cens ans après à rétablir l'ancienne foi dans l'Angleterre. Je ne m'arrête pas à remarquer en détail toutes les fautes hiftoriques que les Miniftres commettent fur le fujer des Vaudois & des Albigeois, de Wiclef & de Jean Hus, ni la temerité avec laquelle, pour trouver des Calviniftes en leurs perfonnes, ils les juftifient de quantité d'erreurs qu'ils tenoient effectivement, & que les Calviniftes ne tiennent point, & les chargent de quantité d'opinions aufquelles Wiclef & Jean Hus n'ont jamais fongé.

Il n'y a qu'à lire le jugement que Melancthon faifoit de Wiclef, pour juger avec quelle fincerité M. Claude, en fait le défenseur de fon Eglife au 14. fiecle. J'ai dit-il, confulté Vvi- In Epift. clef ad Fride

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ri My clef fur cette controverse. Il broille toutes chofes étrangement. Et j'ai remarqué entre diverfes autres errcurs fur lesquels on peut juger de l'esprit qui l'animoit, qu'il n'a jamais ni connu ni tenu la justice de la foi. Il coxfond l'Evangile & les loix politiques,

il ne voit pas que l'Evangile nous accorde de pouvoir ufer des polices legitimes de toutes les nations, & fostient que les Prêtres ne peuvent posseder rien en propre. Il ne veut pas que l'on paie les decimes à d'autres qu'à ceux qui enfeignent: comme fi l'Evangile défendoit de fuivre les ordonnances politiques. Il parle fur la puiffance civile & temporelle d'une maniere faphistique & feditienfe. Il attaque l'epinion commune de la Cene par de purs fophifmes.

Voilà quel étoit cet homme que M. Claude nous reprefente comme un Reftaurateur de la verité Calvinienne au 14. fiecle. Des perfonnes fort habiles pourront montrer avec étendue combien il s'abufe de même fur le fujet de Jean Hus. Et il n'y a qu'à le renvoïer fur ce fujet au Miniftre qui a fait l'Hiftoire de l'Euchariftie

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qui

prouve fort au long que Jean Hus n'a jamais nié la Tranfubftantiation, & qui' refute ainfi très-folidement ce que M. Claude avance, qu'il établit en Boëme la doctrine de Vviclef, oposée à la Tranfubftantiation. Mais comme l'examen de ces faits nous detourneroit trop de notre fujet ; il fuffit de faire remarquer ici les démarches que nous venons de voir, qu'ils font faire à leur Eglife Catholique. Ils la reprefentent d'abord répandue fous Berenger en divers lieux de France, fans aucune communion vifible. Enfuite elle fe reünit par le moïen de Pierre de Bruis, de Henry & des Vaudois dans le Languedoc, la Gafcogne & le Lyonnois. De là elle fe retire en partie aux vallées de Piedmont & de Dauphiné, en partie en Picardie, & de là en Boëme & en Autriche, où elle eft près de deux cens ans cachée. Enfuite elle renaît en Angleterre & retourne en Boëme où elle fe fixe jufqu'à Luther & Calvin.

Il eft vifible par là que toutes les differences qu'on peut remarquer entre les anciens Donatiftes & ces predeceffeurs des Calviniftes, en ce qui regarde l'étendue par laquelle les Evê

ques

ques d'Afrique ont voulu qu'on diftin guât l'Eglife, font toutes à l'avantage des Donatiftes, & donnent lieu de conclure qu'ils avoient plus de droit de s'attribuer le titre d'Eglife Catholique, que tous ces gens à qui les Calviniftes pretendent avoir fuccedé. Car ils formoient au moins une affez grande Societé, répanduë non dans une partie d'un Roïaume, comme le Languedoc & la Boëme, mais dans plufieurs grandes Provinces de la troifiéme partie du monde qui étoit alors connu.

Ce n'étoient point des troupes de vagabonds, fans Miniftres, fans Evêques. C'étoient des Eglifes reglées, felon la difcipline ancienne, gouvernées par des Evêques, qui s'affembloient quelquefois au nombre de plus de trois cens dans les Conciles. Il y en avoit jufqu'à deux cens feptante-neuf dans la conference de Carthage, quoiqu'ils n'y fuffent pas tous prefens, & qu'il y eût plufieurs Eglifes où l'on n'en avoit point encore élû; & d'autres dont les Evêques étoient malades, & hors d'état de fe mettre en chemin pour s'y trouver. Ce n'étoit point des gens fans ordination & fans fucceffion, qui ufur

paffent

paffent le miniftere en chaffant les legitimes Pafteurs. C'étoient des Evêques ordonnez felon les formes Ecclefiaftiques, qui fuccedoient à d'autres Evêques dans leurs fieges, & qui avoient reçu des Saints & des Martyrs nonfeulement leur miniftere, mais auffi la doctrine de rebaptifer les heretiques, fur laquelle ils étoient en differend avec l'Eglife.

Ainfi il eft certain que tous les argumens par lefquels S. Auguftin & les Evêques d'Afrique ont prouvé que l'Eglife ne pouvoit être parmi les Donatiftes, font encore infiniment plus forts, pour montrer qu'on ne la peut reconnoître, ni dans quelques troupes de Berengariens répandus dans la France fans aucune liaison entr'eux, & fans aucune communion exterieure ; ni dans les Petrobufiens & les Henriciens renfermez dans le Languedoc, ni dans le petit nombre de fectateurs qu'Arnauld de Breffe eut en Italie; ni dans les troupes vagabondes des Albigeois & des Vaudois, tantôt confinées en quelques provinces de France, tantôt réduites à quelques vallées de Piedmont & de Dauphiné, & à quelques endroits de la Boëme.

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