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Si ces grands Evêques donc ont crû que les propheties qui predifent que l'Eglife doit occuper toute l'étendue de la terre, étoient decifives contre les Donatiftes, & montroient manifeftement qu'elle n'étoit donc pas cette focieté refferrée dans la feule Afrique, ils ont crû à plus forte raifon, qu'elle ne pourroit pas être reduite à quelques coins de la Boëme, & à quelques vallées du Diocefe de Turin.

S'ils ont apliqué aux Donatistes cette marque de faux Prophetes, qui diront, felon la prophetie de J. C. tantôt que J. C. eft ici, & tantôt qu'il eft là; aulieu de reconnoître qu'il eft par tout par fon Eglife: on la peut encore apliquer avec plus de raison aux Calvinies, qui renferment le corps de l'Eglife, tantôt en Languedoc & en Gafcogne, tantôt en Picardie, & tantôt en Boëme.

S'ils ont preffé les Donatiftes de montrer qu'ils fuffent liez de communion avec toutes les nations: Oftendite vos communicare omnibus gentibus ; on peut preffer de même M. Claude, de montrer que fon Eglife de Petrobufiens, de Henriciens & de Vaudois, retirez dans

les

les vallées de Dauphiné & de Piedmont, eut communion avec toute la

terre.

S'ils ont dit que la focieté des Dona tiftes ne pouvoit être l'Eglife Catholique, parce que l'Eglife Catholique devoit être plus abondante que la Synagogue, & que l'Eglife des Juifs, aulieu que celle des Donatiftes étoit beaucoup moins nombreufe; on peut preffer les Calvinistes par le même raifonnement,en difant que les Vaudois aïant toujours été en beaucoup moindre nombre que les Juifs, ne pouvoient être l'Eglife qui devoit les furpaffer de beaucoup en nombre.

S'ils ont prononcé anathême contre les Donatiftes, parce qu'ils difoient que l'Eglife étoit perie de toute la terre, & n'étoit reftée que dans l'Afrique : & s'ils leur ont reproché qu'ils annonçoient par là un autre Evangile que celui de J. C. on peut faire le même reproche à ceux qui difent, comme Monfieur Claude, que l'Eglife étant perie de tout le refte du monde, étoit reduite à n'occuper plus vifiblement que quelques vallées de Piedmont & du Dauphiné, & quelques cantons de Boëne.

S'ils

S'ils fe font mocquez des Donatiftes qui relevoient leur petit nombre, & qui blafphemoient la multitude de l'Eglife répandue par tout le monde; on peut traiter de la même forte les Calviniftes, qui fe glorifient de même dans le petit nombre de ces Vaudois.

S'ils ont foutenu contre les Donatiftes, que toutes ces autoritez de l'Ecriture, qui marquent l'étendue de l'Eglife, fe doivent entendre de la fucceffion de tous les tems; & s'ils ont ruiné par là la feule défaite qui reftoit à ces heretiques, qui n'avoient point d'autre moïen d'éluder ces paffages, qu'en difant qu'ils avoient été accomplis dans les premiers tems, mais qu'enfuite l'Eglife étoit perie, & que ces paffages ne reprefentoient pas l'état de l'Eglife dans tous les tems: Nous pouvons nous fervir de l'autorité & des raisons de ces faints Evêques contre les Calviniftes, qui n'ont que la même voie pour fe défendre de ces paffages, & qui difent comme les Donatiftes, qu'ils ne marquent pas l'état perpetuel de l'Eglife.

Si tous les paffages fur lefquels faint
Augu-

'Augustin établit la vifibilité de l'Eglife, détruifent la pretention des Donatiftes, qui la renfermant dans un feul païs, la rendoient inconnue à tout le refte de la terre ; & s'il a eu raifon de dire que la vraïe Eglife eft celle qui n'eft pas connuë en une feule partie de la terre, mais qui eft connue par tout: Ipfa eft ergo qua non aliquà parte terrarum » fed ubique notiffima eft: N'a-t-on pas raifon de dire aux Calviniftes, que leurs Vaudois & leurs Picards ne font pas l'Eglife, parce qu'on ne les connoiffoit qu'en quelques contrées, & de faire ainfi le même raifonnement que S. Auguftin fait contre les Donatiftes dans le fecond livre contre Petilien, chap. 32. Nota eft Ecclefia omnibus gentibus: Pars autem Donati, Petri Brufii, Henrici ignota eft pluribus gentibus. Non eft ergo ipfa. L'Eglife est connue de toutes les nations. Le parti de Donat, de Pierre de Bruis, de Henry, eft inconnu à la plûpart des nations. Ce n'eft donc pas l'Eglife?

Enfin il eft clair qu'il faut renverfer tous les principes de ces Peres, & accufer tous leurs raifonnemens de paralogifmes, pour empêcher qu'on n'en

concluë

concluë que tous ceux dont les Calviniftes pretendent être les fucceffeurs, n'étoient point l'Eglife de J. C. & cette Eglife hors laquelle il n'y a point de falut.

Que s'ils n'étoient point l'Eglife, il eft clair qu'ils en étoient feparez, & qu'il y avoit une autre Eglife que leur focieté, à qui ces marques, qui ne leur convenoient pas, étoient propres. Car il est également certain, dans la doctrine des Peres, que toute focieté renfermée dans quelque contrée particuliere n'eft pas l'Eglife, & que l'Eglife fera toujours répandue dans la plupart des nations, & y fubfiftera jufqu'à la fin du monde. Je n'ai pas befoin de déterminer quelle étoit cette Eglife du tems des Henriciens & des Vaudois, ni de faire voir qu'il n'y a que l'Eglife Romaine en qui l'on puiffe reconnoître cette marque. Il me fuffit que les Henriciens & les Vaudois en étoient feparez, telle qu'elle fut, & par confequent qu'ils étoient effectivement fchifmatiques, & hors d'état de falut.

Or fi la focieté des Henriciens & des Vaudois étoit une focieté de fchifmatiques,

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