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ce, fans aucune lumiere du fens commun, qui bien loin d'avoir quelques marques de l'Esprit de Dieu, n'a jamais feu ni pratiqué aucun des devoirs de la civilité des hommes. Il paroiffoit en lui des marques évidentes d'impieté. Toute fa doctrine étoit on fudaïque, ou feditienfe. Il condamnoit toutes les loix faites par les Païens. Il vouloit qu'on jugeât felon la Loi de Moife, parce qu'il ne connoissoit point la nature de la liberté chrétienne. Il embraffa la doctrine fanatique des Anabaptiftes auffitôt que Nicolas Storce commença de la femer dans l'Allemagne. A quoi il ajoûte, qu'une bonne partie de l'Allemagne peut rendre temoignage qu'il ne dit rien en cela que de veritable.

la

Cet étrange Apôtre ne fe contentant donc pas des nouveautez de Luther, crut fe devoir fignaler en attaquant doctrine de la prefence réelle & de la tranfubftantiation. Mais comme elle étoit établie par ces paroles de JESUSCHRIST: Ceci est mon corps, entenduës alors uniformement par toute l'Eglife dans le fens de realité, il ne trouve point d'autre moïen de les éluder, que d'inventer la plus extravagante exK 2 plica

plication qui ait jamais été proposée) qui eft, difoit-il, que JESUS-CHRIST en prononçant le mot de Ceci, n'avoit point défigné ni montré ce qu'il tenoit en fes mains, mais qu'il avoit montré fon corps même, & qu'ainfi le fens de ces paroles étoit Ceci c'eft-à-dire, ce corps, qui eft uni à mon ame, est mon corps.

Voilà la premiere forme fous laquelle l'opinion des Sacramentaires parut en ce fiecle-là, & le premier Auteur qui l'y ait renouvellée. Et on peut juger par l'un & par l'autre, s'il eft plus probable que ce fût une revelation du Pere des lumieres, qu'une invention de l'efprit d'erreur.

Il eft certain au moins que depuis l'établissement de l'Eglife, jamais Dieu ne s'étoit fervi d'un tel inftrument. Auffi les Calvinistes ont trouvé depuis fon explication fi peu raifonnable, qu'ils l'ont toute abandonnée, en avouant que les paroles de JESUS-CHRIST ne pouvoient fouffrir le fens qu'il leur donnoit. Et c'eft pourquoi ils raportent d'ordinaire la gloire du renouvellement de leur doctrine Sacramentaire à Zuingle, qui ne la publia que cinq ans

après

après Carloftad, dont la vie & l'efprit leur fait un peu de honte.

C'est ce qui m'oblige de décrire un peu plus exactement les progrès de Zuingle, & de quelle forte il forma une Societé fchifmatique, qu'il porta» enfuite à embraffer la doctrine Sacramentaire, comme le fceau de fa revolte & de fon fchifme.

Car il ne faut pas s'imaginer que Zuingle l'ait commencé en attaquant d'abord la doctrine de la prefence réelle & de la tranfubftantiation, ce fut au contraire fa derniere entreprise contre l'Eglife Romaine; & fon fchifme étoit déja tout formé, & fondé fur plufieurs autres opinions qu'il avoit publiées par divers degrez, avant qu'il eût paflé jufqu'à ce dernier qui en fut le

comble.

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Hofpinien dit qu'il commença d'a- Hofin. bord à prêcher à Glaronne ; que de para. Glaronne il vint à une Eglife apellée l'Hermitage; & de là à Zurich, dont il fut fait principal Pafteur: que quand il y fut établi, il attaqua les Indulgences comme Luther; qu'enfuite il paffa à d'autres articles, & qu'aïant trouvé de la difpofition dans les peuples & K3 dans

dans les Magiftrats, il répandit fes nouvelles opinions dans l'efprit d'une trèsgrande partie de cette ville, & des villages voifins durant l'efpace de quatre ans, c'est-à-dire, depuis le commencement de Janvier de l'année 1519. jusqu'au commencement de l'année 1523.

Mais il eft certain que ces opinions "ne regardoient encore que l'intercef fion & l'invocation des Saints, le Sacrifice de la Meffe, le celibat des Prêtres, les loix Ecclefiaftiques, & principalement celle de l'abftinence des viandes,

Pour le point de la prefence réelle & de l'adoration de l'Hoftie, il n'en parloit pas encore, quoiqu'il marque dans fes œuvres que dès ce tems-là il étoit perfuadé dans le cœur, que JESUSCHRIST n'étoit point réellement prefent dans l'Euchariftie.

Or comme il eft difficile de croire que durant ce tems-là il ne dît point la Meffe, qu'il n'y affiftât point, qu'il n'ait point adminiftré le Saint Sacrement, qu'il ne fe foit point trouvé avec ceux qui l'adotoient, & qu'il ne fit pas les mêmes actions qui fe pratiquoient par les autres; on voudroit bien favoir quel jugement les Miniftres portent de

fa

fa conduite durant ces premieres années. Car felon tous leurs principes ils la doivent condamner, puifqu'il étoit auffi peu permis à Zuingle de participer à ce culte, qu'il l'eft prefentement aux Calviniftes; & qu'ils pretendent que cela leur eft tellement défendu, qu'ils alleguent l'obligation qu'ils ont,difentils, de n'y prendre point de part, comme la principale raison de leur separa

tion.

Ainfi Zuingle demeurant uni de communion avec des gens qui adoroient l'Euchariftie, contribuant à cette adoration par fon miniftere, & fe trouvant dans leurs affemblées, le tendoit coupable de tous les crimes que les Calviniftes aprehendent de commettre en demeurant unis à l'Eglife. Il trahiffoit tous les jours fa confcience, il commettoit tous les jours une idolatrie criminelle. Et c'eft dans cet état que les Calviniftes pretendent que Dieu s'eft fervi de lui pour le plus grand ouvrage qui fut jamais, qui eft la reformation des erreurs de tous les Peres.

Aïant donc difpofsé les efprits durant ces quatre ans, il crut qu'il étoit assez fort pour faire établir fes opinions par

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l'auto

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