ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub
[ocr errors]

C 15.

nent pour fujet de fcandale des ceremonies pratiquéès par toute l'antiquité, puifque les Miniftres l'avoient de la plupart de celles que l'Eglife obferve dans le Bâtême, & que Calvin le reconnoit en termes formels en condamnant l'ancienne Eglife, par ces pa- calvis. roles infolentes: Comme fi c'eût été Inft. l. 4. une chofe contemptible & de petite va-6.19. leur de bâtifer en eau felon le precepte de fefus-Chrift, on a controuvé une benediction folemnelle, ou plutôt une conjuration & enchantement pour polluer la vraie confecration de l'eau, On a depuis ajoûté le cierge avec le crême. Il a femblé que le fouffle pour conjurer le diable onvroit la porte au Bâtême. Or combien que je n'ignore pas combien l'origine de ces fatras étranges eft ancienne, toutefois il nous eft licite de refetter tout ce que les hommes ont ofe ajoûter à l'inftitution de Jefus-Chrift. Au refte le diable voïant que fes tromperies avoient été dès le commencement de l'Evangile fi aifement reçues & fans difficulté par la folle crédulité du monde, s'eft enhardi à fe deborder en des mocqueries plus lourdes. Et de là est venu leur fel, leur crashat, & tels ba

dinages, qui ont été mis en avant avec une horrible licence, & oprobre, & vitupère du Bâtême.

Il eft donc vifible que fi ces premiers Calviniftes ne purent fouffrir que l'enfant de ce Gentilhomme fût bâtifé dans l'Eglife Romaine avec ces ceremonies, ils n'auroient pu fouffrir non plus qu'il eût été bâtifé par l'Eglife du tems de S. Ambroife, de S. Auguftin & de S. Cyrille, puifqu'elle bâtifoit avec les mêmes ceremonies, & qu'ainfi ils auroient été auffi-bien fcandalifez de l'ancienne Eglife, qu'ils l'étoient de l'Eglife Romaine, de leur tems.

Mais ces temeraires laïques n'en demeurerent pas dans les termes d'un fimple scandale,d'une fimple improbation, ni même d'une fimple feparation de cette Eglife. Ils pafferent plus avant. Ils éleverent autel contre autel. Ils établirent un nouveau miniftere fans fucceffion. Et par un attentat inoiii, ils ufurperent le pouvoir des Evêques en creant un Pasteur, à qui ils pretendirent donner le pouvoir d'adminiftrer les Sacremens, fans fe fervir même de l'impofition des mains, que l'Eglife a toujours pratiqué dans l'ordination de fes Miniftres.

Que

Que l'on juge maintenant ce que l'on doit penfer de gens qui ont agi de la forte dans l'établiffement même de leur Eglife, & fi l'on peut efperer de trouver des lumieres bien pures dans la doarine de ceux qui n'ont fait paroître dans leur conduite qu'une temerité fi aveugle & fi inconfiderée.

CHAPITRE XI.

Que l'efprit de calomnie & d'injustice qui paroit dans les pretendus Reformateurs merite qu'on les rejette fans les écouter.

Q

,

UELQUE idée qu'il ait plû aux pretendus Reformateurs de fe former des abus & des erreurs de l'Eglife Romaine, il eft certain neanmoins felon la raifon & felon la foi, qu'étant nez, & aïant été élevez dans cette Eglife, & aïant reçû d'elle les Sacremens & le depôt de l'Ecriture, ils devoient conferver pour elle un amour & un respect tout particulier. Elle ne leur devoit pas être moins chere, parce qu'elle leur paroiffoit défigurée; & fes maux ne les L 6 de

[ocr errors]

devoient porter qu'à redoubler leurs prieres pour elle, afin qu'il plût à Dieu de lui rendre fon premier éclat & fa premiere beauté. Si les plaïes qu'ils s'imaginoient de voir en elle, blessoient leur cœur, ce devoit être une bleffure de charité & de compaflion, & non d'averfion & de haine; & s'ils formoient le defir d'y remedier, ce deffein devoit être au moins accompagné d'un defir fincere de conferver ce qu'elle avoit encore de bon, & non d'une paffion maligne d'augmenter fes maux & & de la detruire entierement.

Quoique la Synagogue Judaïque fût la meurtriere de Jefus-Chrift, & l'ennemi de fon Eglife; quoiqu'elle fûr pleine d'erreurs, & qu'elle dût être changée & abolie, néanmoins la naiffance que faint Paul y avoit prife, & les graces fingulieres qu'elle avoit autrefois reçues de Dieu, donnerent à ce grand Apôtre tant de zele pour fon falut, & tant de douleur de fa perte, que la violence de fes mouvemens l'a porté prononcer cette étonnante parole: Qu'il eût voulu être anatheme pour fes freres felon la chair.

L'Eglife Romaine ne devoit pas fans

doute

doute être moins venerable aux prétendus Réformateurs, puifqu'elle n'avoit pas reçu de moindres faveurs de Dieu, & qu'ils ne lui avoient pas de moindres obligations. Elle n'étoit pas feulement dépofitaire des Ecritures, mais auffi du miniftere Evangelique. Ils ne lui devoient pas feulement leur naiffance temporelle, mais auffi leur renaiflance fpirituelle. Ils étoient donc obligez d'avoir au moins pour elle les mêmes fentimens de zele & de tendref

fe que faint Paul avoit pour la Synagogue; & quelque idée qu'ils fe fuffent formée de fes defordres, ils ne devoient point perdre le refpect envers fes chefs, ni les traiter avec infolence & avec outrage.

Cependant tous les difcours & tous les écrits de ces Réformateurs ne refpirent qu'une malignité fi noire, & une haine fi implacable contre l'Eglife Romaine; & cet efprit eft fi vifible, que je in'étonne comment des perfonnes tant foit peu équitables le peuvent fouffrir, & n'en concluent pas, comme la raifon les y oblige, qu'il eft impoffible qu'ils ayent été faits par l'Efprit de

Dieu.

« ÀÌÀü°è¼Ó »